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Témoignage : la vie dans une SSII

3 mars 2002

Ce témoignage vient d’un ingénieur qui travaille dans une grande SSII (que nous nommerons YYY) dans le cadre d’un contrat avec une grande entreprise (que nous nommerons XXX).

"Je travaille à la création du système d’information de XXX. Ma mission est de faire le recueil des besoins en relation avec le client et de définir le périmètre fonctionnel du SI.

"YYY a mis en place des groupes de travail (4-5 personnes par groupe plus un « rapporteur ») pour définir les besoins fonctionnels de XXX dans le cadre de chaque processus métier. Cela risquait de donner trop libre cours aux demandes des utilisateurs mais les divers interlocuteurs, et particulièrement le rapporteur, ont pour objectif de réaliser un SI sobre et évolutif. Le recueil des besoins et la définition du périmètre fonctionnel ont donc pu être réalisés et validés dans de bonnes conditions.

"Puis vint la phase de réalisation des spécifications fonctionnelles. Certains de nos directeurs, personnes qui ont pourtant une vingtaine d’années de métier, nous ont ordonné de livrer au client des documents incomplets et erronés. L’essentiel était selon eux de respecter les délais car « la logique forfait veut qu’on fasse vite » (donc pas forcément bien.) Il m’a fallu beaucoup d’énergie pour leur faire admettre qu’un livrable, même dans la « logique forfait », devait être réalisé de la manière la plus parfaite possible pour éviter des re-livraisons et circuits de validation répétés.

"Puis les mêmes directeurs ont découvert à leur grand désarroi que le délai de validation des documents ne serait jamais inférieur à 15 jours ouvrés (c’était la proposition de YYY dans le « plan qualité projet »). Ce délai est pourtant raisonnable car les documents comportent à la fois les processus métier, les fonctionnalités demandées, celles offertes par le SI et surtout le modèle UML (cas d’utilisation, diagrammes de séquence et de classes). J’avais proposé de les scinder en plusieurs documents pour que leur lecture soit plus facile et leur validation plus rapide mais cette proposition a été rejetée car, pensent nos directeurs, « il est plus long d’écrire quatre documents qu’un seul ». Sur ce point j’ai été contrainte de céder.

"Je dois reconnaître le courage de mon interlocuteur côté client. Il a décortiqué jusqu’aux plus fins détails cet énorme document, et m’a dit après coup avoir frôlé l’indigestion.

"Ma mission est très intéressante. Mon seul regret est d’avoir du mal à trouver des informations de retour d’expérience, des propositions de méthode, des cas d’études. Vos lettres  montrent bien les écueils sur lesquels on peut sombrer. J’y reconnais les problèmes que je rencontre dans la relation avec la maîtrise d’ouvrage côté client et en interne à YYY."