Durant la deuxième moitié des années 1990, les entreprises
ont massivement investi dans leurs SI : les dépenses en
conseil, parmi lesquelles la part du lion est allée aux SSII, ont d’après le Syntec été multipliées par trois
entre 1996 et 2001 (le graphique ci-dessous
montre l’évolution des taux de croissance annuels).
Après 2001 les choses se sont calmées, en raison sans doute
de la révision des anticipations excessives qui s’étaient formées autour des
« nouvelles technologies »
: de 2001 à 2006 les budgets sont restés à peu près constants. Ils ont été pour
l’essentiel consacrés à la « tierce maintenance applicative » (TMA), cette
expression désignant la somme de la maintenance proprement dite, ou « maintien
en condition opérationnelle » (MCO), et de la « maintenance évolutive »
(cette expression désigne des développements de taille petite ou moyenne).
Si les SI ont pu se maintenir à flot
grâce à la maintenance évolutive, les grands projets ont été rares. Les SSII et
les directions informatiques ont connu une période
difficile.
Les professionnels de ma connaissance disent que le marché
redémarre en ce moment. Ils l’expliquent par le jeu de trois causes :
-
la conjoncture générale semble s’améliorer et les perspectives des
entreprises sont meilleures ;
-
les SI, ayant peu évolué pendant cinq ans, sont devenus obsolètes : les
utilisateurs ne sont pas satisfaits, les stratèges perçoivent des opportunités
qui ne pourront être atteintes qu’au prix d’un investissement ;
-
la croissance de la part du secteur tertiaire dans l’économie, l’informatisation et de l’automatisation
se sont poursuivies de sorte que le SI
est devenu pour les entreprises l'actif le plus important.
Parmi ces trois causes, la première est à la fois la plus
faible et la plus fragile. La basse conjoncture n’a pas frappé toutes les
entreprises, certaines ont fait de bonnes affaires depuis 2001 et pourtant
elles ont peu investi dans leur SI. Par ailleurs l’embellie conjoncturelle
ne sera peut-être pas de longue durée : si le retournement du marché immobilier
provoque aux Etats-Unis un effet de richesse négatif, cela aura en 2007 un effet
dépressif sur l'Europe.
L’obsolescence des SI semble une cause plus
forte et plus
durable : les entreprises ne peuvent pas impunément se refuser à investir dans
leur SI, d’autant plus – et cela se conjugue avec la troisième
cause – que celui-ci est devenu leur principal actif.
Si l’on regarde en effet l’évolution de la part des
services dans l’emploi, la part des salariés des services équipés en
informatique, le pourcentage de leur temps de travail qu'ils passent devant
l’écran-clavier, on voit que la population française passera,
dans les années 2010, 60 % de son temps de travail dans l’univers mental et
pratique que structure le SI ; ce pourcentage est dès aujourd’hui de l’ordre
de 30 %.
Que voit-on en effet dans les entreprises quand on parcourt leurs couloirs,
si on jette un coup d'œil
dans les bureaux aux portes
ouvertes ? des personnes qui sont soit en réunion, soit en train de travailler
sur le PC qui leur donne accès au SI.
* *
La relance de l’activité autour des SI résulte
donc, pour l’essentiel, de la conjonction de deux phénomènes : le retard
qu'ont pris les entreprises à partir de 2001 ; la prise de conscience, sans doute encore trop
timide, du fait que l’efficacité de l’entreprise pivote autour de trois
facteurs : la qualité des compétences des salariés, la qualité du SI, la qualité
de l’organisation qui articule les compétences entre elles et avec le SI.
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