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Angus Maddison, Growth and Interaction in the World Economy, AEI Press 2005

2 juillet 2006

Pour lire un peu plus :

- Une histoire de la comptabilité nationale
- e-conomie

Ce petit livre est le texte d’une conférence lors de laquelle Angus Maddison a condensé le résultat de ses travaux et réflexions.

Maddison a appliqué à l’histoire les méthodes de la comptabilité nationale (population, durée du travail, capital fixe, fonction de production, PIB, exportations et importations, consommation et épargne etc.). Il a ainsi évalué sur quelques siècles les comptes du monde, des continents et des nations. Cela lui a fourni des séries longues dont l’examen est instructif.

Une telle démarche a de quoi faire frémir le statisticien qui connaît la fragilité des sources et qui, surtout, s’inquiète de voir appliqué, à des systèmes économiques très différents, un cadre conceptuel qui a été conçu à partir des années 1930 pour décrire une économie très spécifique et datée. Mais cette rigueur, si on lui obéit jusqu’au bout, invalide toutes les séries chronologiques longues et même des séries relativement courtes, qui toutes s’obtiennent en plaquant un même cadre conceptuel sur une réalité historique changeante. Il n’est pas illégitime de s’en affranchir à titre d’exercice pour « voir ce que cela donne » tout en gardant l’esprit critique.

L’évaluation quantitative, dans sa froideur, contribue à éclairer des questions qui nous tracassent : comparaison entre l’économie de la Chine et celle de l’Europe ; rôle de l’esclavage ; déploiement, richesse puis régression de l’islam, de l’empire espagnol ; conquête du monde par l’Angleterre, confortée par son industrialisation ; transformations de la démographie etc.

Maddison voit dans la rupture de 1973 la fin d’une période de croissance. Il ne perçoit pas le changement de système technique dont cette rupture a été l’occasion, l’émergence d’une synergie entre le logiciel et la microélectronique et l’automatisation qui en est résultée. Il juge erronées les tentatives qui visent à tenir compte de l’effet qualité dans l’évaluation du PIB en volume.

Comme il s’appuie sur la comptabilité nationale, adéquate au système technique qui cultivait la synergie entre la mécanique et la chimie, il est en effet désarmé pour décrire l’économie, la société qui se construisent autour d’un système technique tout autre. Il n’est pas le seul : dans cette économie, dans cette société, n’avançons-nous pas à l’aveuglette ?