Christian Araud vient de
publier un
témoignage utile sur la vie du consultant international. Je vous conseille
de feuilleter
son site pour faire sa connaissance avant de lire son témoignage.
J’ai connu Araud à l’école
polytechnique. Nous étions de la même promotion et nous partagions la même
opinion, plutôt négative, sur la qualité de l'enseignement qui, à l'époque,
n'était pas excellente (voir Le savoir dissimulé). Nous
préférions de beaucoup la lecture de San Antonio ou de Boris Vian à celle du cours de mécanique
quantique !
Araud est un esprit libre.
Aperçoit-il une de ces conventions qui abondent dans la vie en société, une idée
reçue, une mesquinerie ? Il fonce dessus et son rire sonore sème la
consternation dans les rangs des hypocrites. Il ne supporte ni la prétention des
riches, ni l’humiliation des pauvres : lorsqu’il a rencontré Ivan Illich le
courant est bien passé entre eux.
Sa carrière a connu des cahots
auxquels il a été superbement indifférent. Seul pouvait au fond lui convenir le
métier de consultant indépendant : il l’a exercé dans tous les continents
(sauf l’Océanie).
Pauvre consultant indépendant,
au prix de journée modeste par rapport à ce que les « grands cabinets »
demandent pour un junior, coincé entre le marteau de l’économie et l’enclume du
politique, invité à produire des rapports de complaisance, sommé de se taire
devant le spectacle si divers de la corruption !
Se taire, ce n’est pas le genre
d’Araud : il estime toute vérité bonne à dire surtout si elle est faite de
poil à gratter. Son témoignage vous éclairera sur les hauts et bas du métier de
consultant international, sur les techniques de modélisation, sur la façon dont
sont réalisées puis utilisées (ou inutilisées) les études, sur les paroles
données et rarement tenues, sur les mœurs administratives étranges de certains
pays – et du nôtre.
Araud ne cessera jamais de
militer pour la bonne cause, c’est dans sa nature. Il s’occupe maintenant du
sort des prisonniers : pour un humaniste, c’est la
tâche la plus noble qui soit. |