La messagerie nest pas un moyen de communication
banal : cest un média . Comme il est nouveau, il est souvent utilisé de
façon maladroite. Voici quelques règles utiles:
- utiliser un ton aimable et poli,
- écrire en bon français,
- écrire des messages courts,
- veiller à la compatibilité avec les logiciels du destinataire,
- utiliser le moins possible les listes de diffusion,
- ne pas diffuser par messagerie les notes administratives,
- consulter sa boîte aux lettres (BAL) au moins une fois par jour,
- faire en sorte de ne pas recevoir plus que quelques dizaines de messages par
jour,
- répondre aux messages reçus,
- ne rien écrire dont on puisse regretter la diffusion,
- diversifier les utilisations de la messagerie,
- veiller à ce que toute lentreprise utilise la messagerie.
Chacune de ces règles tolère toutefois des exceptions. De plus
elles sarticulent en règles détaillées que voici :
Utiliser un ton aimable et poli
Celui qui écrit un message croit souvent pouvoir ne pas
surveiller son vocabulaire. Il tape à la va-vite, envoie, et passe au message suivant.
Mais parfois il utilise une tournure familière, un ton désinvolte quil aurait
mieux fait déviter. Le destinataire, froissé, rédigera une réponse savamment
venimeuse. Le premier émetteur, froissé à son tour, trouvera que lautre manque
dhumour et voudra lui donner une leçon. Cest ainsi que le ton monte, que des
personnes qui sentendaient bien auparavant ne se saluent plus lorsquelles se
croisent, etc.
Introduite ou utilisée sans précautions, la messagerie suscite
une inflation dagressivité. Il faut en prévenir les utilisateurs novices : si
un message ne demande pas le même cérémonial quune lettre, il est opportun
dy placer des signes de considération envers le destinataire. Commencez par
" Cher Monsieur ", " Cher Ami " ou
" Cher Jean-Claude ", terminez par " Amitiés ",
" Meilleurs sentiments " ou " Cordialement ",
nutilisez pas lironie ni linvective envers le destinataire (elles sont
permises envers les tiers, mais pensez à une autre règle que nous verrons plus
loin : " ne rien écrire dont on puisse regretter la
diffusion ").
Écrire en bon français
Celui qui reçoit le message préfère un texte simple, clair et
bien écrit. Les fautes dorthographe et les solécismes sont signe de désinvolture.
Il faut donc passer le correcteur dorthographe avant denvoyer le message, et
le relire pour en améliorer la formulation. Oui, cela prend du temps ; cest un
temps bien utilisé car les fautes de français provoquent des ambiguïtés. Ce qui est en
question cest donc, outre la politesse, la clarté de la communication.
Il faut réserver les MAJUSCULES aux débuts de phrases, les noms propres et les acronymes (limiter l'usage
de ces derniers) et ne pas les utiliser dans le corps du texte. Il ne faut pas
abuser non plus des caractères gras ni des italiques.
Le style de vos messages correspond à votre personnalité. Les
destinataires en perçoivent et en interprètent toutes les nuances.
Écrire des messages courts
Le destinataire vous saura gré de ne pas avoir à utiliser l’ascenseur
placé sur le côté de la fenêtre du message. Il faut donc être bref et en tout
cas n'utiliser qu'une hauteur de fenêtre. Dites-vous qu'un message
de plus de 10 lignes ne sera pas
correctement lu : il est préférable d'écrire un message par sujet, et de traiter
un seul sujet dans un message.
Ce n’est pas toujours possible, surtout lorsqu’on répond à une
question délicate. Cette règle souffre donc de fréquentes exceptions, ce qui ne
lui enlève rien.
Veiller à la compatibilité avec les logiciels du
destinataire
Une des fonctions les plus commodes de la messagerie, c'est
d'utiliser le message comme poisson pilote du transfert de fichiers, comme bordereau
d'envoi d'une pièce jointe. Cependant le destinataire ne pourra ouvrir les pièces
jointes que s'il dispose du logiciel qui le permet. Si vous avez la dernière version de
Word ou de PowerPoint, les personnes équipées de versions plus anciennes ne pourront pas
ouvrir les documents que vous leur envoyez (d'où message de réclamation, nouvel envoi et
perte de temps).
Notez les indications que vous donnent vos correspondants
usuels, et veillez à transcoder avant envoi les fichiers dans un format qu'ils puissent
utiliser. Pour les correspondants occasionnels, si vous utilisez une version récente du
logiciel, transcodez d'office dans la version antérieure.
Si un correspondant usuel utilise la compression Zip, comprimez
les documents volumineux avant de les lui envoyer : le transfert sera plus performant.
Utiliser le moins possible les listes de diffusion
Certains croient leur parole dune telle importance
quils en inondent les BAL de toute lentreprise en utilisant systématiquement
des listes. Or il ne faut envoyer un message quaux personnes quil peut
intéresser. Si vous abusez des listes, vos messages ne seront pas lus et votre
réputation souffrira. Si lun de vos collègues utilise les listes de façon
indiscrète, concertez-vous avec les autres pour utiliser larme absolue :
répondre tous ensemble en termes gentiment ironiques. Sa BAL sera inondée et il cessera
de vous importuner.
