Rentabilité d'un ensemble de projets
13 janvier 2003
(Voir « Faire
évoluer le SI »)
A tout projet on peut associer
l’anticipation d’un flux de trésorerie disponible ;
cette anticipation comporte évidemment une part d’incertitude dont il
convient de tenir compte.
Le flux de trésorerie
disponible Ft est l'écart annuel entre les recettes
et les dépenses associées au projet, y compris lors de la phase
d'investissement initiale. Si l'on considère par exemple un projet qui demande
la dépense d'investissement K l'année 0 puis qui rapporte les années
suivantes le résultat brut R sans limitation de durée, la série Ft s'écrira
: F0= - K, F1 = R, F2 = R, F3 =
R, etc.
On calcule, à partir du flux de trésorerie, deux indicateurs synthétiques : la « valeur
actuelle nette » (VAN) et le « taux de rentabilité interne »
(TRI) du projet.
Valeur actuelle nette
La VAN est la somme actualisée
de la variation de trésorerie disponible ; le taux d’actualisation à retenir est égal au
taux d’intérêt du marché monétaire augmenté d’une prime de risque pour
tenir compte de l’incertitude (le futur compte d’autant moins qu’il est
plus éloigné) :
r = i + π
Le choix de la prime de risque
à utiliser dans le calcul, ainsi que du taux d’intérêt à considérer, relève
de la direction générale s'appuyant sur l’expertise de la direction
financière ; il doit être révisé chaque année. La VAN a alors, en sommant
sur la durée de vie du projet :
VAN = Σ
Ft /(1 + r)t
Le TRI est la valeur du taux
d’actualisation qui annule la VAN ; il est solution de l’équation :
Σ
Ft /(1 + TRI)t = 0
On doit rejeter
immédiatement tout projet dont le TRI est inférieur au taux d'actualisation r,
car sa VAN est négative.
Examen d’un projet
simple
Nous appellerons « projet
simple » un projet qui coûte en année 0 un montant K
et qui rapporte pendant chacune des années suivantes le résultat brut R, la
durée de vie du projet étant infinie.
Dans ce cas on trouve :
VAN
= R/r – K
TRI
= R/K
La
deuxième équation permet de comprendre ce qu'est le TRI : si le projet
coûte
K la première année, puis rapporte R chacune des années suivantes, le projet
est analogue à un « placement » dont le taux d'intérêt serait égal à son
TRI.
« Projet
simple » équivalent
à un projet
Considérons un projet donc
nous connaissons la VAN et le TRI. On peut associer à ce projet un « projet
simple » qui aura la même VAN et le même TRI, et qui lui sera donc équivalent à cet
égard. Les valeurs de K et de R du « projet
simple » s’obtiennent en inversant la relation ci-dessus. On trouve :
K
= r VAN / (TRI – r)
R
= r VAN TRI / (TRI - r)
Classement des projets
A chaque projet nous associons le « projet simple »
correspondant. Dans le plan (K, R) le projet
sera représenté par un point P, la pente du segment OP étant égale
à son TRI :
Classons les
projets dans l’ordre des TRI décroissants en enchaînant l’un à l’autre
des segments de droite représentant chacun un projet ; on obtient une courbe polygonale
dont la concavité est tournée vers le bas (dessinée ici
en bleu) :
Supposons que
l’on décide de réaliser les quatre projets dont le TRI est le plus élevé.
La dépense totale sera la somme K des coûts de ces projets,
le résultat brut total sera la somme des résultats bruts ; la rentabilité de
l’investissement ainsi réalisé est le rapport de ces deux totaux.
Remarques et précautions
1) Le budget annuel nécessaire à la réalisation
de ces projets ne sera pas exactement égal à la somme K, puisque nous avons
considéré non les projets eux-mêmes, mais les « projets simples » qui leur sont équivalents. Néanmoins cette
somme donne la mesure de l’effort d’investissement nécessaire.
2) Les évaluations
qui fondent le classement sont entachées d’incertitude et par ailleurs le choix du taux
d’actualisation r comporte une part d’arbitraire ; toutefois elles
résument les informations que l’entreprise détient
au moment de la décision.
3) Le raisonnement ci-dessus
considère des projets dont le niveau de risque est analogue ; si un
projet comporte un risque beaucoup plus élevé que les autres, il faudra en
général le rejeter ; si le risque est beaucoup plus faible, il faudra
l'examiner à part et éventuellement le faire passer en priorité.
4) Le raisonnement ci-dessus
suppose que l'on a déjà considéré les synergies entre projets. Si la
synergie entre les projets P1 et P2 est élevée (en les
lançant tous deux, on obtient par exemple un résultat fortement supérieur à
R1 + R2), il faut les regrouper en un même projet ; si la
synergie est fortement négative (ils utilisent tous deux une même ressource
rare, ou bien leur réalisation conjointe brouillerait le positionnement de
l'entreprise), il ne faut retenir que l'un des deux. Ces décisions doivent
avoir été prises avant la présentation de la liste des projets au directeur
général.
5) Le calcul de
rentabilité ignore les aspects d’un projet qui sont difficiles à « chiffrer ».
C’est pourquoi le classement par ordre de rentabilité décroissante doit être
soumis à l’arbitrage du directeur général. Il sera libre, s’il le juge
utile, de modifier l’ordre des priorités, de « tuer » tel projet
que l’on avait jugé rentable, de « repêcher » tel autre
projet qui avait été mal classé. Il faut que les experts acceptent la valeur
ajoutée qu’apporte le dirigeant, qui est le mieux placé pour avoir une vue
d'ensemble des enjeux stratégiques (voir « Expertise
et décision »).
6) Certains estiment que
l’importance d’un projet se mesure non à son TRI, mais à sa VAN : ils
classent donc les projets non dans l’ordre des TRI décroissants, mais dans
l’ordre des VAN décroissantes. Cependant la VAN, étant fonction croissante
à la fois du TRI et de la taille du projet, résulte du jeu conjugué
de deux critères. Nous préférons pour notre part laisser le directeur général
apprécier l'importance relative des projets et lui
présenter un classement qui, fondé sur le seul critère du TRI, maximise la
rentabilité (anticipée) de l'investissement.
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