Extrait de :
Jeanne Favret-Saada " Les mots, la mort,
les sorts " Gallimard 1977
"Les notes que je pris en 1971 daprès la bande
magnétique que javais enregistrée au cours de cet entretien portent alors cette
mention étonnante, significative de la surdité qui maffecta si souvent au cours de
mon travail : " Suit une histoire inaudible [...] ". Il me
paraît invraisemblable aujourdhui que seul ce passage ait été inaudible : quand,
plus tard, jy entendis le ronronnement de la machine à laver des Babin, cela ne
mempêcha pas de comprendre leurs paroles. Au pire, Joséphine mavait alors
parlé avec un débit précipité [...]. Lhypothèse la plus probable est donc que
je ne voulais pas entendre le récit de cet épisode capital - sur lequel je ne posai
dailleurs aucune question - parce que de le prendre en considération maurait
conduite à réviser la version que je métais alors constituée de lhistoire
des Babin".
J'ai analysé ce type d'expérience dans "la
tache aveugle".
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