RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

 Economie des nouvelles technologies

Chapitre 7

Audiovisuel

Futur de la télévision
   Avenir technique
    Différenciation
    Le multimédia
L'économie du péage
Reconfiguration de l'offre
Loi des "trois états"
    Stade 1 : "télévision - bien public" de l'Etat
    Stade 2 : "télévision - produit" des programmateurs
    Stade 3 : "télévision - service" des distributeurs
Acteurs de la télémédiation
    Le "sablier", modèle des phases 1 et 2
    Le "modèle du réseau"
    Valorisation du stock
Globalisation et libéralisation

La production audiovisuelle est, selon l’expression de Pierre Musso, une " production de prototypes ", car il s’agit – comme pour le logiciel – de produits dont le coût marginal de reproduction ou rediffusion est négligeable par rapport au coût de production initiale. La production audiovisuelle est donc " à coût fixe ", l’équilibre de ce marché obéit aux lois de la concurrence monopoliste, et notre modèle permet de l’éclairer.

Il est aisé de penser le futur de la télévision en suivant le déterminisme technologique ou en extrapolant les tendances de son utilisation. Cependant, si la partie émergée du futur audiovisuel est d’ordre technico-économique car l’offre est structurante dans ce domaine, les usages et appropriations sociales de ces innovations obéissent à d’autres logiques. Les implications culturelles et politiques de l’audiovisuel le situent à un carrefour de déterminations qui englobe et déborde la dimension économique (1).

Futur de la télévision

Le futur de la télévision s’ordonne autour de trois axes :

  • différenciation de l’offre de programmes et amélioration qualitative de l’image et du son grâce aux techniques numériques et à la compression du signal,
  • programmation individualisée due au développement de l’interactivité et à la diversification de l’offre,
  • entrée dans l’ère du " multimédia " : offre multiple de vidéoservices et hybridation des images et sources d’information, mélange sons - images - données sur les mêmes terminaux.

Avenir technique

Après la fin des illusions européennes sur la stratégie de télévision haute définition (D2 Mac), l’avenir technique de la télévision à moyen terme fait l’objet d’un consensus autour du thème de la " télévision numérique et interactive ". Il s’agit d’une télévision offrant une image et un son de grande qualité, la possibilité de transactions interactives entre émetteur et récepteur (d’abord jeux et téléachat, puis toutes formes d’échanges) et multipliant l’offre de programmes (jusqu’à 500 chaînes au domicile).

La télévision du futur apportera donc une amélioration qualitative du point de vue technique et une augmentation quantitative de programmes. Elle pourra être visionnée aussi bien sur un récepteur de télévision numérisé que sur un écran d’ordinateur ou sur tout autre écran électronique ou télématique. Les écrans vont se multiplier au domicile (vidéophone, minitel, ordinateur, consoles de jeux...), faisant émerger une " culture de l’écran " : les écrans plats à cristaux liquides sur le modèle de ceux des micro-ordinateurs, mais de plus grande dimension, se diffuseront dans les années 2005-2010.

Différenciation

La seconde innovation est l’offre croissante de chaînes grâce à la multidiffusion permise par les techniques numériques et la compression du signal. Elle sera corrélative d’une personnalisation accentuée, mais surtout du transfert de la fonction de programmation vers le téléspectateur. Le " zapping " ou la rediffusion grâce au magnétoscope ne sont que les prémices de cette programmation individualisée.

La croissance sera favorisée par le multi-équipement et la généralisation de la pratique vidéo - et des techniques de l’image - à l’entreprise, à l’école, dans le secteur de la santé et au domicile où les terminaux multimédias, comme le CDI, le CD-Rom ou le vidéotex offriront une panoplie de services. L’explosion des jeux vidéo interactifs chez les jeunes est une amorce de ce phénomène.

Après la " génération télé " bien installée arrive la " génération jeu vidéo ", et bientôt la " génération multimédia ".

Le multimédia

La possibilité de mélanger des images de natures diverses (vidéo, de synthèse, virtuelles), des sources d’information (banques de données d’images, de sons, productions d’images…) et d’intégrer divers médias (sons, images, données) converge vers le " multimédia ", facilité par la baisse des coûts des composants, donc des matériels.

Le multimédia accentuera le transfert de la fonction de programmation vers le téléspectateur qui devra bénéficier d’outils logiciels de sélection des programmes. L’assistance à la programmation devient un enjeu : des logiciels sont expérimentés, et l’écran mosaïque présentant les programmes est banalisé sur les réseaux câblés.

La notion de " genres " qui fonde aujourd’hui la programmation télévisuelle va être mise en cause tant par la programmation individualisée que par le développement des techniques virtuelles avec les images de synthèse mêlées aux images vidéo.

De plus, le téléviseur numérique sera un terminal d’accès à des services multiples et multimédias : par connexion à des banques d’images ou à des sources documentaires (musées, formations, santé…). Il faudra parler de " vidéoservices " plus que d’audiovisuel : les fonds documentaires des musées, bibliothèques, d’entreprises seront sollicités (2) pour alimenter des pipe-lines de l’information et de la formation.

