C'est sans étonnement que l'on a découvert la
note qui a circulé à l'Élysée, et qui propose à Nicolas Sarkozy une
stratégie pour anéantir François Bayrou.
Lors de l'élection présidentielle les sondages donnaient
Bayrou gagnant au deuxième tour, qu'il soit opposé à Sarkozy ou à Ségolène
Royal. Ayant été classé troisième au premier tour, il ne pouvait pas être
présent au second : telle est la règle qui, en l'occurrence, a fonctionné de
façon contraire à la logique puisqu'elle a éliminé celui que les Français
auraient préféré.
Mais leur préférence a fait de Bayrou une menace mortelle pour
Sarkozy, et donc la cible privilégiée des officines qui, avec ou sans son aveu, s'activent à son service : il faut déconsidérer Bayrou ! Tel est le mot d'ordre.
D'où les manoeuvres pour débaucher ses partisans et lui faire
perdre l'élection municipale à Pau. Les médias, complaisants ou complices,
donnent abondamment la parole à François Hollande, lui conférant ainsi le statut
de principal opposant alors qu'il est affaibli, qu'il va perdre le secrétariat
général du PS et qu'il ne représente plus aucune menace.
Tout cela est cousu de fil blanc.
* *
Si la note de l'Élysée n'a pas surpris elle a écoeuré.
J'ignore si MM. Jean Arthuis et Michel Mercier ont les ambitions médiocres
qu'elle leur prête - l'un voudrait paraît-il conserver la présidence de la
commission des finances, l'autre "souhaite sincèrement être ministre", formule
savoureuse. Beaucoup de gens sont ainsi prêts à faire à la France le don de leur
personne. On apprend au passage que Christian Blanc "se tient à l'écart" de ces
manoeuvres : cela fait plaisir.
Les officines vont tout faire pour ridiculiser Bayrou ou,
mieux encore, pour le déshonorer. Il a été politiquement condamné à mort. Mais
la note de l'Élysée aura un effet contraire à celui qu'elle visait : elle
montre que l'opposant principal, le premier des résistants à la politique de
Sarkozy, c'est Bayrou.
Il sera abandonné par les plus pressés des ambitieux. Les
autres verront en lui un recours. |