|  
Le Collège de France ne dispensait pas de cours d'informatique. 
Cette lacune a été enfin comblée en 2008 avec l'ouverture du
cours de Gérard Berry. 
 Les cours du Collège de France s'adressent au grand public, ce 
qui exclut tout ésotérisme. Cependant le "grand public" ainsi visé est supposé 
intelligent et cultivé. Le propos doit donc être  compréhensible 
par l'honnête homme, mais sans complaisance.  
Les cours sont heureusement accessibles via le Web : on peut 
les regarder à loisir, les écouter, comme si l'on était présent dans 
les locaux au moment où ils ont été donnés. J'ai pu ainsi suivre le cours de 
philosophie de Bouveresse et maintenant je suis le cours de Berry.  
*     * 
Berry est un chercheur et aussi un praticien qui a conçu des 
langages et des circuits. Sa réflexion sur l'informatique est profonde. Il l'exprime dans un 
langage clair, familier et des plus agréables. Il fait intervenir des experts qui 
illustrent et complètent son propos.  
Le cours s'intitule "Pourquoi et comment le monde devient 
numérique". En huit heures il balaie un vaste programme : les circuits, les 
algorithmes, les langages de programmation et la vérification des programmes, 
les systèmes embarqués, les réseaux, la cryptologie. En l'écoutant on révise les 
fondamentaux et on découvre des choses que l'on ignorait : dans cette discipline 
si riche, et de surcroît si évolutive, on aura toujours des choses à apprendre ! 
*     * 
L'accent mis sur l'adjectif "numérique" indique que l'on 
considère ici la physique de l'informatique, la plate-forme électronique 
et logicielle sur laquelle elle est bâtie. Les applications considérées sont 
pratiquement toutes des automates : informatique embarquée, robots etc.  
Le cours n'aborde donc pas la sémantique des systèmes 
d'information : référentiels, bases de données, interface homme machine, 
articulation entre informatique et organisation, entre workflow et processus de 
production, entre langage naturel et langage de programmation. Les problèmes 
psychologiques, sociologiques, philosophiques que soulève l'informatisation de 
l'entreprise ne sont pas évoqués.   
C'est la limite du cours : il fallait bien qu'il en ait une !
 
*     * 
Je note toutefois que parmi les questions posées à Berry, et 
auxquelles il répond dans son dernier cours, aucune n'est relative aux 
systèmes d'information. Je me demande si la communauté scientifique, dont le 
Collège de France est l'institution la plus éminente, ne sous-estimerait pas 
l'importance des questions pratiques - et terriblement délicates - que 
pose l'informatisation. 
Il faut en tout cas se féliciter de disposer, avec ce cours, 
d'un parcours agréable et instructif parmi les fondations techniques de 
l'informatique. Je suis bien d'accord avec Berry quand il dit qu'il faut donner 
à l'informatique une place importante dans le système éducatif, tant comme outil 
de la pédagogie que comme thème de formation (cf. 
Proposition de programme présente par l'association EPI).  
                             |