L’économie du péage

Une autre évolution semble acquise : la croissance du financement direct par le téléspectateur, le péage des programmes.

La télévision fut d’abord (en France jusqu’en 1968, en Italie jusqu’à 1957) financée par la redevance, taxe parafiscale assise sur le parc de récepteurs. Puis la publicité, paiement indirect par le téléspectateur - consommateur, a pris de plus en plus d’importance jusqu’à représenter plus de la moitié des recettes globales de la télévision.

Depuis le milieu des années 80, c’est le péage qui se développe avec l’abonnement à des chaînes cryptées soit hertziennes (Canal Plus en France, TV Più en Italie) soit par satellites ou réseaux câblés. Ce mode de financement va croître dans les années à venir, sur le modèle nord-américain qui fait payer les émissions à la consommation (" pay-per-view " ).

L’audiovisuel crée donc une " économie des compteurs ", un paiement à la consommation comme pour l’électricité, l’eau ou le téléphone. Les compteurs sont offerts par les diffuseurs de programmes cryptés. Le " boîtier " d’accès est essentiel à la gestion audiovisuelle future : la bataille pour le boîtier convertisseur de la télévision interactive est déjà engagée. Intel et Microsoft se sont associés à General Electric pour l’offrir en 1994. Time Warner a trois projets, Sega et Nintendo travaillent aussi sur ce boîtier. L’enjeu est de détenir la clef d’entrée du foyer, d’observer le choix des téléspectateurs, de maîtriser le contact client.

Après la " pay TV ", le " pay per view " est suivi du " Nearly Video on Demand " (NVOD) c’est-à-dire du redémarrage du programme tous les quarts d’heure, puis du " Video On Demand " (VOD), qui permet le choix du programme quand on veut (télévidéothèque, avec chargement en quasi-temps réel) (3) .

L’audiovisuel est une économie à coûts fixes dont le développement est lié à l’extension de sa sphère de distribution. Depuis l’origine, l’industrie nord-américaine a multiplié les marchés de diffusion à l’intérieur des Etats-Unis (salles, vidéo, networks, syndication, câble) et à l’exportation. Ce sont autant de moyens de multiplier la diffusion de produits dont le coût de fabrication est élevé.

Or la décennie 80 a élargi la distribution à l’échelle planétaire, grâce à la dérégulation qui a provoqué dans la plupart des pays la suppression des barrières dues aux monopoles publics de radio - télévision. Cela a créé une nouvelle opportunité pour amortir les produits audiovisuels des majors d’Hollywood.

L’internationalisation et la globalisation du marché sont ici essentiels. La guerre de la communication exige la mobilisation de capitaux pour financer l’innovation et pour la constitution de portefeuilles de titres et droits audiovisuels. Les alliances se multiplient, entraînant une concentration qui ne peut que se renforcer encore.

Le rythme des innovations technologiques semble donc moins déterminant que le rythme des processus d’internationalisation-concentration de l’audiovisuel. En effet, le numérique et les techniques de compression d’images peuvent être utilisées de mille façons en fonction des stratégies des opérateurs dominants. On l’a vu en Europe sur la question du D2 Mac : les industriels vendaient la qualité de l’image pour promouvoir la " haute définition ", les programmateurs vantaient le format " 16/9 " ou la multidiffusion de programmes : c’est finalement la position stratégiquement forte de ces derniers qui a provoqué l’échec du D2 Mac.

On ne peut donc dissocier les innovations technologiques de la puissance et de la stratégie des acteurs qui pourront imposer tel produit ou telle norme.

Reconfiguration de l’offre

Le consensus sur la " télévision numérique et interactive " cache mal des questions moins techniques que stratégiques : quel sera le rythme de mise en œuvre de ces innovations ? La stratégie, les alliances et les conflits entre grands acteurs de l’offre seront, avec le mode de régulation, l’élément déterminant. C’est pour cela que se mènent en parallèle de grands regroupements dans l’industrie de la communication et les négociations du GATT sur le commerce international. Stratégies des groupes et mode de régulation sont les deux paramètres qui ordonnancent la télévision du futur. Ils dirigeront la sélection dans le foisonnement des innovations techniques

En effet, si l’objectif de la télévision numérique est visé par tous les acteurs, le calendrier et les voies pour l’atteindre sont l’enjeu de batailles industrielles à l’échelle mondiale, notamment entre les groupes japonais de l’électronique grand public (Sony, Matsushita), les groupes américains (opérateurs des télécommunications, ATT, "  Baby Bells ", câblo-opérateurs, majors d’Hollywood) et européens (Thomson, Philips, Siemens, Berlusconi, Canal Plus ou la CLT).

Une trentaine de groupes disposent des clés de ce jeu de go planétaire. Les alliances, rachats, fusions qui se multiplient aux Etats-Unis entre majors d’Hollywood, industries de l’électronique, opérateurs des télécommunications et câblo-opérateurs vont ordonner durablement l’offre de services de communication. Le gigantisme financier caractérise ces restructurations : Bell Atlantic a dépensé 30 milliards de dollars pour racheter le premier câblo-opérateur TCI.

