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Systèmes d’information : les affaires reprennent

16 octobre 2006

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Pour lire un peu plus :

- L'informatique est-elle un enjeu stratégique ?

Durant la deuxième moitié des années 1990, les entreprises ont massivement investi dans leurs SI : les dépenses en conseil, parmi lesquelles la part du lion est allée aux SSII, ont d’après le Syntec été multipliées par trois entre 1996 et 2001 (le graphique ci-dessous montre l’évolution des taux de croissance annuels).

Après 2001 les choses se sont calmées, en raison sans doute de la révision des anticipations excessives qui s’étaient formées autour des « nouvelles technologies[1] » : de 2001 à 2006 les budgets sont restés à peu près constants. Ils ont été pour l’essentiel consacrés à la « tierce maintenance applicative » (TMA), cette expression désignant la somme de la maintenance proprement dite, ou « maintien en condition opérationnelle » (MCO), et de la « maintenance évolutive » (cette expression désigne des développements de taille petite ou moyenne).

Si les SI ont pu se maintenir à flot grâce à la maintenance évolutive, les grands projets ont été rares. Les SSII et les directions informatiques ont connu une période difficile.

Les professionnels de ma connaissance disent que le marché redémarre en ce moment. Ils l’expliquent par le jeu de trois causes :

-     la conjoncture générale semble s’améliorer et les perspectives des entreprises sont meilleures ;

-     les SI, ayant peu évolué pendant cinq ans, sont devenus obsolètes : les utilisateurs ne sont pas satisfaits, les stratèges perçoivent des opportunités qui ne pourront être atteintes qu’au prix d’un investissement ;

-     la croissance de la part du secteur tertiaire dans l’économie, l’informatisation et de l’automatisation se sont poursuivies de sorte que le SI est devenu pour les entreprises l'actif le plus important.

Parmi ces trois causes, la première est à la fois la plus faible et la plus fragile. La basse conjoncture n’a pas frappé toutes les entreprises, certaines ont fait de bonnes affaires depuis 2001 et pourtant elles ont peu investi dans leur SI. Par ailleurs l’embellie conjoncturelle ne sera peut-être pas de longue durée : si le retournement du marché immobilier provoque aux Etats-Unis un effet de richesse négatif, cela aura en 2007 un effet dépressif sur l'Europe.

L’obsolescence des SI semble une cause plus forte et plus durable : les entreprises ne peuvent pas impunément se refuser à investir dans leur SI, d’autant plus – et cela se conjugue avec la troisième cause – que celui-ci est devenu leur principal actif.

Si l’on regarde en effet l’évolution de la part des services dans l’emploi, la part des salariés des services équipés en informatique, le pourcentage de leur temps de travail qu'ils passent devant l’écran-clavier, on voit que la population française passera, dans les années 2010, 60 % de son temps de travail dans l’univers mental et pratique que structure le SI ; ce pourcentage est dès aujourd’hui de l’ordre de 30 %.

Que voit-on en effet dans les entreprises quand on parcourt leurs couloirs, si on jette un coup d'œil dans les bureaux aux portes ouvertes ? des personnes qui sont soit en réunion, soit en train de travailler sur le PC qui leur donne accès au SI.

*     *

La relance de l’activité autour des SI résulte donc, pour l’essentiel, de la conjonction de deux phénomènes : le retard qu'ont pris les entreprises à partir de 2001 ; la prise de conscience, sans doute encore trop timide, du fait que l’efficacité de l’entreprise pivote autour de trois facteurs : la qualité des compétences des salariés, la qualité du SI, la qualité de l’organisation qui articule les compétences entre elles et avec le SI.


[1] On peut dater du 2 mars 2000 l’éclatement de la « bulle Internet » : c’est le jour où le cours de l’action de France Telecom a atteint son maximum. La chute rapide et prolongée de ce cours a commencé le 3 mars 2000. Nombre d’entreprises du secteur des TIC ont connu le même sort.