Ce
livre traite de toutes les difficultés que peut rencontrer l’entreprise dans ses
efforts pour faire cohabiter l’individu (surnommé Être Humain Organisé : EHO) et
son assistant aujourd’hui quasi universel et omniprésent qu’est le poste de
travail informatique (baptisé Automate Programmable doué d’Ubiquité : APU). La
difficulté de l’exercice est au cœur des préoccupations de tout responsable,
qu’il soit directeur général, directeur fonctionnel, directeur du système
d’information, responsable opérationnel ou un simple utilisateur. Simplifier,
optimiser, améliorer, rendre cette collaboration aussi fluide et naturelle que
possible n’est pas chose facile : « L’entreprise, entrée dans l’ère du travail
assisté par ordinateur, doit alors s’efforcer d’articuler au mieux deux
démarches : l’organisation de l’être humain et la programmation de l’automate. »
(chapitre 2, p. 66).
Comprendre l’essence de l’informatique est essentiel pour tous, qu’on soit
utilisateur ou développeur. En fait, l’ordinateur est aujourd’hui exploité comme
l’ont été, et le sont toujours, les machines. Certains les servent, d’autres les
exploitent. Quand l’automate remplace l’homme et que celui-ci ne sait même plus
comment ce qu’il saisit est traité, manipulé et distribué par l’ordinateur (cas
d’une automatisation totale) il le sert, en l’alimentant simplement de données.
Mais quand les activités sont complexes et répondent à des situations trop
variées, aléatoires et entrelacées pour être totalement automatisées, l’homme
exploite l’automate pour améliorer son efficacité, optimiser la réalisation de
son travail et rendre le meilleur service au client. C’est à ce stade qu’il
devient essentiel de comprendre, tirer parti et respecter les liens qui vont
devoir être tissés entre l’Être Humain Organisé et l’Automate Programmable doué
d’Ubiquité.
Pour y
parvenir, Michel Volle emprunte les chemins convergents de l’histoire, pour
expliquer, et de l’analyse, pour comprendre le sens profond des choses. Concret,
précis, éclectique, documenté ce livre constitue une mine d’informations et de
points de vue auxquels il est aisé de se reporter pour préciser ses
connaissances et ajuster ses intuitions. Mais c’est aussi et surtout une source
de réflexions relatives à l’informatique qui vont bien au-delà de l’appréhension
technique habituellement associée à ce terme. Les idées s’enchaînent et se
confrontent au fil de la découverte de chaque paragraphe. On a dit de ce livre
qu’il se découvre progressivement, à l’occasion, selon ses besoins et ses
préoccupations, pas nécessairement d’un seul trait. Mais suivre Michel Volle
dans son cheminement, d’un sujet à l’autre, est un périple passionnant qui
aiguillonne notre curiosité et fait resurgir nos propres expériences. Les
paragraphes et les chapitres ne sont pas enchaînés ou liés « mécaniquement »
entre eux ; l’un ne répond pas au questionnement de l’autre mais chacun délivre
une réflexion. C’est au lecteur, confronté à son expérience et à ses propres
situations, de tirer les fils repérés dans un ou plusieurs passages afin de
retenir ceux qui lui permettront de résoudre ses propres difficultés et
questionnements. Chaque paragraphe interpelle, propose une analyse originale, va
au-delà de la banalité pour nous offrir un point de vue qui bouscule, enrichit,
dérange ou conforte mais ne laisse pas indifférent qui souhaite approfondir tel
ou tel aspect de l’entreprise et de l’informatique dans le sens où l’entend
Michel Volle.
Finalement, l’essentiel réside dans l’apport d’un tel livre à l’idée que
l’informatique est un enjeu clé pour l’entreprise, au même titre que les autres
technologies mises en œuvre tout au long de la chaîne de valeur de l’entreprise.
C’est un livre militant qui fera prendre conscience à toute une catégorie de
chefs d’entreprise que l’informatique n’est pas un pis-aller qu’il est
préférable de confier à une troupe d’experts mais un des sujets les plus sérieux
du moment pour acquérir de l’efficacité et conquérir de nouveaux marchés. Sa
longueur pourrait décourager bien des dirigeants plus habitués aux « executive
summaries », mais outre que certains s’y attellent déjà il donnera à leurs
collaborateurs de nombreux arguments pour les convaincre. |