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Commentaire sur :

William L. Shirer "Berlin Diary" Galahad Books 1941

Conformément à mon goût pour la lecture des oeuvres complètes, je suis en train de lire tous les ouvrages de W. Shirer que je peux trouver. J'avais beaucoup aimé son livre sur le troisième Reich.

Ici il s'agit du journal (je suppose plutôt d'extraits du journal) qu'il a tenu pendant qu'il était journaliste à Berlin, de 1934 à 1940, et qu'il a publié en 1941. C'est un texte précieux parce que, contrairement aux livres d'histoire, il est écrit par quelqu'un qui ne sait pas encore comment finira l'aventure de l'Allemagne nazie. Il la décrit donc en ayant ouvert devant lui un éventail  de possibilités que l'histoire a refermé. Par exemple il décrit la stratégie que les nazis comptaient utiliser contre l'Amérique une fois l'Angleterre conquise.

Shirer montre l'ambiance étouffante du troisième Reich, la surveillance policière constante, les tracasseries, le rationnement (les canons plutôt que le beurre, ce n'était pas seulement une image), le soulagement qu'il éprouve lors de ses passages en Suisse. Son jugement sur la mentalité des Allemands de cette époque est sévère, même s'il les comprend bien à certains égards - et ce jugement à chaud n'est pas éclairé par une histoire qui nous a aidé, peut-être trop, à faire le tri entre les bons et les méchants.

Il lui paraissait possible que les Allemands gagnent la guerre militairement parlant, et il en avait une forte appréhension. Par contre, il les jugeait incapables de gagner la paix. Il pensait qu'il ne serait pas possible à l'Allemagne, après une victoire militaire mondiale, de réduire le reste du monde en esclavage comme elle en avait l'intention. Il pensait qu'une telle politique serait intenable à terme, y compris sur le plan militaire. Si le goût des Allemands pour la force, pour la domination, pouvait leur procurer des victoires tactiques, il les conduisait donc inéluctablement à la défaite stratégique.