Une informaticienne m'a
écrit que la Lettre à M. le PDG "tombe juste et fait mal au bon endroit". Elle
m'a aimablement communiqué le témoignage que je reproduis ci-dessous.
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J’ai travaillé 20 ans
dans l’industrie et depuis 2 ans en SSII.
Je pense que l’état du
système d’information est pire que tout ce qui peut exister ailleurs dans nos
entreprises pour trois raisons principales :
1)
Les DSI
s’intéressent essentiellement à leurs grandes réussites techniques :
- signer un contrat
select avec la société de logiciels X, ou
- mettre en place des
standards du marché de l’informatique.
L’utilisation du SI n’est
jamais pilotée de façon globale dans les grandes structures car ce serait trop
complexe. Comment cartographier une zone géographique qui change tout le temps ?
Un matin, nous avons des montagnes, le lendemain des plaines et une ville !
L’état des SI change tout le
temps, mais qui pilote ces changements : les exigences métiers ou les évolutions
technologiques ?
On pourrait imaginer un
monde où la cartographie précède la réalisation et le changement. Mais c’est
paraît-il impossible car trop cher ! En effet, cela suppose des équipes de
modélisateurs de processus, d’urbanistes de qualiticiens qui n’ont de valeur
ajoutée ni technique ni métier : ils ne font que regarder et analyser le travail
d’autrui, alors on estime qu’ils ne produisent rien.
2)
La
dissémination des connaissances technologiques et techniques
Il est devenu beaucoup
plus difficile de maîtriser l’informatique d’aujourd’hui, empilage de couches
successives.
Je me souviens d’une
époque pas si lointaine (1990) où nous étions capables à deux sur un Digital de
piloter des applicatifs internationaux, le réseau, les bases de données
scientifiques (scientifiques, donc gros volumes), la messagerie, les imprimantes
etc. et en outre nous faisions du développement applicatif et installions les PC
des utilisateurs…
Ce serait impensable
aujourd’hui : nous achetons des composants développés par d’autres et que nous
empilons sans les maîtriser. On ne fait plus d’informatique, on joue au Lego,
mais sans la notice de montage. Tous ces éléments sont incompatibles et
indépendants alors que dans le Lego, au moins, une brique rouge peut toujours
s’assembler avec une brique jaune !
Les SI sont composés de
ces éléments disparates que les DSI ne maîtrisent pas. Il n’est pas
étonnant que le SI ne soit pas maîtrisé !
Ce phénomène est d’autant
plus accentué que les SSII qui assurent la maintenance de nos systèmes sont
organisées en « towers » (tours) étanches : chaque opérateur a un domaine de
compétence spécial et étroit.
3)
Nos
dirigeants méconnaissent la criticité de leur SI :
Le SI ne fait pas
pas partie du cœur de métier des entreprises. Si c’était le cas, il
serait gardé comme un trésor et on ne le confierait pas à des hébergeurs et SSII :
celui qui a la meilleure connaissance du SI, c’est celui qui le développe et qui
en maîtrise les « règles de gestion », et non celui qui l’utilise.
Donc nos dirigeants
acceptent de confier ce trésor à d’autres, de le placer en dehors de leur sphère
de décision ! Pourquoi ? Ce n’est qu’une bête question d’argent : l’entreprise
ne vend pas de l’informatique mais des voitures, des réfrigérateurs, des
placements financiers. Le SI qui permet de fabriquer les produits que l’on vend
n’est pas lui-même vendable.
L’informatique est un
coût et il est bien connu que pour maximiser le profit soit
on augmente le chiffre d’affaires, soit on baisse les coûts. Donc on baisse les
coûts en recourant à des SSII ! |