Commentaire sur :
- John Hicks " A Suggestion for Simplifying
the Theory of Money " Economica 1935
Cet article est la meilleure introduction qui soit à la
théorie de la monnaie. Hicks a un style limpide, teinté d'un humour et d'une modestie
délicieux. Que l'on en juge par les premières phrases de l'article : "After the
thunderstorms of recent years, it is with peculiar diffidence and even apprehension that
one ventures to open one's mouth on the subject of money [...] I feel myself to be very
much of a novice at the subject."
Hicks introduit une à une des notions simples et claires ;
en suivant le chemin ainsi balisé, on découvre combien le rôle de la monnaie en
économie est naturel, évident et crucial. On échappe ainsi au malaise que suscite la
"transparence" de la monnaie dans le modèle d'équilibre général à la
Arrow-Debreu : comment en effet la monnaie pourrait être à la fois
"transparente" (i.e. sans effet) et avoir une telle importance pratique ?
La construction de Hicks est d'autant plus efficace qu'elle
part, comme le modèle d'équilibre général, de la "théorie de la valeur",
donc d'une approche de l'économie fondée sur l'utilité subjective du consommateur
et sur la recherche d'une utilisation efficace des ressources en regard de cette utilité.
Hicks introduit l'utilité de la monnaie en définissant une
structure désirée de patrimoine, tenant compte elle-même de l'incertitude sur les
revenus et besoins futurs. La "loi des grands nombres", qui permet de limiter
les risques grâce à la diversification des actifs détenus, favorise les plus riches et
fait de ceux-ci des emprunteurs naturels, d'où l'émergence de la fonction bancaire.
Enfin, et très finement, s'échafaude la pyramide fiduciaire au sommet de laquelle trône
la monnaie - actif en lequel on a la plus grande confiance, et qui corrélativement ne
rapporte aucun intérêt.
On comprend que les crises monétaires sont essentiellement
des crises fiduciaires, et que si la qualité de la monnaie est mise en doute c'est la
confiance qui disparaît. Revenue au stade du troc, l'économie étouffe en raison de
l'incommodité des échanges et de l'impossibilité du crédit.
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