Cette " guerre économique " de la communication - sous le nom de dérégulation - se joue entre un nombre toujours plus restreint d’acteurs. Lewis Platt, PDG d’Hewlett Packard, annonce l’apparition de " quelques oligopoles " et Graig Mc Caw, président de Mac Caw Cellular Communications, annonce " La tendance se dessine très nettement. D’ici à cinq ans, le monde entier se ralliera sous deux ou trois bannières, quatre au plus "(4).

La méga alliance entre Mastsushita, ATT, Apple, Sony, Philips et Motorola, dénommée " General Magic " conclue en février 1993 pour développer des communicateurs personnels dotés de fonctions multiples (messagerie, bases de données, téléachat…), vise aussi à développer des logiciels et des langages d’accès universels.

Deux alliances majeures entre câblo-opérateurs américains et compagnies régionales du téléphone ont donné en 1993 le signal de départ : celles de US West avec Time-Warner et le rachat de TCI par Bell Atlantic. La modification de la réglementation nord-américaine explique ces croisements, mais c’est surtout la perspective de la télévision numérique et des applications multimédias qui les légitiment. Les grands acteurs en sont les industriels de l’électronique grand public, notamment les Japonais Sony et Matsushita qui ont pris pied dans les studios d’Hollywood, ainsi que les câblo-opérateurs, à commencer par Time-Warner et TCI, enfin les opérateurs de télécommunications issus du démembrement d’ATT.

Les groupes de communication audiovisuelle voient arriver dans leur capital les géants de l’électronique grand public (Sony et Matsushita à Hollywood) et aussi les opérateurs de télécommunications et les câblo-opérateurs, comme le montre la bataille que se livrent la chaîne de téléachat QVC Network et le câblo-opérateur Viacom qui ont proposé 4,8 milliards de dollars pour le rachat de 51% du capital d’un des derniers grands studios, Paramount.

Pourquoi un tel acharnement autour du contrôle des sources de programmes (studios, musées…), alors que l’audiovisuel est un " nain économique ", comparé aux télécommunications et à l’industrie électronique ?

Pour répondre à cette question, il faut revenir sur l’histoire de l’audiovisuel européen, car sa dérégulation depuis une quinzaine d’années révèle les enjeux de la redistribution planétaire des cartes. ".

wpe1.jpg (24124 octets)

Loi des " trois états "

L’histoire de la télévision et de ses modes de financement en Europe du Sud (Italie, Grèce, Espagne et France) fait apparaître la " loi des trois états " mise en évidence par Pierre Musso (5) . La télévision est passée par trois phases successives :

  • monopole public avec à l’origine un financement exclusivement public,
  • système mixte privé - public avec un financement redevance - publicité,
  • système où la télévision est payée directement par un client, soit par abonnement, soit à la consommation .

Le téléspectateur - citoyen - électeur devient consommateur de programmes et de produits, puis se transforme en client - abonné (modèle Canal Plus ou câble). La télévision, d’abord considérée comme un " bien public ", est devenue un " produit " avant de se transformer en " service".

Stade 1 : " télévision - bien public " de l’Etat

Au début, avec les monopoles publics, ce sont les financements publics par la redevance qui régulent l’audiovisuel. L’Etat est l’acteur central en exerçant un contrôle politico-culturel de l’opinion publique, via les médias audiovisuels. L’Etat forme et informe l’opinion publique, " fabrique " des téléspectateurs citoyens - électeurs. Le financement par la redevance est le corollaire de ce rôle de la télévision publique. La régulation de la télévision s’opère dans un espace national et organise les rapports local - national.

Ce modèle entre en crise sous une double pression : celle du mouvement social qui critique le contrôle politique de la télévision par les partis de gouvernement et celle des agences de publicité et de certains annonceurs qui veulent " déverrouiller " le marché publicitaire en période de croissance économique.

Stade 2 : " télévision – produit " des programmateurs

L’introduction du financement publicitaire puis sa généralisation dans les années 70 avec l’apparition des télévisions commerciales modifie la régulation. Un système de mixité privé - public est recherché. L’offre de programmes et de chaînes explose.

Le téléspectateur devient consommateur d’images et de produits : objet des mesures d’audience, il complète le téléspectateur - citoyen objet des sondages.

L’Etat se désengage partiellement du secteur, voire s’auto-neutralise, et partage le contrôle de l’espace audiovisuel avec les groupes de communication " champions nationaux " capables de défendre l’industrie nationale sur le marché international

La régulation télévisuelle est à l’articulation du national et de l’international, la préoccupation centrale des politiques de communication étant la formation d’entreprises audiovisuelles transnationales (1975-1985).

Ce modèle entre en crise avec le plafonnement du marché publicitaire et la saturation des publics en spots.

