L’enquête
L’enquête a été réalisée
d’avril à juin 2004 par M. Dominique Arquillière auprès de 35 décideurs ou
représentants de la MOA. Ils ont répondu à un questionnaire comportant 40
questions. 23 questionnaires ont pu être exploités.
Il ne s’agit pas d’un
échantillon représentatif mais d’une collection de monographies. L’enquête
n’ambitionne donc pas de donner une image bien proportionnée de la pratique de
la modélisation dans les entreprises françaises aujourd’hui. Elle ne fournit
qu’un éclairage partiel.
Les questions étaient classées
selon les rubriques suivantes :
- L’organisation des structures maîtrises d’ouvrage des SI
- La cartographie des processus métier
- Les référentiels d’entreprise et l’administration des données
- Les méthodologies et outils utilisés
- La modélisation du SI
- L’utilisation du langage UML
- Retour d’expériences
- Les perspectives d’évolution
35 % relèvent de
l’administration et des services publics, 17 % de l’assurance, 9 % de la banque,
4 % des télécoms, 4 % de la distribution, 30 % des autres services privés.
26 % des personnes rencontrées
étaient des MOAD ou des AMO, 19 % des DSI, 11 % des responsables méthodes, 11 %
des MOAS, 11 % des architectes fonctionnels.
Organisation
64 % de ces entreprises ont une
seule DSI, 18 % ont plusieurs DSI et une DSI groupe.
76 % ont une MOAD dans chacun
des grands métiers de l’entreprise, et 60 % ont une coordination des MOA
concernant l’ensemble de l’entreprise. 71 % possèdent une MOAO pour chacune des
grandes applications du SI, 65 % ont un comité stratégique des SI.
La MOAD est, dans 48 % des cas,
rattachée à la direction utilisatrice, dans 26 % des cas à la coordination des
MOA. Cette MOAD est chargée
- dans 81 % des cas du pilotage des travaux confiés à la MOE,
- dans 61 % des cas, de la modélisation des processus métier,
- dans 55 % des cas, de la gestion du SI au quotidien.
La MOA emploie plus de 100
personnes dans 30 % des cas, de 10 à 50 personnes dans 35 % des cas.
La légitimité et les missions
de la MOA dans ces entreprises sont en cours d’évolution et le vocabulaire
utilisé pour désigner ses fonctions varie d’une entreprise à l’autre.
22 % des entreprises estiment
que leur SI est bien adapté aux besoins des métiers, les autres disent qu’il
devrait progresser.
Modèles et référentiels
52 % des entreprises disposent
d’une cartographie des processus métier. La fonction d’urbanisation est en place
dans 35 % des entreprises, un chantier d’urbanisme est en cours dans 52 %.
75 % des entreprises disposent
d’un référentiel des personnes, 61 % d’un référentiel de l’organisation, 48 %
d’un référentiel du SI, 42 % d’un référentiel des données de référence, 41 %
d’un référentiel des emplois-métiers. L’administration des données est rattachée
à la DSI dans 48 % des cas, à la MOA dans 30 % des cas.
68 % des entreprises possèdent
un département Méthodes ; 70 % utilisent Merise, plus de la moitié utilisent
UML. Un quart des entreprises utilisent des normes et méthodes de conception
maison.
Outils
On observe un début
d’utilisation des méthodes « agiles » RUP et XP dans les développements.
65 % des entreprises utilisent
des outils de modélisation : Mega-Process est le plus répandu, puis vient
Rational Rose. Les logiciels libres sont souvent utilisés ainsi que les outils
bureautiques comme Word et PowerPoint. Un tiers des entreprises utilisent Visio
de Microsoft.
Modélisation
74 % des répondants ont accès
au référentiel du SI. Ils estiment qu’il doit contenir :
- les données de référence (86 % des réponses)
- le plan d’urbanisme (82 %)
- le modèle de chaque processus (70 %)
- les règles fonctionnelles (65 %)
Les autres éléments cités, mais
plus rarement, sont les plans et jeux de tests, les indicateurs de performance,
les dispositifs et processus de sécurité.
