Une extension de l’informatique vers les équipements : Jini
9 novembre 1998
On évoque souvent un futur où chacun disposerait de plusieurs
appareils communiquants, insérés dans son habillement par exemple, ou bien dans le
réseau d’appareils ménagers à son domicile.
Mais avec quel langage, selon quel protocole fera-t-on
communiquer ces appareils ?
Sun répond à cette question avec le langage Jini qui
représenterait, dans le domaine des communications entre appareils divers, une innovation
peut-être plus importante que celle apportée par Java au monde des ordinateurs.
Il est intéressant d’examiner Jini à
l’adresse :
http://www.java.sun.com/products/jini/
Voici quelques indications, librement traduites d’un
message de David Bennahum que l’on peut lire en entier à l’adresse :
http://memex.org/meme4-04.html
***
Jini est une architecture logicielle pour environnements de
haute connectivité. Sa première version est prévue au printemps prochain.
En langage courant, Jini va permettre à diverses sortes
d’appareils - téléphones mobiles, imprimantes laser, thermostats, PC, automobiles -
de communiquer et partager de l’information.
Ainsi, un thermostat Jini pourrait être connecté à votre PC
domestique, puis via l’Internet à votre PC au bureau. S’il fait mauvais, vous
pourrez lancer le chauffage 30 minutes avant de revenir du bureau, et ainsi trouver une
température agréable chez vous sans que le chauffage ait tourné toute la journée. Si
un appareil ménager est en panne, ils pourra envoyer un diagnostic à une entreprise de
service et indiquer la liste des pièces dont il a besoin, de sorte que la réparation
soit rapide et efficace.
L’astuce, c’est que les divers appareils n’ont
pas besoin d’être programmés pour se parler : lorsqu’ils entrent en
communication, ils se reconnaissent à la façon des télécopieurs
(" handshake ") avant de communiquer.
Jini fonctionne donc comme un service de transcodage entre tous
les appareils dotés d’une puce et d’un port de communication : deux
applications qui veulent communiquer utilisent Jini pour trouver le protocole qui le leur
permettra. Ces protocoles, écrits par ceux qui créent l’application, peuvent être
stockés par Sun sur l’Internet où il est facile de les trouver. Ainsi, si l’on
connecte un téléphone mobile Jini avec une imprimante Jini, le téléphone peut envoyer
la liste des adresses qu’il contient et la faire imprimer sur papier sans avoir
besoin d’une interface spéciale.
Le transcodage est analogue à la façon dont un Internet Domain
Name Server traduit une suite de lettres (par exemple www.sun.com)
en une suite de nombres conformes au protocole IP (192.9.49.33).
Jini est permis par l’ubiquité de l’Internet et par
la diffusion de Java. Bill Joy, DG de Sun Microsystems, dit que Jini pourra être
installé " sur une agrafeuse, sur une chaussure de tennis ", bref sur
n’importe quoi. Un logo " Jini inside ", analogue au
" Intel inside " de 1995, sera mis sur les réfrigérateurs, les
voitures, les chaînes Hi Fi etc. Sun n’a pas l’intention de déterminer le type
de logiciel qui peut être développé avec Jini, ni de demander un paiement pour les
licences (si ce n’est de petites royalties pour protéger la marque) : ses
revenus viendront de la construction de " services réseau "
s’appuyant sur Jini.
Sun essaie de refaire avec Jini un " coup "
médiatique comme celui qui a si bien réussi en 1995 avec le lancement de Java. David
Bennahum pense que la promesse d’unification du langage apportée par Java a été
pour partie illusoire, car Microsoft et Netscape ont développé des versions
spécifiques. Il a demandé à Bill Joy si Jini ne risquait pas d’évoluer de la
même façon, ce qui réduirait ses potentialités. La réponse de Joy est d’un grand
intérêt :
" Les entreprises qui produisent les pagers, les palm
tops, les automobiles etc. sont prêtes à utiliser telle quelle une solution qui existe
et qui marche, sans se sentir obligées de la refaire à leur façon : ce ne sont pas
des entreprises d’informatique... Avec Jini, nous ne parlons plus avec les 20 plus
grandes entreprises d’informatique, mais avec les 500 plus grandes entreprises toutes
spécialités confondues ". D’ailleurs les fabriquants de lecteurs de
disques, d’automobiles, de téléphones ou de pagers maîtrisent des interfaces homme
machine qui n’ont rien à voir avec la souris, les fenêtres et les icônes. Ce sont
des maîtres de l’ergonomie presse-bouton, à l’ancienne. Il y a une grande
différence entre un bouton sur un Walkman Sony et une " boîte de
dialogue " de Windows 98.