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Commentaire de Henri Nadel sur Prédation et prédateurs

14 mars 2008

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Pour lire un peu plus :

- Prédation et prédateurs

L'intérêt de ton livre est déjà souligné par de nombreux commentateurs. Je trouve l'idée de prédation bien amenée pour comprendre ce qui se passe dans la phase du capitalisme financier et mondialisé que nous vivons, où l'informatique joue le rôle central que tu scrutes en expert. Le profit de très court terme et la perte de vision stratégique qu'ouvre l'impératif de rendements spéculatifs immédiats, la « révolution » anti-marginaliste qui veut que dans l'e-conomie la « loi » du coût marginal décroissant soit dépassée, tous ces phénomènes que tu as déjà interprétés viennent nourrir cet hyper court-termisme qui est connoté dans l'idée de prédation.

Quel lien peut on établir entre prédation et reproduction économique et sociale ? Si la prédation est légitime, est-ce que le prédateur va se substituer au producteur ou bien va-t-il le dévorer, le détruire ? S'il le remplace, le prédateur est un producteur supérieur, la sélection par la concurrence validant sa meilleure compétitivité. Cest la dynamique normale de l'économie capitaliste, mais la vitesse et la puissance des acteurs donne aujourd'hui un sentiment de destruction (non créatrice).

Si le prédateur ne se substitue pas au « dévoré », on est dans une prédation de savane : le lion dépend de la gazelle, laigle prélève les animaux malades. Le bandit prédateur et pillard dépend des paysans pillés : s'il leur laisse quelque chose ils pourront survivre pour se faire piller plus tard (modèle mafia).

Nous rencontrons donc avec la prédation une interrogation sur la rationalité dans le capitalisme contemporain. Soit la prédation est illégitime et non créatrice et il s'agit d'un moment un peu fou : avec un peu de prudence, cela devrait passer après une bonne crise. Mais tu montres bien le caractère immanent à notre époque de cette économie de la prédation, et ton histoire des formes de la prédation est un régal de clarté et d'érudition. Non, la prédation n'est pas le bon coup de fouet qui réveillera un capitalisme trop civilisé : c'est une exacerbation destructrice des formes de la concurrence.

Si l'industrie s'est élevée sur la prédation ou l'exploitation du travail concret, le capitalisme prédateur d'aujourd'hui est menaçant par sa propension à piller le travail abstrait, la connaissance et les savoirs qui appartiennent à l'humanité - voir par exemple le débat sur les droits de propriété intellectuels - pour transformer cette valeur en rente et inflation financière.