14 juillet 1999
A propos de l'obligation de réserve
Aujourd'hui, 210ème anniversaire de la fin des lettres de
cachet, je célèbre la sortie de prison du préfet Bonnet. Je
suis toujours satisfait quand un prisonnier est libéré, surtout quand il s'agit de la
détention préventive dont notre système judiciaire abuse, comme il abuse de la prison
de façon plus générale.
Le préfet Bonnet a-t-il donné l'ordre de mettre le feu à
la paillotte ? qui le sait ? le saura-t-on jamais ?
En tout cas il se défend. Des moralistes lui disent de se
taire en invoquant de l'obligation de réserve des fonctionnaires. Après la lettre de
cachet, ce serait le baillon.
Le préfet Bonnet a été libéré de l'obligation de
réserve du jour où il a été accusé puis incarcéré. Un prévenu a le droit de se
défendre, et le droit d'attaquer pour sa défense. Un fonctionnaire, lorsqu'il est
lâché par ses supérieurs, ne leur doit plus respect ni ménagement.
D'ailleurs trop de gens trouvent normal de priver un prévenu
du droit de se défendre. Il veulent pouvoir condamner plus vite les coupables, mais
entraver la défense peut conduire à condamner trop vite des innocents. Et il est bien
plus grave d'emprisonner un innocent que de laisser courir un coupable. Que celui qui
n'est pas de mon avis pense à ce qui pourrait lui tomber sur la tête un jour, à sa
tête à lui, s'il avait le malheur d'être sur la trajectoire d'une affaire alors qu'il
n'y est pour rien. L'arbitraire, cela n'arrive pas qu'aux autres.
Remarque annexe : l'obligation de réserve des fonctionnaires
ne s'applique-t-elle pas aussi aux juges et aux magistrats du parquet, fonctionnaires qui
ne sont pas accusés et n'ont donc pas à se défendre ? La respectent-ils exactement dans
cette affaire, ou dans les autres ?
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