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Échange de messages

25 mai 2004
 


Liens utiles

- Le système statistique européen

- La statistique européenne va-t-elle disparaître ?

Après la publication du "Système Statistique Européen" d'Yves Franchet, j’ai reçu des messages de personnalités du monde de l’économie et de la statistique. Je les publie ici selon les règles adoptées pour le site : anonymat, rectification éventuelle de l’orthographe etc.

La plupart de ces messages sont très positifs. Le quatrième, très négatif, fait appel à des principes que je crois dangereux. Je donne donc ici ma réponse à ce dernier message.

Message 1, 3 mai 2004

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et même un peu d'émotion l'article et le commentaire sur "Le Système Statistique Européen" d'Yves Franchet. Le développement des institutions statistiques répond toujours à des préoccupations politiques qu'elles éclairent et infléchissent à l'occasion. Dans cette ligne, j’ai recommandé à la Communauté européenne d'exiger de ses statisticiens de prévoir dans les tableaux et graphiques une ligne "Europe (des Neuf, Dix, Douze, Quinze...), ensemble" et de ne pas se contenter de la juxtaposition de statistiques, même harmonisées.

J'ai pu suivre l'application - lente - de ce principe et voir apparaître dans les années 1990 une "pyramide des âges de l'Union Européenne". Mais je n'ai pas vu beaucoup de statistiques des "prélèvements obligatoires" européens. Je milite pour que l'on consolide la fiscalité de l'Etat et celle de la Sécurité sociale. La bizarrerie française - poids excessif des cotisations sociales, y compris CSG, au barème proportionnel, poids insuffisant de l'impôt direct, au barème progressif - apparaît en pleine lumière dans une comparaison européenne.

J'ajoute donc ce petit commentaire au tien et je salue, s'ils le lisent, Yves Franchet, Alain Chantraine et Daniel Byk.

Message 2, 3 mai 2004

Merci d'avoir publié les écrits d'Yves Franchet. Je partage ton analyse sur ce qui lui est arrivé et sur la dimension stratégique du système statistique. Cela doit rendre vigilant, car ceux qui souhaitent détruire l'Europe du dedans ou du dehors risquent de multiplier les attaques semblables.

Message 3, 4 mai 2004

La contribution de Franchet sera particulièrement utile dans le contexte de croissance de la demande adressée aux instituts nationaux suite aux dispositions prises par l'UE et ses institutions. En retour, voici un lien vers un texte de Robert Salais qui fait une analyse fine des orientations de la statistique communautaire découlant des besoins d'évaluation des politiques publiques (ici, celles relatives à l'emploi).

Message 4, 5 mai 2004

Simple lecteur de votre site, très informatif et bien conçu, je tiens à vous exprimer mon étonnement devant l'accueil que vous accordez au plaidoyer de M. Franchet, ex-DG d'Eurostat actuellement mis en cause dans une affaire en cours de jugement au TGI de Paris. L'affaire portant sur des présomptions d'abus de confiance, de recel d'abus de confiance, de constitution d'une association de malfaiteurs (cf. courrier de saisine du nouveau DG d'Eurostat au Procureur du TGI de Paris, dont des extraits sont cités à l'adresse suivante, ainsi que d'autres allégations à vérifier : http://www.investigateur.info/affaires/EU_eurostat.htm), la prétention de M. Franchet et du site volle.com à le disculper de ces accusations prend des allures extrêmement douteuses, et franchement désagréables.

Nul n'incrimine l'intégrité professionnelle de M. Franchet ou de ses collègues en tant que statisticiens, contrairement à ce que votre site suggère, mais la Justice française et les organes de contrôle et d'audit budgétaire de la Commission enquêtent en ce moment sur de graves suspicions de fraudes, laquelle n'engage nullement la qualité du SSE ou de ses agents en tant que professionnels qualifiés de la statistique.

Vouloir entretenir une confusion à dessein entre des suspicions de gestion délictueuse de fonds communautaires et la qualité du travail de production statistique d'Eurostat, voire du SSE dans son intégralité rend votre démarche à son tour suspecte de partialité et de collusion d'intérêts, sinon de complicité involontaire : que M. Franchet soit votre ami, n'importe ses responsabilités officielles, et que vous tâchiez de l'aider à se disculper publiquement, fort bien ; toutefois, je ne vois pas pourquoi la communauté des statisticiens devrait en faire de même, ainsi que vous l'insinuez de manière spécieuse, alors que ni la Justice française ni même l'OLAF n'ont rendu publiques les conclusions de leurs enquêtes, pour autant que je sache ?

Le corporatisme de la profession de statisticien doit-il exclure tout civisme et susciter inconditionnellement le soutien à la cause d'un membre de cette corporation inculpé de fraude et de gestion de fait ? Cela n'honorerait nullement la corporation en question si tel était le cas et au contraire, renforcerait à bon droit les préventions de la presse et du grand public à son égard, préventions que vous semblez déplorer dans le cas particulier de M. Franchet.

L'amitié n'exclut pas l'équité ni la justice, à mon humble avis. Il peut paraître à tout le moins bien téméraire ou involontairement ironique de publier les conseils de réforme et de bonne gestion du SSE par un ancien responsable incriminé pour détournement de fonds communautaires : pourquoi ne s'être pas inspiré de ces bons conseils auparavant et pourquoi les prodiguer à vos lecteurs pendant l'instruction au lieu de les communiquer au magistrat et ainsi de pouvoir les verser au dossier comme pièces à conviction ?

Réponse au message 4

Merci pour votre aimable appréciation sur volle.com, ainsi que pour l’expression de votre opinion - qui est, vous vous en doutez sans doute, à l’exact opposé de la mienne.

Ainsi, selon vous, un inculpé n’aurait qu’à se taire, personne n’aurait le droit de lui donner la parole ? Il faudrait croire des politiques qui citent des rapports secrets ? Si vous aviez raison, nous serions sous un régime totalitaire. Dieu merci, ce n’est pas le cas.

De nombreuses affaires montées en épingle par les médias ont, après examen équilibré des faits et des preuves, abouti à un non lieu à la honte des accusateurs. Cela invite à la prudence et au respect de la présomption d’innocence.

Message 5, 1er juin 2004

Bravo pour ton initiative et merci à Yves d'y avoir répondu. Rien à rajouter. Dans son scénario le plus pessimiste, Yves dit qu'une solution pour reconstruire du SSE après la crise serait de construire un institut indépendant des instances de l'Union. C'est la proposition que Paolo Garonna avait faite vers 1993 - 1994. J'ai soutenu cette proposition à l'époque en raison de la difficulté des prises de décision et surtout du risque d'ingérence du politique, risque qui s'est renforcé avec le passage de la statistique dans le domaine de la co-décision. Yves préférait maintenir Eurostat dans le giron de la Commission, surtout pour des raisons budgétaires. Hélas, l'histoire repasse rarement les plats !

Message 6, 1er juin 2004

Je suis d'accord avec votre réponse sur le "cas" Franchet. Je relève que l'on tolère très bien les coups de gueule de personnalités politiques mises en cause et demandeuses d'équité et d'équilibre (comme vous dites) mais qu'on semble avoir du mal à écouter les experts qui veulent se défendre. Exemple d'un état d'esprit : une question posée aux frères Bogdanoff hier soir sur C+ : "pourquoi prenez vous le risque de parler, alors qu'on attend du scientifique qu'il se taise, reste très discret et n'expose ses avancées qu'au petit nombre ?" L'élite médiatique entretient le mythe du technicrate : il ne faut pas le mettre à découvert, sauf avant de le virer ou de lui attribuer un prix Nobel.