Commentaire sur :
Pascal Roques et Franck Vallée, UML en
action, Eyrolles 2003
15 février 2003
Le langage UML
est devenu un standard pour la modélisation des systèmes d'information. Ce
langage n'est pas difficile à apprendre : l'expérience a montré qu'un expert
métier, non informaticien, pouvait l'apprendre en
quelques semaines et utiliser ensuite avec beaucoup de naturel les notions de
classe, héritage, association etc. Je me rappelle le visage stupéfait des
membres d'un comité de direction le jour où un expert métier, personne de la base que l'on avait fait venir pour
aider les concepteurs de la DG, présenta le modèle métier dans la plus pure terminologie UML.
Mais pour parvenir à ce naturel il faut une
imprégnation : cette personne avait travaillé pendant
trois semaines d'affilée avec un modélisateur. En trois semaines, en
travaillant huit heures par jour, elle avait eu le temps d'assimiler UML. Elle
avait fait, en somme, un séjour linguistique en UML.
Tout le monde n'a pas la chance de faire un tel
séjour. Passé un certain âge, parvenu à un certain niveau hiérarchique, vous n'aurez
plus l'occasion d'écrire un
modèle ni de participer à une modélisation comme expert métier. Il vous
manquera donc toujours ce naturel qui ne s'acquiert que par la pratique. Vous saurez sans
doute, intellectuellement, à quel point UML est important, quelle étape il
représente dans l'art de la modélisation ; mais vous ne saurez pas parler en UML -
et vous serez frustré comme celui qui aimerait bien connaître une langue
étrangère mais n'a jamais eu et n'aura jamais l'occasion de la parler.
Pour se familiariser avec une langue étrangère
et à défaut d'un séjour linguistique, vous pouvez acheter et pratiquer la méthode Assimil, ce sera mieux que rien.
Pour UML vous pouvez utiliser
UML en action, qui est (presque) la méthode Assimil d'UML. J'ai dit "presque", parce que ce livre
ne présente pas les concepts d'UML : le lire sans un minimum de formation
préalable, ce serait comme se lancer dans
l'étude de l'arabe sans avoir appris l'alphabet.
Avant d'aborder UML en action,
il faut avoir lu UML distilled de Martin Fowler, Addison Wesley 2000, ou mieux The
Unified Modeling Language User Guide, de Booch, Rumbaugh et Jacobson,
Addison Wesley 1999. Après l'une ou l'autre de ces lectures vous
connaîtrez le vocabulaire d'UML mais vous ne saurez pas comment il se met en
oeuvre, comment on le parle. C'est là qu'il faut lire UML en action qui les complète utilement.
UML en action décrit en effet de bout en
bout la mise en oeuvre d'UML pour modéliser un SI particulier (le SI d'une
entreprise de transport). Vous êtes comme assis à côté du modélisateur et vous voyez, étape par étape, comment il s'y prend. Il vous
parle, vous explique ce qu'il fait et pourquoi il le fait ainsi.
Comme avec la méthode Assimil, il faut déguster
UML en action à petites doses quotidiennes. Pour ma part j'ai lu un
chapitre par jour (le livre contient 11 chapitres). Cela prend entre une demi-heure
et une heure. Il faut lire soigneusement,
le crayon à la main, souligner les mots que l'on ne comprend pas,
surligner les mots qui apportent une articulation du discours. Le
texte, sans être difficile, n'est pas toujours d'une clarté parfaite : on
croit, en le lisant, entendre ces praticiens qui savent agir exactement, mais
pas toujours parler exactement (voir Ensemble
et organisme). Si
l'on ne comprend pas tout il ne faut pas s'affoler : il faut simplement noter le passage et
tabler sur l'assimilation progressive que procure une lecture
régulière.
Après avoir fini le livre, on doit revenir sur les
difficultés rencontrées, remonter à The Unified Modeling Language User
Guide pour chercher les définitions exactes des termes ambigus. Puis, si un
jour on a la chance de pouvoir faire un séjour linguistique, il faudra saisir l'occasion de
voyager au pays des modélisateurs pour qui UML est la langue naturelle.
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