RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

Commentaire sur :
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, Le chat Murr, Phébus 2004
3 février 2005


Pour lire un peu plus :

- Le manuscrit trouvé à Saragosse

Kater Murr, publié en 1821, dépasse en fantaisie ce que les surréalistes ont produit de plus débridé. Il appartient à la période bénie qu’a connue la littérature allemande dans la première moitié du XIXe siècle : il faut le classer à côté des Affinités électives (1809) de Goethe (1749-1832) ou de La Marquise d’O (1808) de Heinrich von Kleist (1777-1811).

Deux textes différents s'entrelacent selon une technique qui a peut-être inspiré Boulgakov pour Le Maître et Marguerite : les mémoires d’un chat nommé Murr et la biographie du maître de chapelle Johannes Kreisler. Murr et Kreisler représentent, bien sûr, deux faces de la personnalité de Hoffmann (1776-1822).

Le chat Murr a, en observant son maître, appris à lire et à écrire. Ébloui par son propre génie il publie des livres et des poèmes où il célèbre, sur le ton de la plus haute mystique, l’extase sensuelle que lui procurent les bons morceaux dont son maître le régale ou le plaisir de s’étirer sur un coussin. Certains de ses amis chiens lui apportent, sur les mœurs des hommes, un témoignage éclairant.

Kreisler, artiste épris d’idéal mais un peu détraqué, est pris dans le tourbillon des intrigues d’une minuscule cour ducale. Il aime, bien sûr ! une pure jeune fille promise à tous les malheurs.

La pureté est virginale, les ruisseaux sont limpides, le soleil ourle d’un reflet doré les perspectives de la forêt etc. Nous nageons parmi les poncifs, c’est écrit au fil de la plume, on est tout près de lâcher le livre mais… on comprend soudain que l’auteur se moque. Il fait passer des allusions subversives sous des portraits à double et triple sens, des situations absurdes, des envolées lyriques d'une feinte naïveté. Il passe à l’occasion en contrebande, sans jamais s’appesantir, ce qui lui tient à cœur.

Et la navette qui passe d’un récit à l’autre fait rebondir gaiement les ressorts de l’intrigue, tout comme dans Le Manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki.