L’ARPA (« Advanced Projects
Research Agency »), qui deviendra la DARPA (« Defense Advanced Projects Research
Agency ») au début des années 70, a été créée au Pentagone en 1958 pour réagir à
l’avance scientifique et technique prise par les Soviétiques : le Spoutnik avait
été lancé le 4 octobre 1957.
D’abord consacrée à la
recherche spatiale, elle fut contrainte dès la création de la NASA à l’été 1958
à se réorienter vers la recherche fondamentale et, pour cela, à s’appuyer sur
des partenariats avec les universités.
En 1962, l’ARPA embauche Joseph
Licklider (1915-1990) pour créer en son sein l’IPTO (« Information Processing
Techniques Office ») qui animera un programme de recherche en informatique.
Licklider était un psychologue devenu expert en informatique. Il lança malgré
l’opposition de la profession une recherche sur le temps partagé : « La plupart
des constructeurs d’ordinateurs et des directeurs de centres informatiques
disaient que le temps partagé entraînait une utilisation inefficace des
ressources de la machine et qu’il ne fallait donc pas l’utiliser ».
Ses idées sur la synergie entre
l’être humain et l’ordinateur
conduiront à l’Internet : « Les communautés interactives en ligne se
construiront non dans une localisation commune, mais autour de centres d’intérêt
communs ».
En 1964, Licklider fut remplacé
par Ivan Sutherland (1938-), lui-même remplacé par Robert Taylor en 1966. Taylor
(1932-) restera à la tête de l’IPTO jusqu’en 1969 et jouera un rôle essentiel
dans le lancement du programme de recherche sur les réseaux d’ordinateurs,
programme dont il confiera l’animation à Larry Roberts.
Le bureau de Taylor à l’IPTO
était connecté via trois terminaux différents à des ordinateurs situés à
Boston, Berkeley et Santa Monica. Chaque terminal avait sa propre procédure de
log-in et ses propres commandes : l'utilité d’une rationalisation sautait aux yeux. Par ailleurs, en l’absence d’un réseau, chaque centre de recherche qui
contractait avec l’ARPA devait acheter et exploiter son propre ordinateur. Il
semblait souhaitable de pouvoir partager les ressources d’une même machine entre
plusieurs centres.
Mais comment faire, alors que
chaque ordinateur utilisait un système d’exploitation et
des langages adaptés à ses caractéristiques physiques particulières, et ne
pouvait communiquer – et encore en mode maître-esclave ! – qu’avec ses propres
équipements périphériques ? Les applications communicantes, comme la messagerie
inventée en 1964, restaient limitées aux personnes qui utilisaient un même
ordinateur.
Il fallait adapter les
ordinateurs à la communication entre égaux, avec les interruptions asynchrones
qu’elle comporte ; et, avant cela, il fallait savoir comment transférer des
données à travers un réseau.
Voir La
commutation de paquets
|