Stade 3 : " télévision - service " des distributeurs

Le développement des télévisions à péage, par abonnement et à la consommation introduit une nouvelle régulation. Le téléspectateur devient alors un client - abonné. C’est l’économie généralisée des réseaux et des compteurs. La télévision devient un grand distributeur de programmes et de services Les techniques numériques rendent possibles et amplifient le phénomène. Les programmes audiovisuels ne sont plus qu’un des éléments de la consommation de vidéoservices pour la formation, les services quotidiens, les jeux, le téléachat, la formation, l’information….

Les acteurs principaux de cette nouvelle régulation sont les grands groupes de communication organisés en oligopoles (télécommunications, audiovisuel, informatique).

Le schéma ci-dessus illustre ces trois âges de la télévision qui aujourd’hui se superposent comme les couches géologiques de son histoire (c’est le cas français qui est utilisé pour la fixation des dates).

L’exemple français est typique de cette évolution sur la période 1968-93, passant d’un monopole public financé par la seule redevance et étroitement contrôlé par le gouvernement à un système mixte privé - public combinant les trois modes de financement.

wpe2.jpg (19723 octets)

Le schéma ci-dessus (6) (ressources en MF / an) met en évidence les phénomènes caractéristiques de l’économie de la télévision durant la décennie 1980 marquée par le passage du monopole public à un système mixte :

  • la redevance, première ressource en 1980 devient la dernière en 93,
  • la publicité explose entre 85 et 90 avec la création de chaînes commerciales et la privatisation de TF1, mais stagne ensuite,
  • le paiement par le consommateur (additionner abonnement et locations ou achat de cassettes vidéo) devient la première ressource de financement de l’audiovisuel, alors qu’il était quasi inexistant en 1980. Cela résulte de la création de Canal Plus, de l’abonnement au câble et du développement rapide du marché de la vidéo avec la pénétration du magnétoscope (65% des ménages en une décennie)

Entre 1984 et 1990, le paysage audiovisuel français a été transformé par le lancement effectif de Canal Plus, des cinquième et sixième chaînes commerciales et surtout par la privatisation de TF1. Soulignons qu’il s’agit de conséquences directes de décisions politiques, et non d’une dynamique propre au marché : fin du monopole de programmation consacrée par la loi du 29 juillet 1982, privatisation de TF1 décidée par la loi du 30 septembre 1986. C’est l’Etat qui a déclenché cette mutation dont l’effet économique a été brutal.

La rupture majeure du système audiovisuel français a lieu entre 1984 et 1990 : les recettes des chaînes hertziennes nationales explosent durant ces années, alors que leur rentabilité se dégrade du fait de la croissance du nombre des diffuseurs et des heures diffusées (de 11 000 en 1983 à 48 000 en 1991). Sur un total de recettes de 45 milliards de francs en 1993, 20 milliards soit 44 % allaient au péage (Canal Plus et location ou achat de vidéocassettes), la publicité représentant moins de 17 milliards. Cette croissance du paiement direct par le consommateur marque l’entrée dans la phase 3 de la " loi des trois états ".

wpe3.jpg (21806 octets)

Si l’on observe l’évolution de la dépense des ménages en programmes (y compris donc le cinéma), on constate que le paiement direct des programmes audiovisuels par les ménages passe de 7 % de leurs dépenses en 1980 à 56 % en 1995 (7).

La télévision considérée traditionnellement comme médiation entre l’industrie des programmes et le téléspectateur va céder progressivement (cf. le redressement des networks aux Etats-Unis), la place aux télémédiations.

Acteurs de la télémédiation

Dans la phase 1 l’essentiel de la production de programmes est assuré de façon intégrée avec le programmateur public (modèles RAI ou ORTF). L’économie de la télévision relève alors d’un mécanisme simple avec des acteurs - presque tous publics - peu nombreux et aux relations codifiées sous la tutelle de l’Etat.

La phase 2 est marquée par l’arrivée de nombreux acteurs privés dans la production, la programmation (chaînes commerciales) et la publicité. Avec cette phase, le nombre d’heures diffusées explose. Le décalage production - diffusion entraîne un fort développement des rediffusions et des achats de programmes sur le marché international.

La phase 3 débute en France au milieu des années 80 avec l’introduction des systèmes à péage (câble, vidéo et Canal Plus), inaugurant une nouvelle économie de l’audiovisuel.

Dans la phase 3, trois acteurs se partagent les rôles du côté de l’offre : le propriétaire de droits, l’éditeur et le distributeur.

Pour comprendre l’articulation entre ces divers rôles, on peut recourir à une analogie avec l’économie rurale de l’Ancien Régime. Se confrontaient alors le propriétaire foncier (rémunéré par la rente), l’exploitant agricole (rémunéré par le profit), et le seigneur du coin, détenteur de droits sur les routes, ponts et places de marché, et rémunéré par les péages, octrois et autres taxes payés par l’exploitant pour accéder au marché et pouvoir y vendre ses produits.

