Commentaire sur :
Ivar Ekeland " La répartition des ressources
rares " La Recherche n° 65 mars 1976
J'ai beaucoup de reconnaissance envers Ivar Ekeland. Avant
d'avoir lu cet article sur les démarches de l'économie mathématique, je n'avais rien
compris à l'économie, et soupçonnais les économistes de malhonnêteté : le modèle
d'équilibre général à la Walras postule en effet une fonction de production à
rendement décroissant, hypothèse essentielle pour l'équilibre concurrentiel, mais
contredite par l'expérience.
Je pensais : "ces gens-là veulent faire l'apologie du
marché et de la concurrence, alors ils posent une hypothèse fausse et en déduisent des
résultats séduisants...".
En 1963, les travaux d'économie industrielle comme ceux de
Jean Tirole, qui auraient pu répondre à mes questions, n'avaient pas encore été
réalisés. Les étudiants étaient confrontés à des exposés dogmatiques et peu
convaincants.
En lisant Ekeland, j'ai découvert qu'il était possible de
parler sérieusement d'économie. J'avais enfin ainsi une intuition des buts et méthodes
de cette discipline. Ekeland, il est vrai, ne considère dans cet article qu'une économie
d'échange (donc sans production, ce qui évite l'obstacle des rendements décroissants).
Je n'ai compris les modèles avec fonction de production que bien plus tard.
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