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Le Système Statistique Européen, utopie ou défi ambitieux ?

par Yves Franchet

2 mai 2004


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- Résumé et table des matières

I - La croissance de la demande de statistiques publiques suscitée par l'intégration européenne

Dès le début de l’intégration européenne, la statistique publique joue un rôle important pour définir chaque politique et en mesurer les effets. Les subventions de la CECA aux producteurs de charbon et d’acier sont ainsi calculées à partir d’enquêtes faites directement par le service statistique de la CECA auprès des entreprises.

Au sein du Marché commun, la Politique Agricole Commune appuie son système d’intervention sur les résultats d’un appareil statistique sans cesse plus développé où l’on mesure la production, puis les prix, puis les revenus. Les accords commerciaux font appel aux statistiques du Commerce extérieur. L’office statistique de la Commission joue également un rôle de coordination et d’harmonisation dans les domaines de la comptabilité nationale, de la démographie, de l’assistance technique aux pays africains.

Le mode de gouvernance des pays industriels à la fin du siècle a conduit la statistique publique à jouer un rôle dans tous les aspects de la vie des Etats et de leurs relations

L’accélération de l’intégration européenne du milieu des années 80 suscite une croissance de la demande de statistiques communautaires harmonisées. L’acte Unique de 1985 fixe l’achèvement du Marché unique en 1993 et le suivi de tous les éléments de ce marché est un grand consommateur de statistiques. La suppression des frontières douanières entre Etats membres en 1993 fait disparaître la base statistique du suivi des échanges - la déclaration douanière - et contraint à les évaluer à partir des déclarations des entreprises. Les traités de Maastricht et d’Amsterdam approfondissent encore l’intégration, alors que le nombre de pays pour lesquels il faut harmoniser les statistiques fait plus que doubler.

La mise en place de la monnaie unique et le suivi de la politique monétaire introduisent dans l’harmonisation statistique une dimension jusqu’alors peu présente, celle du court terme. Il faut désormais pouvoir produire des statistiques mensuelles ou trimestrielles strictement comparables sur l’ensemble des données macroéconomiques importantes ainsi que sur le marché de l’emploi. La Banque Centrale européenne utilise les statistiques de la Commission pour fonder sa politique monétaire, en les complétant par des statistiques bancaires qu’elle collecte auprès des banques centrales nationales. Ceci impose aux statistiques financières de nouvelles exigences de qualité et de comparabilité (dette et déficit public notamment).

Pour de nombreux aspects liés aux politiques sociales de l’environnement et à la promotion de la société de l’information, les Pays membres cherchent la convergence vers des objectifs communs. Ils pratiquent une politique de coopération ouverte, chaque pays s’engageant dans sa politique nationale à évaluer des indicateurs structurels propres à chaque aspect, et qui doivent être aussi harmonisés et comparables.

A partir du début des années 90, un effort important est réalisé pour aider les pays candidats à l’Union. – trois pays qui l’intègrent en 1995 (Autriche, Finlande, Suède), plus une quinzaine de pays d’Europe Centrale et du sud dont dix l’intégreront en 2004 – à adapter leurs systèmes statistiques publics aux normes de l’Union européenne.

Cette croissance de la demande s’accompagne d’un changement du rôle joué par les statistiques dans le débat politique sur l’intégration européenne. Avant le traité de Maastricht, les statistiques jouent surtout un rôle d’éclairage et d’encadrement pour un débat politique essentiellement qualitatif. Elles sont annuelles, à l’exception des données sur les quotas et les prix agricoles liés à la PAC, le commerce extérieur, le chômage et les prix. Quelques statistiques sont utilisées comme base de l’allocation des ressources - par exemple pour les subventions liées à la PAC - mais les conflits sont rares.

A partir de 1989, le rôle attribué au PNB comme indicateur central pour évaluer les contributions nationales au budget communautaire introduit un élément de tension politique et suscite une exigence sans précédent de comparabilité entre les PNB des pays membres. L’introduction des critères de convergence (niveau de l’inflation, du déficit et de la dette publique) pour l’adhésion à la zone Euro, puis pour la conduite de la politique monétaire, donne lieu à un débat où la discussion sur la qualité du chiffre tend à remplacer celle sur la pertinence de la politique. Il en résulte une couverture médiatique d’une intensité qu’aucune statistique n’avait atteinte auparavant.

L’assistance technique de la Commission à des pays tiers pour améliorer la disponibilité et la qualité de leur statistique publique est la conséquence du rôle mondial croissant de l’Union européenne. Dans chaque nouveau traité de coopération signé par l’Union européenne, la statistique se trouve parmi les secteurs où la collaboration est souhaitée en priorité. Il faut en effet des statistiques fiables pour conduire des négociations commerciales et économiques. De plus, dans les pays avec qui une nouvelle coopération est entamée, la statistique semble un domaine technique neutre où il serait facile de travailler sans implications politiques marquées. Cette demande d’assistance technique est bien sûr au centre de la coopération avec les pays en voie d’adhésion à l’Union (programme PHARE). Mais elle est également fortement demandée dans le cadre des accords MEDA, TACIS, MERCOSUR, Chine. Elle reste une dimension traditionnelle de la coopération des programmes du FED.

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