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Dirk Van der Cruysse, Madame Palatine, princesse européenne, Fayard 1988

La princesse Palatine était la belle-sœur de Louis XIV. Rude, chaleureuse, fine, loyale, elle vit dans une cour qui n'est pas faite pour elle. Elle aime son beau-frère sans se l'avouer, elle est déçue par son mari sans se le dire, elle est le témoin effaré des perversités d'une aristocratie en crise. Elle écrit sans cesse à ses chers amis allemands, et la lecture de cette correspondance nous la rend présente, familière ; on ferme le livre à regret, on y revient souvent, comme à une amie en qui l'on a confiance et dont on savoure la finesse. Elle est supérieure selon moi à Mme de Sévigné (et au moins ses lettres n'ont pas été censurées). Elle complète utilement la lecture de Saint-Simon, qui donne des plaisirs profonds mais différents.

La première publication des lettres de la princesse Palatine a choqué les historiens français qui y ont vu une attaque allemande contre la grandeur du siècle de Louis XIV. Puis il a fallu reconnaître qu'elles étaient véridiques. Dirk Van der Cruysse a publié les lettres qu'elle avait écrites en français (Madame Palatine, lettres françaises, Fayard 1989). Il dit qu'il existe en Allemagne des caisses de lettres de la princesse Palatine qui n'ont été ni publiées, ni bien sûr traduites en français, et qui représentent un volume de texte supérieur à celui des mémoires de Saint-Simon.

Un oeil allemand, clair et honnête, posé sur une cour qui fut le creuset de notre révolution, quelle meilleure introduction à l'Europe ? Quels sont les mécènes qui financeront la publication de l'ensemble de ces lettres ?