A propos d'Helmut Kohl
25 janvier 2000
Je me rappelle la phrase féroce de Mauriac :
"L'Allemagne, je l'aime tellement que je préfère en avoir deux". Elle
résumait l'opinion de beaucoup de Français. Ce n'a jamais été la mienne. La culture
allemande, que trop d'Allemands ont oubliée sous l'influence du nazisme puis de
l'américanisation, est une des sources de la personnalité européenne. L'homme
d'État
qui a réunifié son pays a droit à l'admiration et à la reconnaissance de tous les
européens. Reste à savoir, bien sûr, ce que l'Allemagne fera de cette unité retrouvée
: mais c'était une étape nécessaire.
Voici l'heure de la revanche. Les forces que Helmut Kohl a
maîtrisées pour agir se relèvent et tentent de le déshonorer. Croit-on donc qu'il soit
possible de faire de la politique, à ce niveau qui est celui d'un Richelieu, sans acheter
des adversaires, sans soutenir des amis, donc sans moyens financiers exceptionnels, sans
caisse noire ? croit-on que le combat dont il est sorti vainqueur pouvait se mener sans
disposer d'armes exceptionnelles et secrètes ? croit-on qu'une action d'une telle
envergure pouvait être réussie dans le cadre des procédures parlementaires et
budgétaires normales, dans le cadre d'une légalité faite pour la routine
tranquille de la démocratie ?
Quelque chose sonne faux dans les cris de vertu outragée des
défenseurs du droit. Ils font des procédures un absolu. Ils oublient qu'elles sont, sous
réserve bien sûr des droits des personnes, un outil au service de finalités qui les
dépassent. On doit savoir respecter l'homme qui a visé et atteint les finalités. Tant
pis pour les procédures ! Il n'a fait de mal à personne, et il a grandement amélioré
la carte de l'Europe. Qu'importe s'il a utilisé pour cela des fonds versés en secret
dans la caisse de son parti ? qu'importe si de tels versements ont été illégaux,
anticonstitutionnels, que sais-je ? la loi ne doit pas être idolâtrée ; elle n'est pas
l'absolu à l'aune duquel se jugent toutes choses.
Cette fiche a suscité des réponses :
Jean-Marc Jancovici,
Pascal Rivière, un commissaire
divisionnaire.
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