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Effet des règles de gestion du budget informatique

24 mai 2001

Les directions générales cherchent à maîtriser le " centre de coûts " informatique en se donnant des règles simples. Ces règles ont fait l’objet d’une étude systématique (Peter G. W. Keen, Shaping the Future, Business Design through information technology, Harvard Business School Press 1993).

Le modèle de Keen tient compte des paramètres suivants :

  • obsolescence des logiciels (durée de vie),
  • baisse tendancielle du coût des unités d ’œuvre,
  • stock des logiciels en exploitation, flux des développements, coût de maintenance et d’exploitation.

L’économie du SI apparaît alors comme celle d’une ressource en capital que l’on stocke, entretient et renouvelle. Cette approche ne considère pas les autres aspects de l’économie du SI, mais elle permet de mettre en évidence les effets pervers des règles simples : explosion ou implosion non maîtrisées des dépenses, écrasement de la part des nouveaux développements. 

Voici les évolutions du budget informatique selon les règles retenues, en supposant que la durée de vie est de cinq ans et que le prix des unités d’œuvre diminue de 20 % par an ; elles comportent toutes un caractère exponentiel, c’est-à-dire qu’elles sont difficiles à maîtriser. Si le stock des applications est constant en volume, le budget des études s’aligne de façon à assurer le renouvellement du stock en compensant l’obsolescence. La baisse du coût des unités d’œuvre se reflète par une diminution exponentielle du budget informatique :

Stock constant d’applications informatiques

Si le flux des nouveaux développements est constant, cela se traduit d’abord par une augmentation du stock des applications en exploitation (si l’on suppose que l’on part de zéro), puis par une stabilisation de ce stock, les nouveaux développements étant compensés par l’obsolescence ; on se retrouve alors dans une situation analogue à celle de la simulation précédente :

Flux constant des nouveaux développements

Si le coût des nouveaux développements est constant, on obtient à terme un budget informatique constant. Cette politique a donc un effet stabilisateur sur le coût de l’informatique :

Coût constant des nouveaux développements

Si la part des nouveaux développements dans le budget informatique est constante, il en résulte une évolution exponentielle du budget : elle est croissante si les nouveaux développements font plus que compenser l’obsolescence et la diminution du coût des unités d’œuvre, décroissante dans le cas contraire :

Part constante des nouveaux développements

La règle " budget informatique constant " conduit, si l’obsolescence est faible et la baisse de prix négligeable, à annuler les dépenses consacrées à l’innovation : la totalité du budget informatique sera consacrée à la maintenance et l’exploitation du stock existant. Cet exemple assez saisissant montre les conséquences extrêmes que peut avoir une règle de gestion simple et (apparemment) de bon sens.

On peut enfin tenter de définir le degré optimal d'informatisation d'une entreprise. En utilisant les méthodes de l'optimisation dynamique, on trouve que si le coût des unités d'œuvre n'évolue pas le taux d'informatisation optimal est donné sous certaines hypothèses par la relation ci-dessous :

s* = {[a + b(r + d)]/µ}1/(m - 1)

où s est le taux d'informatisation par tête, a le coût unitaire d'exploitation de l'informatique, b le coût unitaire d'investissement en informatique, r le taux d'actualisation, d le taux d'obsolescence, µ l'exposant du facteur de production "informatique" dans une fonction de production de Cobb-Douglas (je tiens la démonstration à la disposition des personnes intéressées). 

Je n'ai pas encore trouvé l'expression de s* lorsque le coût unitaire décroît ; les simulations numériques indiquent que dans ce cas, à l'optimum, le rapport entre budget informatique et valeur de la production de l'entreprise reste constant. Comme la baisse du coût de l'informatique permet d'accroître cette valeur, il en résulte qu'en cas de baisse du coût unitaire le budget informatique optimal doit croître. Ce n'était pas évident a priori ; en fait je m'attendais au résultat contraire.