Dans 60 % des entreprises, les
processus métier ne sont pas modélisés dans le référentiel du SI.
Utilisation d’UML
La plupart des répondants
connaissent UML et savent qu’il est spécifié par l’OMG. UML est utilisé pour un
peu moins de 20 % des projets, et surtout sur des projets recourant aux
nouvelles technologies. 30 % des entreprises l’utilisent sur des projets de
refonte du SI.
La MOE l’utilise de plus en
plus. La MOA commence à s’approprier ce langage. Moins de 10 % des entreprises
estiment l’utiliser comme il faut, 26 % pensent ne pas l’utiliser assez. UML est
préconisé dans 35 % des entreprises et son utilisation est laissée à
l’appréciation des intervenants dans 20 % d’entre elles. L’emploi d’UML est jugé
sans objet par 26 % des répondants.
UML est surtout utilisé pour la
modélisation des processus métier lors des phases d’analyse et de conception. 25
% des entreprises l’utilisent aussi pour la cartographie du SI. 17 % l’utilisent
pour l’expression des besoins, 52 % pour l’analyse fonctionnelle (spécifications
générales et détaillées), 22 % pour la définition du cahier des charges.
La MOA utilise les diagrammes
de cas d’utilisation et d’activité, largement accompagnés de commentaires ; la
MOE utilise surtout le diagramme de classes et les diagrammes de séquences,
ainsi que les diagrammes de cas d’utilisation et d’activité.
L’appropriation du modèle UML
par le métier n’est pas considérée comme un enjeu dans 26 % des entreprises.
Seules 13 % d’entre elles impliquent le métier dans les phases d’analyse des
projets. 52 % estiment que la validation du modèle par la hiérarchie est sans
objet : elles préfèrent lui présenter un commentaire du modèle en langage
naturel. Des présentations du modèle sont toutefois mises à disposition sur
l’Intranet.
Retours d’expérience
On a noté quatre cas
d’utilisation avancée d’UML : l’ANPE, le projet Copernic de la DGI, la COFACE et
Chronopost.
ANPE, projet Géode
Les diagrammes de cas
d’utilisation et de séquences sont utilisés et validés par la MOA. Ils sont
utilisés lors des recettes fonctionnelles. Des commentaires textuels sont
attachés aux modèles.
L’appropriation des modèles UML
par le métier est facilitée par l’Intranet. Le modèle fait l’objet de séances de
présentation aux managers opérationnels.
DGI, projet Copernic
Tout les projets Copernic
utilisent UML pour spécifier et concevoir les développements.
« UML est utilisé
intelligemment. C’est l’état de l’art en termes de communication avec la MOE et
les sous-traitants. C’est le prolongement vers les standards et outils de
développement d’aujourd’hui. Mais pour être vraiment utilisé par la MOA, UML
doit évoluer. En UML, la vue métier est encore très pauvre. Les diagrammes
d’activités nous permettent de modéliser les processus, mais il est difficile de
les faire valider par le métier ».
COFACE
La MOA est impliquée dans les
phases d’analyse des projets : on lui présente un commentaire textuel du modèle
(diagramme de cas d’utilisation, diagramme d’activités).
L’appropriation du modèle par
la MOA n’a pas été facile : « Il a fallu convaincre, présenter de manière
pragmatique les avantages du formalisme UML. La présence d’anciens
informaticiens à la MOA a facilité les choses. Mais certains diagrammes ne
passent pas, par exemple le diagramme de séquence ».
Chronopost International
Les chargés de projet MOA ont
reçu une formation à UML. Rational Rose est utilisé par la MOA pour spécifier
les besoins fonctionnels. Cependant « UML n’est qu’un petit sujet dans les
préoccupations quotidiennes de la MOA. L’organisation, le terrain et la
stratégie sont nos préoccupations majeures ».
