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Commentaire sur :
Paul-Louis Courier (1773-1825), Œuvres

25 mai 2004
 


Liens utiles

- Talleyrand

J’avais feuilleté chez un bouquiniste les œuvres de Paul-Louis Courier dans l’édition Firmin-Didot de 1877. J’ai été séduit par leur style, il m’est resté en mémoire. Je les ai retrouvées en format pdf sur http://gallica.bnf.fr puis imprimées pour les lire à loisir. Je ne saurais trop vous conseiller de faire de même.

Son père l’avait élevé dans le culte de l’antiquité et de la langue grecques. Formé comme officier d’artillerie, il fait la guerre sous la République et l’Empire. Son caractère indépendant l’empêche cependant d’avancer au-delà du grade de commandant.

Il décrit la guerre en Calabre dans des lettres qui ont dû faire les délices de Stendhal. Cette guerre est affreuse : parmi les soldats qui tombent dans une embuscade, les plus chanceux trouvent la mort, les prisonniers « servent de jouet pendant quelques jours à leurs bourreaux » qui « les font brûler bien doucement ». Des massacres répliquent aux embuscades.

L’officier érudit se régale, entre deux guets-apens d’où sa connaissance de l’italien, son éloquence et surtout la chance le tirent de justesse, à découvrir des restes de l’antiquité, traduire des inscriptions, dénicher des manuscrits inconnus. Ses traductions du grec sont exemplaires ; la préface de son Hérodote est une bonne introduction à l’histoire de la littérature.

Une de ses découvertes occasionnera un conflit avec des bibliothécaires de Florence : je vous laisse le plaisir de lire ce récit plein de verve.

*  *

Courier n’aime pas les massacreurs. S’il respecte le général Bonaparte, il n’estime pas l’empereur Napoléon : « quand on s’appelle Bonaparte, se faire donner du Sire, c’est descendre ». Il déteste les courtisans.

Sous la Restauration il reprend l’exploitation agricole de ses parents. Les « cagots » qui sont alors au pouvoir lui répugnent. Il publie des pamphlets qui s’inspirent des Provinciales de Pascal : Pétition à la Chambre des Députés pour les villageois que l’on empêche de danser (1820), Simple discours (1821), Pamphlet des pamphlets (1824) etc. ; s'y s’ajoutent les lettres qu’il fait publier par des journaux. Ces écrits étincelants lui valent une gloire que les condamnations à des peines de prison ne font qu’accroître.

Il fallait du courage, à l’époque, pour mettre les rieurs de son côté avec tant d’insolence ; mais sans doute était-il difficile pour les cagots d’intimider un homme qui avait si souvent vu la mort de près.

Courier se savait menacé par des ennemis politiques. Il finit à 52 ans, assassiné d’un coup de fusil par un de ses domestiques.

Sa langue limpide et vive me paraît supérieure à celle de Stendhal et peut-être même à celle de Chateaubriand ; elle est évidemment supérieure à celle de Balzac. Il cite souvent et à propos Pascal, La Fontaine et Molière qui étaient ses seuls maîtres après les Grecs. En le lisant on prend deux leçons à la fois : l’une de français, l’autre de courage civique.