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L'utilité (?) des vautours

7 juillet 2007

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Les personnes qui connaissent mal la Bourse croient que le seul moyen d’y gagner de l’argent est d’acheter un titre dont le prix va monter, donc d’anticiper sur la croissance du cours. Mais on peut aussi jouer à la baisse : il suffit d’emprunter les titres puis de les revendre aussitôt. A l’échéance du prêt, lorsqu’il faudra rendre les titres, on les achètera à un cours plus bas que celui auquel on les avait vendus[1].

Celui qui sait jouer à la hausse comme à la baisse est indifférent à la santé des entreprises comme à la bonne tenue des cours : il tire profit de leur variation, quel que soit son signe, tout l’art étant de bien anticiper le sens du mouvement.

Les hedge funds, et quelques autres, pratiquent cette tactique à grande échelle : pour eux, il n’y a donc pas de crise, il n’y a que des opportunités – ou plus exactement la crise apporte les opportunités.

Lorsque le marché se retourne à la baisse après une longue période d’optimisme et de hausse des cours, les acteurs sur-réagissent et les cours baissent exagérément. En outre ils ne savent pas faire la différence entre les créances véritablement douteuses et celles qui sont risquées, mais récupérables. Ceux qui savent garder leur sang-froid et évaluer posément les risques peuvent faire alors d’énormes profits (Satoshi Kambayashi, « The vultures take wing », The Economist 29 mars 2007).

Des entreprises auparavant solides paraissent surendettées et auront du mal à obtenir le renouvellement des prêts à l’échéance : on peut alors leur prêter à des taux très élevés, obtenir qu’elles bradent des actifs de haute valeur que l’on revendra avec profit un peu plus tard, ou encore leur consentir des prêts gagés sur des actions à des taux très favorables : le prêteur peut ainsi se retrouver ensuite propriétaire de l’entreprise et, s’il sait comment la redresser ou comment tirer profit de la liquidation de ses actifs il fera là encore une bonne affaire.

*     *

Certes les vautours sont utiles, puisqu’ils procurent des fonds à des entreprises qui en ont besoin et qui, sans eux, n’en trouveraient pas. Mais il n’est pas innocent que l’économie comporte des acteurs que le malheur des autres enrichit : ils n’ont que trop intérêt à provoquer les catastrophes dont ils tireront parti.

Dans le passé récent, les charognes ont été rares ; les vautours n’ont pu fourrer leur bec que dans quelques fabricants de pièces détachées pour automobile ou quelques compagnies aériennes. Ils voient aujourd’hui venir avec appétit les faillites qu’annoncent le retournement du marché de l’immobilier et la dévalorisation des hypothèques.


[1] La mise en vente des titres que l’on a empruntés accroît l’offre, et pousse donc le prix vers le bas, tout comme l’achat de titres dont on anticipe la croissance pousse le prix vers le haut : le caractère autoréalisateur des anticipations contribue à la volatilité des cours.