Réponse de Frédéric
Lefebvre-Naré à l'opinion sur la sécurité
" Luttwak dit que le
besoin maladif de sécurité compense un risque économique
refoulé. "
Ne confondons pas le discours des
médias et l'opinion publique, même s'ils interagissent.
Et ne désignons pas trop vite
l'opinion publique comme malade !
La demande de sécurité de la
part de l'opinion a fait un bond phénoménal en 1998 dans une enquête
sérieuse à protocole fiable (le baromètre de satisfaction du STP),
corroborant d'autres sources pour autant que j'en ai connaissance.
Pour éviter les chiffres, je
vois bien en tant que représentant de parents d'élèves que la
"sécurité des enfants" est non seulement l'ultima ratio, mais bien
la sola ratio de toutes les discussions autour de notre école.
Le sentiment d'insécurité, lui,
n'évolue pas significativement dans l'opinion publique (des baisses, des
hausses, selon les sujets et les sources, le tout modéré, y compris dans
l'enquête précitée).
Les médias, pour parler
sécurité ce qui répond à une demande de leur public, reprennent en gros leur
discours des années 90-95 qui était basé sur le sentiment d'insécurité
(92-93 est la période où la délinquance a été la plus forte en France
d'après les stats de la Police et de la gendarmerie, interieur.gouv.fr).
Donc je ne crois pas qu'il y ait
en France un "besoin maladif de sécurité" mais plutôt la conviction
(nouvelle) que, primo nous vivons dans un monde changeant et incertain, secundo
l'initiative personnelle (sociale, économique ...) y est possible et contribue
à changer les choses (Cf. ce que vous dites de l'opinion publique et de F.-X.
Verschave), tertio la sécurité personnelle est un des bénéfices possibles de
cette action locale.
Je crois que les Français
croient (sic) à une sécurité positive, active, qui se construit (entre autres
par la revendication), par opposition à une vision, héritée de l'empire
romain, de sécurité négative (lutte contre l'insécurité), passive (c'est
l'affaire du pouvoir d'Etat), qui se reçoit ou dont on déplore l'absence.
La sécurité de la personne et
de la propriété fait partie des droits de l'homme (1789). A l'époque, déjà,
on voulait protéger ce droit, non pas par l'Etat contre l'emprise d'acteurs
micro, mais par la mobilisation de la société civile (Tiers Etat) contre une
menace de nature macro (celle de l'État du pouvoir absolu).
Bon, mais j'ai du mal à avancer
sur ce thème car il n'y a pas de commanditaires pour financer des travaux sur
ce thème. La plupart des acteurs sociaux se méfient du thème de la sécurité
car "manipulé par le Front National", sauf les grands marchands de
sécurité, qui eux ont tout intérêt à conforter l'ancienne vision.
La seule exception est
constituée par les petits marchands de sécurité (alarmes domestiques,
assurances contre le vol ...) et vous remarquerez que certains ont pris un
tournant remarquable avec une communication chaleureuse, parlant de ce qu'on
veut protéger et non de ce qu'on risque ex. : communication basée sur la bande
dessinée chez les Assurances du Crédit Mutuel. Mais ça reste une évolution
timide.
|