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L’ARPA

3 août 2004


Liens utiles

- Origines de l'Internet

- La commutation de paquets

L’ARPA (« Advanced Projects Research Agency »), qui deviendra la DARPA (« Defense Advanced Projects Research Agency ») au début des années 70, a été créée au Pentagone en 1958 pour réagir à l’avance scientifique et technique prise par les Soviétiques : le Spoutnik avait été lancé le 4 octobre 1957.

D’abord consacrée à la recherche spatiale, elle fut contrainte dès la création de la NASA à l’été 1958 à se réorienter vers la recherche fondamentale et, pour cela, à s’appuyer sur des partenariats avec les universités. 

En 1962, l’ARPA embauche Joseph Licklider (1915-1990) pour créer en son sein l’IPTO (« Information Processing Techniques Office ») qui animera un programme de recherche en informatique. Licklider était un psychologue devenu expert en informatique. Il lança malgré l’opposition de la profession une recherche sur le temps partagé : « La plupart des constructeurs d’ordinateurs et des directeurs de centres informatiques disaient que le temps partagé entraînait une utilisation inefficace des ressources de la machine et qu’il ne fallait donc pas l’utiliser »[1].

Ses idées sur la synergie entre l’être humain et l’ordinateur[2] conduiront à l’Internet : « Les communautés interactives en ligne se construiront non dans une localisation commune, mais autour de centres d’intérêt communs[3] ».

En 1964, Licklider fut remplacé par Ivan Sutherland (1938-), lui-même remplacé par Robert Taylor en 1966. Taylor (1932-) restera à la tête de l’IPTO jusqu’en 1969 et jouera un rôle essentiel dans le lancement du programme de recherche sur les réseaux d’ordinateurs[4], programme dont il confiera l’animation à Larry Roberts.

Le bureau de Taylor à l’IPTO était connecté via trois terminaux différents à des ordinateurs situés à Boston, Berkeley et Santa Monica. Chaque terminal avait sa propre procédure de log-in et ses propres commandes : l'utilité d’une rationalisation sautait aux yeux. Par ailleurs, en l’absence d’un réseau, chaque centre de recherche qui contractait avec l’ARPA devait acheter et exploiter son propre ordinateur. Il semblait souhaitable de pouvoir partager les ressources d’une même machine entre plusieurs centres.

Mais comment faire, alors que chaque ordinateur utilisait un système d’exploitation et des langages adaptés à ses caractéristiques physiques particulières, et ne pouvait communiquer – et encore en mode maître-esclave ! – qu’avec ses propres équipements périphériques ? Les applications communicantes, comme la messagerie inventée en 1964, restaient limitées aux personnes qui utilisaient un même ordinateur.

Il fallait adapter les ordinateurs à la communication entre égaux, avec les interruptions asynchrones qu’elle comporte ; et, avant cela, il fallait savoir comment transférer des données à travers un réseau.

Voir La commutation de paquets


[1] « Most computer manufacturers and directors of computer centres argued that time-sharing was an inefficient use of machine resources and should not be pursued. » (Robert W. Taylor, preface de In Memoriam J. C. Licklider, Digital Systems Research Center, 7 août 1990).

[2] « Men will set the goals, formulate the hypotheses, determine the criteria, and perform the evaluations. Computing machines will do the routinizable work that must be done to prepare the way for insights and decisions in technical and scientific thinking » ; « The hope is that, in not too many years, human brains and computing machines will be coupled together very tightly, and that the resulting partnership will think as no human brain has ever thought and process data in a way not approached by the information-handling machines we know today » ; « It seems worthwhile to avoid argument with other enthusiasts for artificial intelligence by conceding dominance in the distant future of cerebration to machines alone. There will nevertheless be a fairly long interim during which the main intellectual advances will be made by men and computers working together in intimate association » ; « Instructions directed to computers specify courses ; instructions directed to human beings specify goals. Men appear to think more naturally and easily in terms of goals, than in terms of courses » (J. C. R. Licklider, “Man Computer Symbiosis”, IRE Transactions on Human Factors in Electronics, mars 1960).

[3] « On-line interactive communities […] will be communities not of common location, but of common interest » (J. C. R. Licklider, “The Computer as a Communication Device”, Science and Technology, avril 1968).

[4] Cette valse des responsables ne doit pas faire illusion : si les personnes passaient peu de temps à l’IPTO, elles restaient présentes et influentes dans le domaine de recherche.