Ainsi dans le domaine de l’audiovisuel le propriétaire des programmes perçoit une rente, dont le montant est fonction de la rareté des titres disponibles sur le marché relativement à l’intensité de la demande. La rente est un prix qui s’établit sans référence à un coût de production. Les droits sur les programmes ne sont pas produits, mais achetés sur un marché où leur cours se fixe en fonction de la rémunération que l’on peut en attendre et d’un taux de rentabilité répondant à l’estimation du risque associé à ce type de placement. Nous supposerons, dans les calculs ci-dessous, que ce taux est de 15 %.

L’éditeur met en forme l’offre, qu’il regroupe en " packages ", accompagne d’outils logiciels (mis en œuvre sur des serveurs ou par des " agents intelligents ") et de publications en vue de faciliter l’accès par les consommateurs, tarifie enfin de façon à optimiser sa commercialisation. Les formules tarifaires pourront être variées : abonnements forfaitaires, paiements à la durée ou à l’unité, dégressivité, etc. L’éditeur supporte des coûts (il paie la rente aux propriétaires de programmes et supporte ses propres coûts d’exploitation).

Le distributeur gère les réseaux (transmission par câbles, par voie hertzienne terrestre, par satellites ; boîtiers et commutateurs) dont il supporte les coûts d’équipement et d’exploitation. Il est rémunéré par des droits de péage payés pour l’utilisation de ces réseaux. Dans cette phase l’accès aux contenus audiovisuels est devenu extrêmement souple : la structuration par chaîne, associée à la programmation sous sa forme actuelle, a disparu ou est devenue marginale ; le consommateur peut à tout moment accéder à des centaines de canaux ; il utilise des agents intelligents pour programmer et gérer lui-même sa consommation, en fonction des contenus qui lui sont présentés par les éditeurs et des règles tarifaires qui leur sont associées.

L’utilisateur trouvera sur le réseau non seulement l’audiovisuel, mais tout ce qui peut être accessible par consultation de banques d’information thématiques multimédias : culture, loisir, formation, information, vie quotidienne (automobile, jardinage, cuisine, vêtement, sexualité), jeux, santé, etc. Des vidéoservices fournis par un anté-serveur procureront des fonctions d’aide à la programmation. L’hertzien sera marginal en tant que moyen de diffusion (parce que trop consommateur de ressource rare) alors qu’il dominait dans les phases antérieures.

Le téléspectateur devient donc utilisateur de vidéoservices à péage ; ce concept recouvre une gamme de services dont l’audiovisuel ne constitue qu’une partie. Il a pour interlocuteur un opérateur commercial qui gère l’ensemble de la transaction (contact client, facturation, information etc.).

La programmation est supplantée progressivement par une fonction d’édition qui procède par " emballage " des contenus, présentation sélective, pilotage du consommateur dans un univers de service. Les utilisateurs se comportent selon des modes divers : les uns seront passifs et se laisseront guider par les choix de leur éditeur préféré ; d’autres iront chercher ce qui leur convient, à l’aide des logiciels d’assistance à la recherche, ce qui conférera une rentabilité à des produits destinés à des segments de population et qui n’auraient aucune chance de se faire distribuer aujourd’hui dans le cadre d’une programmation à la recherche de l’audience de masse.

Il s’agit dans la phase 3 d’exploiter une fonction de télémédiation : le spectateur donne comme dans les phases 1 et 2 de l’argent et du temps en échange d’un programme ; cependant l’intermédiaire n’est plus le programmateur, mais le gestionnaire de la transaction. Il transmet la demande du client au serveur de contenu, qui délivre le service et fournit au gestionnaire les éléments nécessaires à la gestion du service. Celle-ci se fait en temps réel sur un réseau électronique, en bénéficiant des procédures d’identification qui garantissent sa sécurité.

La fonction de télémédiation s’intercale entre l’éditeur et le distributeur : elle est à prendre par l’un de ces acteurs ou à partager entre eux. Elle assure la gestion des transactions financières suscitées par le fonctionnement du marché : gestion des autorisations d’accès et des risques de non-paiement, application des formules tarifaires, recouvrement, reversement des droits, et aussi services aux clients, création de clubs, merchandising etc.

L’éditeur peut souhaiter intégrer cette fonction s’il veut contrôler complètement sa relation avec ses clients. Une telle attitude se justifie dans une période de transition, lors de laquelle il peut être judicieux de se protéger contre les turbulences liées à l’instabilité du marché. En régime de croisière, par contre, l’intégration de la télémédiation avec l’édition est coûteuse. En effet, l’éditeur est essentiellement une entreprise de matière grise, employant un personnel peu nombreux dans des travaux hautement qualifiés de conception, d’organisation et de négociation commerciales et contractuelles. Par contre, la télémédiation requiert des compétences liées à l’exploitation du système et au règlement des cas de contentieux qu’il suscite, ainsi qu’au contrôle des fonctions techniques fournies en infogérance. Il est donc logique qu’à terme la fonction de télémédiation soit absorbée par le distributeur, car elle est plus proche de l’exploitation de réseau que de l’édition.

