RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

Commentaire sur :
Romain Gary, Chien blanc, Gallimard 1970

Pour lire un peu plus :

- Le triangle médiatique

Vous piochez dans la bibliothèque d’un ami, feuilletez des livres, une phrase vous saute à la figure. Alors vous notez le titre du livre ou vous l’empruntez.

Chien blanc, publié en 1970, nous parle comme s’il était écrit aujourd’hui. Romain Gary était un homme sensible et impulsif et il avait du mal à se « tenir en laisse ». Les bons sentiments politiquement corrects, le mensonge à soi-même (qui est le pire des mensonges, voire le seul mensonge) le mettent hors de lui. Il respecte la loyauté, la générosité, la droiture.

Son épouse, Jean Seberg, milite pour la cause des noirs américains – mais que vaut cette cause si elle répond au mépris par la haine et si elle fait porter aux blancs d’aujourd’hui, comme un péché originel, la responsabilité de crimes commis par leurs lointains ancêtres ? Pour soulager une mauvaise conscience douloureuse, Jean Seberg se ruine en signant chèque après chèque à des escrocs à peau noire.

Gary a vu de près, lors de ses voyages, la misère et l’oppression ; lorsqu’il arrive à Paris en mai 68, il qualifie les « événements » d’une phrase qui frappe comme un coup de griffe : « une émeute de souris dans un fromage ».

Il rapporte des propos de Robert Kennedy d’une étonnante actualité : « Nous vivons à une époque d’extraordinaire contagion psychique. Parce qu’un type tue Martin Luther King, un « contaminé » à Berlin va immédiatement tenter de tuer un leader des étudiants allemands. Il faudrait faire une étude profonde de la traumatisation des individus par les mass media qui vivent de climats dramatiques qu’ils intensifient et exploitent, faisant naître un besoin permanent d’événements spectaculaires. (…) J’en viens même à me demander si une sorte de besoin de création ne finit pas par pousser à la violence ceux des jeunes qui n’ont pas de talent artistique ou d’autres moyens de s’exprimer ».

En effet si l’imaginaire a pour seul horizon de devenir vedette, prince ou princesse, de passer à la télévision, de faire parler de soi dans les journaux, tous les moyens ne sont-ils pas bons ? Youssouf Fofana plastronne devant les journalistes, des imbéciles s’inspirent de son exemple, alors que celui qui fait effort pour maîtriser ses impulsions et comprendre sa situation passe pour un pauvre type, que celui qui aime à lire est méprisé...

Le goût pour la rigueur classique, jadis signe de conservatisme et de conformisme obtus, n’est-il pas devenu une forme de résistance envers la correction politique et culturelle ? Après avoir subi une collision avec la musique techno, quelle fraîcheur on trouve dans Haendel et Scarlatti...