Dans les années 90, les oligarques russes
ont recruté parmi les membres des « services » pour se doter de leurs propres
services de sécurité et de renseignement. Ces personnes, qui doivent alors
participer à des
activités illicites ou criminelles, ont conservé dans les « services » des
relations qui à l’occasion les protègent.
Poutine avait maintenu un équilibre entre
les clans rivaux. La perspective de son départ déchaîne maintenant les conflits entre les
« services », les oligarques, les représentants du pouvoir central et ceux des
régions etc.
Ainsi le FSKN, chargé de la lutte contre le trafic
de drogue, et le FSB se battent entre eux. Tous deux sont dirigés par des
proches de Poutine (respectivement Viktor Tcherkessov et Nikolaï Patrouchev).
Le FSB a arrêté quatre agents du FSKN
accusés d’écoutes illégales, dont un général ; ils enquêtaient sur une affaire
de contrebande de meubles dans le cadre de laquelle dix-neuf agents du FSB, dont
deux généraux, ont été arrêtés l’an dernier. Le 27 octobre, deux agents du FSKN
ont été retrouvés morts empoisonnés à Saint-Pétersbourg.
Cinq anciens hauts gradés du KGB ont publié
en page une du journal Zavtra une lettre ouverte intitulée « Ne pas
pousser à la catastrophe » : « Faites chacun un pas l’un vers l’autre !
écrivent-ils. Sinon, croyez-en notre expérience, de grandes catastrophes peuvent
arriver ».
Source : Jean-François Guélain, « L’appel
au calme de cinq ex-KGB », Libération, 2 novembre 2007 |