Ces trois acteurs (propriétaire, éditeur, distributeur) peuvent être séparés ou intégrés (de même, dans l’agriculture de l’ancien régime, le propriétaire, l’exploitant et le seigneur du coin pouvaient être distincts ou s’incarner dans la même personne). Notre hypothèse est qu’il s’agit de métiers différents, en ce sens qu’il existe peu d’économies d’envergure potentielles entre eux ; la situation économique la plus stable est donc qu’ils soient réalisés par des entités distinctes, l’intégration restant possible mais minoritaire. Cependant l’intégration peut être plus naturelle, donc plus fréquente, dans les périodes de transition.

C’est bien ce qui arrive actuellement, comme on peut le voir sur deux exemples majeurs de la transition vers la phase 3 : la stratégie de Microsoft en Amérique du Nord, celle de Vivendi en Europe, qui regroupe Cegetel, Havas et Canal Plus dans un seul pôle " communication ".

Depuis septembre 1996, Canal Plus ayant repris Nethold est devenu numéro un de la télévision à péage en Europe. Simultanément s’effectue l’intégration verticale d’Havas (édition et presse) avec Cegetel (réseaux). Vivendi dispose ainsi d’une filière intégrée depuis la gestion des portefeuilles de droits (cinéma, sport avec Canal Plus, liens étroits avec plusieurs majors d’Hollywood comme la Warner), jusqu’aux systèmes d’accès chez les abonnés (Internet, Canal, Canalsatellite, presse, abonnements dans le milieu médical etc.) et les abonnés au réseau téléphonique ou de transmission de données de Cegetel (réseau santé, réseau fixe de Cegetel et réseau mobile de la SFR, réseaux câblés de la Compagnie Générale de Vidéocommunication, accès Internet AOL et HOL).

Ce modèle d’intégration verticale rejoint celui que met en place Microsoft avec d’un côté la fabrication de logiciels tels que Windows et Explorer, ou celle de prototypes audiovisuels produits dans le studio Dreamwork créé avec Spielberg, et enfin les réseaux câblés de TCI et la structure satellitaire mondiale Teledesic qui sera opérationnelle en 2001 avec 285 satellites.

On comprend ces stratégies d’intégration verticale si l’on se réfère au " modèle du réseau " qui caractérise la phase 3, par opposition au " modèle du sablier " qui caractérisait les phases 1 et 2.

Le " sablier ", modèle des phases 1 et 2

La filière " image et multimédia " est organisée en trois couches : la production, qui comprend le financement et la réalisation des programmes, l’édition ou la programmation (fonctions d’assemblage du contenu), la distribution, qui comprend la diffusion technique et la commercialisation (vente et contact client).

Dans les phases 1 et 2, le programmateur (service public ou télévision commerciale) joue le rôle essentiel d’acheteur et de sélectionneur d’images, ainsi que de collecteur de ressources financières. La " chaîne " est le point de passage obligé de l’ensemble du système audiovisuel, car elle collecte les ressources financières (redevance et publicité). C’est le schéma du " sablier ", dans lequel s’échangent des programmes contre du temps, le temps des téléspectateurs transformés en audience pour les annonceurs, selon le schéma suivant :

wpe4.jpg (12996 octets)

Le " modèle du réseau "

Avec la phase 3, un autre modèle supplante le " modèle du sablier " où dominait le programmateur. La phase 3 est celle du réseau où dominent à une extrémité les distributeurs qui gèrent la télémédiation, à l’autre extrémité les détenteurs de droits sur les programmes.

Le réseau s’intercale entre la maîtrise des portefeuilles de droits sur les prototypes (œuvres audiovisuelles, logiciels) et celle des compteurs permettant l’accès du consommateur final (boîtiers de décryptage et de paiement).

wpe5.jpg (18570 octets)

 A un pôle de cette économie, la " librairie " de programmes et de droits, à l’autre pôle le " club " de clients – abonnés. Le dipôle constitué par cette librairie et ce club représente le patrimoine de l’entreprise de communication.

Le domicile – marché est le lieu de rencontre d’un client – abonné identifié et d’une offre à distance, en " temps réel ". A une extrémité le programme – prototype doit être diffusé à l’échelle la plus vaste grâce à un réseau mondial ; à l’autre extrémité, la remontée d’argent depuis le domicile doit se faire le plus vite possible vers le gestionnaire du réseau. Les délais de réalisation des deux processus tendent vers le " temps réel " - grâce aux techniques de transmission de données – pour optimiser la gestion des trésoreries.

Dans le modèle du sablier, les programmes étaient échangés contre le temps des téléspectateurs, temps transformé en une " audience " vendue aux annonceurs pour rémunérer le programmateur. Dans le modèle du réseau, il y a distribution directe du programme et échange de celui-ci contre le paiement effectué via le compteur de l’abonné individuel. Ce n’est plus l’effet de masse (l’audience) qui est recherché, mais l’individualisation de la réception et le paiement direct et rapide. C’est ainsi que Canal Plus ne peut pas, comme le dit son slogan publicitaire, être " une télévision comme les autres " (8).

