Commentaire sur :
Michel de Grèce, Louis XIV - L'envers du
soleil, Olivier Orban 1979
Je n'avais jamais trouvé de bonne biographie de Louis XIV.
Ce personnage "effarant de majesté", comme disait Saint-Simon, était un
timide, un homme secret ; il a peu écrit ; les citations de ses propos dans les mémoires de l'époque m'ont toujours fasciné par un certain balancement
équilibré, par la pureté et la fine complexité de son français. C'était un artiste,
un esthète, digne héritier de ses ancêtres Médicis. C'était un amoureux de la
gloire militaire - mais un général tout juste bon à passer des revues, et nul sur le champ
de bataille ; c'était aussi un amoureux du pouvoir, par compensation des peurs qu'il avait eues enfant.
Michel de Grèce est un descendant de Louis XIV. Il en dresse un
portrait sans complaisance. Louis XIV est dépeint
comme un homme complexé, conscient des lacunes de son éducation et de sa culture,
et follement, éperdument jaloux des hommes qui ont plus de talent que lui : jaloux à
en crever de Fouquet et de Guillaume d'Orange. Jaloux des Hollandais, peuple
le plus riche et le plus avancé de l'époque.
Triste histoire, finalement, que celle de cet homme
superficiel qui a gâché par vanité les atouts de son jeu, ravagé l'Europe (le récit
des dévastations commises en Allemagne explique, s'il ne l'excuse pas, que les Allemands
se soient cru le droit de nous rendre la pareille), massacré les Hollandais, ruiné son
pays.
Reste l'esthète, l'artiste, même s'il n'a pas
toujours favorisé les meilleurs ; reste l'homme qui a préparé la Révolution en
nivelant la noblesse. Il fallait bien les mettre au pas, ces privilégiés brouillons et
susceptibles : mais on peut être sûr que Louis XIV aurait été surpris par le
cours que l'histoire a suivi après sa mort.
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