Perspectives
38 % des entreprises envisagent
de continuer avec les méthodes actuelles, les autres se préparent à intensifier
l’utilisation d’UML (21 %), à l’étudier (17 %), à le généraliser (16 %), à le
mettre en œuvre (12 %).
38 % des entreprises estiment
qu’il est nécessaire que la MOA ait une culture minimum sur UML mais
aujourd’hui, dans 37 % des cas, aucun représentant de la MOA ne sait lire un
modèle UML. Dans 15 % des entreprises, le nombre des représentants de la MOA
sachant lire un modèle UML va croissant.
On note les opinions
suivantes :
- La connaissance d’UML par la MOA facilite la communication avec la MOE (47 %)
- UML est utile à la MOA (42 %)
- L’utilisation d’UML doit progresser à la MOA (33 %)
- UML doit évoluer pour s’adapter à la MOA (33 %)
- L’emploi d’UML est hors sujet pour la MOA (21 %).
UML 2.0 est inconnu de 48 % des
personnes interrogées. 30 % en ont entendu parler, 9 % connaissent quelques-unes
des évolutions qu’il comporte, 13 % le connaissent bien.
Conclusions de l’enquête
Les entreprises mettent en
place, dans leurs divers métiers, des MOAD composées d’architectes fonctionnels
et de spécificateurs. Ces MOAD jouent, en s’appuyant sur des experts métier, le
rôle d’un traducteur dans les phases amonts d’analyse et de spécification
Les modélisations des processus
métier en langage UML sont encore relativement peu nombreuses, mais
l’utilisation d’UML progresse.
Certaines entreprises estiment
toutefois qu’UML est une affaire de spécialistes et que les MOA métier n’ont pas
vocation à s’impliquer sur des aspects jugés trop techniques du développement
des systèmes.
Les responsabilités de la
maîtrise d’ouvrage dans la modélisation évoluent. Elle est de plus en plus
impliquée dans la définition du SI. La coopération entre la MOA et la MOE est
nécessaire lors des phases d’expression des besoins, de spécification et de
validation du SI.
L’utilisation par la MOA comme
par la MOE d’un même langage de modélisation – en l’occurrence UML – facilite
une meilleure compréhension mutuelle des contraintes auxquelles sont soumises
les deux parties.
Cela suppose que les personnes
de la MOE et de la MOA aient reçu une formation à UML. Cette formation est
impérative pour la MOA, qui n’a généralement pas acquis auparavant la rigueur
nécessaire à la modélisation.
Les analystes métier s’appuient
souvent, pour modéliser les processus métier, sur des solutions de BPM recourant
à Mega ou à Aris. Cependant UML apporte lui aussi des solutions simples à la
modélisation des processus (diagrammes de cas d’utilisation et d’activité). Les
éditeurs d’outils de modélisation UML proposent à la MOA des solutions pour
formaliser le métier. Les dernières spécifications de l’OMG (UML 2.0) facilitent
l’utilisation d’UML dans les phases amont du développement du SI. Les évolutions
futures rapprocheront les langages de formalisation et de modélisation.
Les MOE s’intéressent de plus
en plus à UML. L’acquisition de ce langage par la MOA facilite son dialogue avec
la MOE. UML permet de partager un même modèle, sur lequel les parties prenantes
disposent chacune de vues adaptées à ses priorités et sa forme d’intuition.
L’outillage du formalisme UML
est de plus en plus complet : la MOA et la MOE peuvent utiliser un même atelier
qui couvrira de façon cohérente toutes les tâches, depuis la mise en forme de
l’expression de besoins jusqu’à la génération de code en Java ou en C++. L’état
de l’art retient de plus en plus UML pour la définition et l’analyse du SI,
ainsi que pour l’élaboration du cahier des charges.
Il est donc opportun, pour les
équipes de maîtrise d’ouvrage, de s’approprier le formalisme d’UML pour assurer
la pertinence des modèles, la cohérence des diverses phases de la modélisation
et de la réalisation, la clarté du dialogue avec la MOE, l’économie du projet,
et enfin l’appropriation des enjeux du SI par l’entreprise. |