L’audiovisuel reste donc une économie de prototype, mais s’insère dans une économie de réseau. D’un côté des œuvres originales et uniques sur lesquelles existe un droit de propriété exclusif ; de l’autre leur diffusion multiple et leur rediffusion dans le monde entier de façon à les rentabiliser en utilisant à fond les possibilités de personnalisation de l’offre apportées par le réseau.

Il s’agit d’une économie du premier arrivé : ce mécanisme d’occupation du marché a joué à plein en faveur de Canal Plus et contre le câble. Les situations acquises ont tendance à se prolonger (" lock in ").

Valorisation du stock

La période actuelle est caractérisée par l’anticipation d’une croissance rapide du secteur audiovisuel multimédia, qui sera multiplié par 10 dans les 20 ans qui viennent (ce qui correspond à une croissance de 12 % par an). Il en résulte une forte augmentation de la demande de programmes, entraînant de meilleures recettes pour le stock de programmes, et donc une valorisation de celui-ci.

On peut estimer la consommation annuelle actuelle en France à 19 milliards de francs dont 3 vont au stock de programmes (2 aux programmes étrangers, 1 aux programmes français). On peut prévoir que la consommation sera de 50 milliards de francs en 2015 dont 10 iront au stock de programmes (5 aux programmes étrangers et 5 aux programmes français).

Supposons que la consommation de programmes étrangers dans le monde soit de 20 fois la consommation en France. Leurs recettes annuelles mondiales seront en 2015 de 100 milliards de francs, et sur la base d’un taux de rentabilité de 15 % ce stock vaudra 660 milliards de francs. Si l’on considère les seuls programmes français, et en supposant qu’ils ne se valorisent que sur le marché français, leur stock vaudra 33 milliards de francs contre 7 milliards de francs actuellement.

Il existe donc une perspective de forte plus-value sur le stock des droits français (et encore davantage bien sûr sur le stock de droits étrangers, majoritairement américains ; mais ce n’est pas notre sujet ici). Elle provoquera une spéculation sur la détention de droits durant les dix ans qui viennent : ici apparaissent des acteurs qui appartiennent au secteur financier, à l’informatique, à l’électronique. Compte tenu de la logique qui prévaut sur ce type de marché (sur lequel la croissance des cours nourrit des anticipations optimistes), on peut s’attendre à une montée de la valorisation du stock jusqu’à 50 milliards de francs, suivie d’un retour vers le prix d’équilibre après un éventuel passage par une phase de sous-évaluation. Ces chiffrages n’ont pas valeur de prévision, mais visent à illustrer sur le plan qualitatif un mécanisme vraisemblable, et à expliquer par une mise en perspective les tensions observées sur le marché actuel des droits sur les programmes.

A terme, les trois grandes fonctions se stabilisent : la production et la détention de droits (produits neufs et d’occasion) capteront la moitié des recettes, la fonction d’édition (emballage des contenus) et la fonction de gestionnaire de réseau (qui joue le rôle de distributeur dans la mesure où le réseau joue celui de place du marché) se partageront le reste.

Dans la phase de transition les acteurs, pour se protéger et pour " voir venir " multiplient les alliances pour rassembler ces trois fonctions sans aller en général jusqu’à une intégration verticale, jugée trop risquée en raison des déséconomies d’envergure que comporte l’exploitation conjointe d’activités disparates.

Dans le futur proche, la vedette appartient aux détenteurs de droits et aux producteurs. Les perspectives de plus-value entraînent une concentration des droits entre les mains des spéculateurs les plus avisés et les plus fortunés. Une fois le système stabilisé, le cours des droits s’établira à son niveau normal (valeur actualisée de la rente qu’ils procurent). Les perspectives de plus-value ayant disparu, la détention de droits sera moins attractive, et les spéculateurs s’en débarrasseront en les liquidant sur le marché. La propriété des programmes tendra alors à se disperser, d’autant plus que les producteurs de programmes nouveaux auront intérêt à conserver la propriété de ceux qu’ils ont produits s’ils peuvent les rentabiliser sur le réseau.

Globalisation et libéralisation

Si la distribution en réseau des produits audiovisuels fait entrer le marché au domicile de l’abonné, la concentration internationale crée déjà un marché global de l’audiovisuel. Individualisation et globalisation structurent de concert le marché audiovisuel. La concentration est renforcée d’un côté, la diffusion est élargie de l’autre. Des oligopoles mondiaux se constituent, détenteurs de portefeuilles de droits et de réseaux de distribution planétaires.

Le réseau, point de rencontre de l’offre et de la demande audiovisuelles, devient la " place de marché " électronique et internationale. Les acteurs de cette nouvelle régulation sont les grands groupes de communication combinant les divers métiers (contenus et réseaux) de la communication (télécommunications, audiovisuel, informatique).

