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Sommet de la lâcheté

6 février 2003

Il existe deux formes de lâcheté : manquer de courage est la première ; la seconde est d'opprimer des personnes sans défense. Le général Aussaresses, qui fut un guerrier courageux, est aussi un lâche qui a martyrisé et tué des prisonniers ; les organisateurs des camps de la mort étaient des lâches ; le dirigeant qui refuse la grâce d'une personne condamnée à mort à l'issue d'un procès bâclé est un lâche. 

Dans certains pays, la loi interdit la torture. Alors les lâches envoient leurs prisonniers à un pays qui torture. Le Wall Street Journal Europe du 30 janvier 2003 raconte ce qui est arrivé à Mohammed Haydar Zammar. 

Ce citoyen allemand d'origine syrienne, âgé de 41 ans, est un colosse fort en gueule (1,80 m, 135 kg). Décrit comme un cadre d'al Qaeda, il est antipathique comme tous ceux qui approuvent le terrorisme. 

Arrêté en novembre 2001 lors d'un voyage au Maroc, il y a été détenu pendant quinze jours et interrogé en présence d'agents américains. Puis il a été envoyé en Syrie. Depuis lors il est enfermé dans la prison Far's Falestin de Damas. "Les cellules, privées de lumière, font 90 cm de long, 90 cm de large et un mètre de haut. Le prisonnier n'en est extrait que pour les interrogatoires et la torture (...) Il ne peut jamais s'allonger pour dormir. Comme il est forcé de se tenir courbé son squelette se détériore". Alors l'antipathie fait place à la compassion. Lorsqu'un être humain est privé de sa liberté de déplacement et d'action, qu'il se trouve sans défense entre les mains de ceux qui le détiennent, il est réduit à sa seule humanité, cette humanité que tout être humain possède également. La façon dont on le traite révèle, mieux qu'un discours, la considération que l'on a envers l'humanité. 

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Si l'on respecte l'humanité, le prisonnier est sacré, fût-il le pire des criminels, parce qu'il est sans défense et aussi parce qu'il est devenu un symbole du sort commun : tout être humain est intérieurement prisonnier de ses préjugés, de ses limites. Martyriser un prisonnier, c'est donc le Mal absolu, c'est le sommet de la lâcheté. 

Les talibans prisonniers à Guantanamo sont-ils traités comme des êtres humains ? j'en doute. Le diable, sous le déguisement sectaire qu'il affectionne, a incité le président des États-Unis à dire en substance "Nous sommes le Bien, les autres sont le Mal". Cela revient à affirmer que l'humanité réside seulement chez les membres de la secte, les autres étant des réprouvés qui ne méritent aucune compassion et à qui l'on ne doit que le strict respect des règles du droit. On peut même à l'occasion les violer comme on l'a fait avec Mohammed Haydar Zammar.