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 Le modèle d’une entreprise doit pouvoir être partagé par 
les divers acteurs que comporte cette institution : il doit être explicite. 
Modéliser l’entreprise, ce sera donc d’abord documenter les tâches qui y sont 
réalisées tant par l’être humain que par l’automate (le modèle, notons-le, ne 
doit pas se limiter à la description des tâches automatisées car seule une 
partie des tâches assurées par l’entreprise est réalisée par l’automate).   
Ce travail documentaire suppose que l’on clarifie le 
vocabulaire, que l’on explicite les procédures et les contraintes auxquelles 
elles doivent obéir, ainsi que les rôles et responsabilités des acteurs. Il 
comporte donc une mise en ordre du langage (suppression des homonymes et 
synonymes, mise en lumière des concepts fédérateurs) comme de l’organisation 
(clarification des missions des entités, de l’attribution et de l’enchaînement 
des tâches).   
Contenu du modèle
Le socle sémantique du modèle est le référentiel, 
qui enregistre le vocabulaire de l’entreprise (identifiants, nomenclatures) et 
ses règles de gestion.   
L’urbanisme du SI est une modélisation globale de 
l’entreprise : il identifie ses grands domaines de production et, à l’intérieur 
de ces domaines, les processus et leurs relations mutuelles (certains processus 
sont « transverses » à des domaines différents).   
Enfin, chacun des processus de production doit 
lui-même être modélisé, pour documenter l’enchaînement des activités humaines et 
des opérations informatiques, ainsi que le cycle de vie et les règles de gestion 
des dossiers (dénommés « objets » en informatique) que le processus manipule.
 
Le modèle d’un processus doit spécifier les éléments 
ci-dessous : 
  
-         
l’événement extérieur au processus et qui le déclenche (réception d’une 
commande, d’une lettre de réclamation etc.) ; 
-         
l’enchaînement des activités qui constituent le processus, en précisant 
les pré-et post-conditions du passage d’une activité à la suivante ; 
-         
les relations entre chacune des activités et la plate-forme du SI 
(données saisies, données consultées, traitements lancés) : le schéma ci-dessus 
fait apparaître que les activités « font la ronde » autour de la plate-forme, 
qui assure la cohérence des données pendant le déroulement du processus ;
  
-         
les éventuelles communications interpersonnelles entre acteurs du 
processus (messages, échanges de documents) ; 
-         
les indicateurs de volume (charge des ressources, productivité) et de 
qualité (respect des délais, satisfaction du client) fournis au responsable du 
processus et qui servent à maîtriser la qualité de celui-ci notamment à 
l’occasion du « bouclage » du processus (contrôle de bonne fin).
  
La cellule élémentaire du processus, c’est ce que nous 
avons nommé « l’activité » ; il est utile de la regarder de près :
  
  
Chargée de réaliser une tâche au sein du processus, 
l’activité met en relation l’être humain organisé (EHO) et l’automate 
programmable doué d’ubiquité (APU) à travers l’interface homme-machine (IHM) qui 
est comme une synapse entre les deux parties du système. Chacun des deux acteurs 
est complémentaire de l’autre : l’APU classe, trie, calcule et traite ; l’EHO 
écoute, comprend, explique, conçoit et décide. Enfin, alors que la centralité du 
SI au cœur du processus garantit la cohérence des données dans l’APU, la 
communication interpersonnelle des EHO favorise une autre cohérence, celle du 
discernement et de la décision.   
Finalités de la modélisation
La modélisation obéit à deux finalités, l’une technique, 
l’autre intellectuelle.   
Au plan technique, le modèle précise la conception 
du SI : son élaboration est la première étape de sa mise en place, tout comme 
celle du plan d’un immeuble est la première étape de sa construction. Il doit 
aussi préciser les conditions de fonctionnement du SI.   
Au plan intellectuel, la modélisation permet à 
l’entreprise de partager une représentation de son propre fonctionnement : les 
objets, concepts, processus et référentiels de l’entreprise sont élucidés. 
Cette clarté permet de compenser l’obstacle à la communication et à la 
compréhension que représente le cloisonnement de l’entreprise en spécialités et, 
au plan psychologique, l’autisme professionnel si fréquent chez les 
spécialistes. Un modèle bien fait, et convenablement approprié par l’entreprise, 
permet à chacun de se représenter le cours du processus pour lequel il 
travaille, son propre rôle dans le processus ainsi que les rôles des autres 
acteurs, enfin les relations entre les divers processus de l’entreprise. 
Les deux finalités sont aussi importantes l’une que 
l’autre, ou plus précisément elles se situent sur des plans différents où elles 
sont toutes deux cruciales. On a trop souvent tendance à négliger la finalité 
intellectuelle parce que l’on ne voit dans le modèle qu’une étape d’un projet 
technique.   
Pourquoi modélise-t-on ?
Certaines entreprises ne modélisent pas…
Beaucoup d’entreprises ne modélisent pas : elles croient 
inutile de comprendre comment elles font ce qu’elles savent faire (il est 
vrai que personne ne sait comment son corps respire ou digère, et que cela 
n’empêche pas de vivre).   
Lorsqu’un salarié qui arrive dans une telle entreprise est 
mis au travail, 
il lui est demandé d’adhérer à une organisation locale sans qu’il puisse en 
prendre la vue d’ensemble. Il se formera par imitation des anciens : le savoir 
est « dans les murs » de l’entreprise. L’architecture qui résulte des choix 
faits dans le passé par des organisateurs est considérée comme un état de la 
nature.   
Lorsqu’on présentera un modèle à ce salarié, il le trouvera 
déroutant car le modèle relativise des conventions et règles d’organisation 
qu’il a l’habitude de considérer comme des absolus.   
…d’autres doivent impérativement modéliser
Certaines entreprises doivent cependant impérativement 
modéliser : celles qui sont placées dans un contexte évolutif (concurrence, 
innovation technique, réglementation) et qui doivent donc être « agiles » ; 
ou encore celles qui partagent avec d’autres entreprises la production d’un 
produit (partenariats) et doivent donc assurer l’« interopérabilité » 
des processus.   
Or aujourd’hui la plupart des entreprises se trouvent ou se 
trouveront bientôt dans l’un ou l’autre de ces deux cas : l’évolutivité et les 
partenariats sont des contraintes de l’économie actuelle. Ainsi, alors 
qu’autrefois les entreprises pouvaient à peu près bien marcher en inculquant à 
leurs salariés des habitudes professionnelles, il importe maintenant qu’elles 
élucident leurs processus afin que leurs salariés puissent se les 
approprier.
 
Voir
Méthode de modélisation. 
 
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