L’industrie de la communication s’organise comme une " économie des compteurs " de la télévision, par le paiement à la consommation sur le modèle des services urbains ou du téléphone. D’où l’arrivée de nouveaux entrants possédant un savoir-faire en matière de réseau de compteurs, comme les distributeurs d’eau comme la Lyonnaise des Eaux ou Vivendi en France.

Le développement de l’audiovisuel, industrie du prototype, a toujours été lié à l’extension de sa sphère de distribution. L’industrie nord-américaine a ainsi multiplié ses marché de diffusion, que ce soit par multidiffusion à l’intérieur des Etats-Unis (salles, vidéo, networks, syndication, câble) ou par rediffusion à prix cassés à l’étranger (ce qui lui permet de limiter l’audience des autres productions), seule manière de faire face à des coûts fixes de production toujours plus élevés avec l’intégration des " effets spéciaux " (jusqu’à 200 millions de $ à l’unité).

Or la décennie 80 a élargi à l’échelle planétaire l’espace offert à la distribution grâce aux techniques numériques et au satellite, mais surtout grâce au processus de dérégulation qui a supprimé dans la plupart des pays les barrières anciennes des monopoles publics de radiotélévision et de télécommunications. Ainsi s’est élargi le marché sur lequel peuvent se rentabiliser les produits audiovisuels des majors d’Hollywood, et de façon plus générale les contenus produits ou acquis (Microsoft).

On ne peut pas dissocier innovations technologiques, processus de dérégulation et jeu des grands acteurs : leurs alliances et stratégies sont déterminantes sur un marché fortement libéralisé. Se mènent donc en parallèle la restructuration permanente de l’industrie de la communication et les vagues de libéralisation successives de son marché (9). C’est du jeu croisé des stratégies des groupes et des modes de régulation que sortira l’ordre nouveau de la communication pour les décennies à venir, après un tri dans le foisonnement des innovations techniques.

Une trentaine de groupes, constituant un oligopole transnational, accèdent à ce jeu de go planétaire : six ou sept opérateurs de télécommunications, quelques majors d’Hollywood, quelques groupes de l’informatique ou de l’électronique (10).

Toutefois l’évolution des médias reste en Europe une affaire complexe. A la différence des Etats-Unis, des préoccupations culturelles ou politiques y viennent en effet interférer avec l’économie (notamment le rapport entre le pouvoir et les médias, ou encore la place du service public dans la société). Les médias n’y sont pas, ou pas encore, l’empire de l’ " entertainment industry ". Leur économie est tout autant symbolique que financière. Le péage, nouveau mode de financement, est aussi un nouveau terrain pour la régulation.

Par ailleurs le schéma oligopolistique que nous avons décrit, et qui est incontestablement aujourd’hui le schéma tendanciel, ne décrit pas le seul chemin possible : sur un marché à péage pourraient se rentabiliser aussi des offres à faible coût et haute qualité. Il existe quelques personnes qui préfèrent les films d’Eric Rohmer à " Titanic " ; elles seront peut-être assez nombreuses pour rentabiliser la diffusion de " petites machines " une fois l’audiovisuel libéré de la course à l’audience que lui impose le financement publicitaire.

(1) " La télévision du futur : du sablier au réseau " par Pierre Musso, Médiaspouvoirs n° 33, 1er trimestre 1994, et " De la médiation télévisuelle à la télémédiation audiovisuelle " par Pierre Musso et Michel Volle, Médiaspouvoirs n°37, 1er trimestre 1995.
(2) Microsoft rachète massivement des droits de reproduction, y compris auprès des institutions culturelles.
(3) La VOD est testée par Time-Warner, Viacom-ATT et Bell Atlantic. Pacific Telesis, compagnie régionale de téléphone, équipe 5 millions de foyers en fibre optique d'ici l'an 2000 pour les futurs services multimédias à péage.
(4) Cité par Stephen Kreider Yoder et Pascal Zachary dans le "The Wall Street Journal" in le "Courrier International " n° 147 du 26 août 1993.
(5) Pierre Musso " La télévision du futur : du sablier au réseau " Médiaspouvoirs n° 33, 1er trimestre 1994.
(6) Construit à partir de données SJTI "Indicateurs statistiques de l'audiovisuel" SJTI-CNC-INA-CSA. La Documentation Française Paris. 1994
(7) F. Balle " Médias et société, de Gutenberg à Internet " Montchrestien 1997
(8) C’est sans doute aussi pourquoi il y a " trois sujets tabous " au " Vrai Journal " de Karl Zéro : " le foot, le cinéma et la CGE (Vivendi) ". Karl Zéro, interview au journal " Le Monde ", 30 mars 1998.
(9) Au GATT, à l’OMC ; avec l’AMI ( Accord multilatéral sur l’investissement) ou plus récemment avec le projet NTM (" New Market Transatlantic " visant la constitution d’une zone de libre échange entre l’Europe et les Etats-Unis.
(10) Pierre Musso " Vers un oligopole mondial ", in " Le Monde Diplomatique " mars 1998.