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Extrait de James Gleick, "Genius", Vintage Books 1972, p. 236

13 octobre 2001

(à propos de l'efficacité des bombardements : l'expérience de Freeman J. Dyson)

"As the war began, Dyson entered Trinity College, Cambridge. At Cambridge he heard intimate lectures by England's greatest mathematicians, Hardy, Littlewood, and Besicovitch [... ] The British war organization wasted his talents prodigiousily,  assigning him to the the Royal Air Force bomber command in a Buckinghamshire forest, where he researched statistical studies that were doomed, when they countered the official wisdom, to be ignored. The futility of this work impressed him. He and others in the operational research section learned - contrary to the essential bomber command dogma - that the safety of bomber crews did not increase with experience ; that escape hatches were too narrow for airmen to use in emergencies ; that gun turrets slowed the aircraft and bloated the crew sizes without increasing the chances of surviving enemy fighters ; and that the entire British strategic bombing campaign was a failure. Mathematics repeatedly belied anecdotal experience, particularly when the anecdotal experience was colored by a lore whose purpose was to keep young men flying. Dyson saw the scattershot bomb patterns in postmission photographs, saw the German's ability to keep factories operating amid the rubble of civilian neighborhoods, worked through the firestorms of Hamburg in 1943 and Dresden in 1945, and felt himself descending into a moral hell".

Traduction :

"Au début de la guerre, Freeman Dyson entra à Trinity College à Cambridge. Il reçut en petit comité les cours des plus grands mathématiciens anglais : Hardy, Littlewood et Besicovitch [... ] L'armée britannique gaspilla son talent en l'affectant au Bomber Command de la Royal Air Force dans une forêt du Buckinghamshire. Il fut assigné à des études statistiques destinées à rester ignorées lorsqu'elles contredisaient la vérité officielle. La futilité de ce travail était frappante. Avec ses collègues de la section de recherche opérationnelle, il découvrit - contrairement aux dogmes essentiels du Bomber Command - que la sécurité des équipages des bombardiers ne croissait pas avec l'expérience ; que les issues de secours étaient trop étroites pour que les aviateurs puissent les utiliser en cas de besoin ; que les tourelles des mitrailleurs ralentissaient les avions et accroissaient la taille des équipages sans améliorer leur chance d'échapper aux chasseurs ennemis ; et que l'ensemble de la stratégie britannique de bombardement était un échec. Les mathématiques contredisaient régulièrement les idées communément répandues, particulièrement lorsque ces idées avaient pour but de continuer à faire voler de jeunes gens. Dyson constata la dispersion des impacts des bombes sur les photos prises après les missions et la capacité des Allemands à faire fonctionner leurs usines dans les ruines des quartiers civils, il étudia les tempêtes de feu de Hambourg en 1943 et de Dresde en 1945, et se sentit descendre en enfer".