Commentaire sur :
François-Xavier Verschave et Laurent
Beccaria "Noir procès" Les Arènes 2001
10 juin 2001
"Noir procès" est le compte rendu
pratiquement exhaustif du procès intenté par trois chefs d'État africains à
l'auteur et à l'éditeur de "Noir silence".
Ces chefs d'État jouaient gagnant : la loi française punit de façon
automatique l'offense à chef d'État. Et pourtant ils ont perdu, le tribunal
ayant jugé cette loi contraire aux articles de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme relatifs à la liberté d'expression. Ce
jugement fera sans doute jurisprudence.
S'agissant des droits de l'homme, les témoignages
fournis à l'occasion de ce procès dressent un tableau très... noir. Les chefs d'État
en question sont qualifiés, selon les cas, de tueur sanguinaire, de tueur
simple ou de simple voleur. La politique française, honte à nous, obéit dans
ses grandes lignes au système de prédation dont j'ai décrit le mécanisme
dans la fiche sur "Noir silence".
Je participais un jour à l'un de ces groupes de
travail où les mieux intentionnés de nos technocrates
travaillent pour le bien
de notre pays. On s'interrogeait autour de la table sur les raisons de la
prospérité des pays riches et de la pauvreté corrélative des pays pauvres.
J'ai évoqué la prédation, qui selon moi explique cette
évolution, et cité "Noir silence". J'avais commis là une faute contre
le goût, mes collègues me l'ont bien fait sentir. Ces questions-là ne sont pas "fashionables". Je dois dire que
ma
réponse n'a été ni diplomatique, ni aimable.
"Noir silence" a attiré mon attention
sur "Les Arènes", courageuse petite maison d'édition. Je vous
suggère de faire un tour sur www.arenes.fr.
J'y ai découvert "Commentaire$", qui décrit le fonctionnement du
"clearing" interbancaire et qui a déclenché l'enquête sur
Clearstream.
Il est "fashionable", mais un peu lâche,
de tourner en
ridicule ceux qui font un travail d'enquête pénible sur les sujets dont tout
le monde se détourne pudiquement. Ils font un travail utile en nous
permettant de dépasser le cercle étroit des sujets à la mode.
Il faut savoir les lire et retenir ce qu'ils apportent
de révélateur sur les dessous de notre riche civilisation.
|