Ce petit livre, facile à lire mais
substantiel, fait le tour des problèmes économiques de l’heure et s’appuie sur
un choix judicieux de statistiques.
Bouzou ne fait aucune concession au
« politiquement correct » : il dit le mal qu’il pense de l’ISF, des 35 heures,
de l’inflation du code du travail etc. Il estime qu’il serait possible de
réduire le chômage si les Français le voulaient vraiment. Il se porte à la
défense de l’entreprise, cette mal aimée qui produit le bien-être que nous
partageons.
Il démonte les fausses explications de la
« crise » (la mondialisation, la finance, l’Europe) pour indiquer les vrais
problèmes (les PME sont trop pauvres, le chômage appauvrit les ménages, la durée
du travail est trop faible, les finances publiques sont en désordre) et aboutir
aux solutions (laisser les entreprises faire leur métier, adapter le système
fiscal à la compétition internationale, faire ce qu’il faut pour revenir au
plein emploi, faire le ménage dans les finances publiques).
* *
C’est salubre, même si je n’y trouve pas
tout ce qui me paraît important.
Le métier des entreprises, ce n’est pas
selon moi de « faire des affaires, découvrir des marchés, aller vendre » (p.
106), mais plutôt de produire des biens et services utiles. Il faut par
ailleurs savoir distinguer les entrepreneurs, créateurs de richesse, des
prédateurs qui se déguisent en chef d’entreprise pour détruire de la
richesse.
Bouzou est bien optimiste quand il dit que
les actionnaires ont à moyen et long terme les mêmes intérêts que
l’entreprise (p. 39) : beaucoup d’actionnaires jouent à court terme, et aucune
entreprise ne peut offrir année après année un rendement de 15 % sauf à se
comporter elle-même en prédateur.
Bouzou dit que la pression réglementaire
contraint les entreprises françaises à se spécialiser dans le bas de gamme (p.
68). C’est là un fait des plus inquiétants : dans l’économie contemporaine, qui
s’appuie sur l’informatique et l’automatisation, la qualité est le
critère décisif de la réussite (voir
e-conomie).
Si les consommateurs recherchent le moindre
prix et non le meilleur rapport qualité / prix, si les entreprises refusent de
créer des emplois dans les services, l’économie est bloquée dans un équilibre
sous-optimal qui lui interdit de tirer parti du potentiel de l’appareil
productif. On se trouve alors, mutatis mutandis, dans une situation
analogue à celle que Keynes a diagnostiquée dans les années 30.
Bouzou indique des pistes utiles à ceux qui
voudront restaurer la qualité dans la production, la formation, l’emploi et la
fiscalité. |