Valeur d'un conseil
31 octobre 2002
Comment se mesure la valeur d'un conseil ? Je raconte à certains de mes clients et de mes
collègues consultants l'anecdote suivante (authentique) :
Christian Dior se trouvait un jour en visite dans son magasin de
New York.
Arrive une cliente élégante, pressée et préoccupée : elle doit aller à une
réception le soir même et n'a pas de chapeau. Dans les années 50, le
chapeau était un accessoire nécessaire pour une élégante en soirée.
La
modiste essaie plusieurs chapeaux : aucun ne va. Christian Dior s'avance et invite la cliente à s'asseoir. Il prend un ruban
de tissu, quelques épingles, et installe en un tournemain sur ses cheveux une
coiffure ravissante.
La cliente, enchantée, demande combien elle doit. Christian Dior indique son prix. Il est
élevé. Elle a un haut le
corps : "C'est cher, dit-elle, pour un ruban et des épingles !".
"Qu'à cela ne tienne", répond Christian Dior. Il ôte les épingles
et le ruban, range le tout dans un carton et le tend à la dame :
"Voilà, Madame, je vous l'offre en cadeau".
Elle partit le carton à la main et bien
embarrassée.
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- Le conseil qu'un consultant donne à son client tient
parfois en une
phrase courte qui condense toute une expérience et ouvre une perspective à laquelle le client
n'aurait
pas songé. La consultation dure quelques minutes, la formulation du
conseil quelques secondes. Sa valeur ne peut pas être mesurée selon la durée de la
prestation.
L'expertise s'acquiert lentement et se
décharge en un éclair. Certains ne comprendront jamais cela. Je me rappelle un
ingénieur sérieux,
concentré, contrarié, vêtu de gris, coiffé en brosse. Je lui expliquais que mon
entreprise concevait des solutions d'architecture informatique. "Oui, me dit-il, mais
qui travaille chez vous ?" : dans son langage, "travailler", c'était
écrire des lignes de
code ; la conception, selon lui, ce n'était pas du travail.
Je me rappelle aussi ce collègue de l'INSEE
croisé dans un ascenseur de la DG alors que j'étais détaché au CNET. "Comment
cela se passe-t-il pour toi au CNET ?" - "Je suis très content, lui
répondis-je, ce que je fais m'amuse beaucoup". Il
blêmit, puis s'exclama : "Le travail, c'est sérieux, ce n'est pas de
l'amusement !". J'ai préféré ne pas lui répondre.
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