Dans certaines entreprises, les BAL sont encombrées de notes
administratives à diffusion générale. Cette inondation décourage les utilisateurs et
stérilise la messagerie. Les notes administratives seront de préférence placées sur un
serveur Intranet, et la DG diffusera une fois par mois un message récapitulatif
décrivant brièvement leur contenu et fournissant des liens pour les consulter. Il faut
donner à ce message récapitulatif une large diffusion ; les listes - cest encore
une exception à la règle, mais elle se comprend aisément - conviennent bien pour
informer plusieurs personnes de lévolution dun site Web. Jutilise à
cette fin une liste de 263 noms. Il est poli dindiquer aux destinataires comment
faire pour supprimer leur nom de la liste.
David Bennahum dit que
les listes font de la messagerie un nouveau média ; cest vrai, mais même sans
listes la messagerie serait déjà un média des plus puissants.
Pensez à organiser votre diffusion en fonction du traitement
du message et de l'action qui doit s'ensuivre, c'est-à-dire :
- mettre en destinataires "A" ceux qui auront une action à réaliser après la
réception du message ;
- mettre en copie "Cc" ceux qu'il est nécessaire d'informer, mais qui n'ont pas
d'action à réaliser.
Nommez clairement vos listes de diffusion de sorte que les
destinataires puissent utiliser des règles de tri en réception.
Consulter sa BAL au moins une fois par jour...
... et au maximum trois ou quatre fois par jour, à intervalles
réguliers. Les personnes qui vous envoient un message savent que vous ne le
lirez pas tout de suite (la messagerie est " asynchrone ",
contrairement au téléphone), mais espèrent que vous le lirez dans les heures qui
suivent. Il faut donc consulter votre BAL au moins une fois par jour. Quand vous êtes en
déplacement, vous pouvez consulter vos messages en utilisant un service (gratuit) de
messagerie sur le Web comme celui de www.yahoo.fr :
le paramétrage qui permet de récupérer les messages stockés sur votre BAL habituelle
nest pas difficile. Lors des consultations, décidez
: Détruire le message, le Classer, Répondre (si c'est vite fait), transformer le
message en Ttâche planifiée, le transformer en Temps de travail personnel.
Faire en sorte de ne pas recevoir plus que quelques dizaines de
messages par jour
Si vous recevez plus de vingt à trente messages par jour, vous
risquez de vous dégoûter de la messagerie. Il faut utiliser des filtres pour réduire le
flux qui vous arrive : si quelquun vous envoie régulièrement des messages
sans intérêt, détruisez les ; classez dans des dossiers les messages diffusés par les
sources dexpertise comme ZDNet ou Jesse Berst, vous les lirez quand vous en aurez
le temps ; reroutez vers votre collaborateur concerné les messages de ceux qui,
respectant à lexcès la voie hiérarchique, croient devoir sadresser à vous.
Il suffit de paramétrer votre messagerie pour quelle exécute automatiquement ces
diverses opérations.
Le travail de certaines personnes nécessite quelles
traitent plusieurs centaines de messages par jour : la règle ci-dessus ne
sapplique pas à ces personnes.
Répondre aux messages reçus
Souvent celui qui a envoyé un message attend une réponse ou un
accusé de réception ; ne remettez pas à plus tard la rédaction de la réponse
- mais rédigez la avec soin, cf. plus haut.
Cette règle comporte une exception : il ne faut pas répondre
aux messages qui nont pas besoin de réponse, et cest la majorité des
messages que nous recevons
à chaque message, il faut se poser la
question : " faut-il répondre ou non ? ", et agir en
conséquence.
Il faut en particulier éviter de senferrer dans des
échanges sans fin : il ma écrit, je lui réponds, il répond à ma réponse,
je réponds à sa réponse, etc. Le plus avisé des deux est dans ce cas celui qui rompt
le cercle en cessant de répondre.
Ne rien écrire dont on puisse regretter la diffusion
Le destinataire dun message est propriétaire de celui-ci
et peut donc le montrer à qui il veut. La personne à qui vous faites une confidence par
messagerie peut la dévoiler, même si cest plutôt indélicat. Nabusez pas
des plaisanteries sur les tiers, ne révélez pas crûment le fond de votre pensée :
un de vos messages peut être imprimé et diffusé, ou encore transmis à la cible de vos
critiques.
Diversifier les utilisations de la messagerie
L'entreprise peut gagner en efficacité en diversifiant les
utilisations de la messagerie ; voici quelques exemples :
1) La messagerie est d'abord le "poisson pilote" du
transfert de fichiers : vous pouvez mettre en pièce jointe un fichier Word, Excel,
PowerPoint etc., ou encore la nouvelle version d'une application que le destinataire peut
installer sur son PC. Le message joue alors le rôle d'un bordereau d'envoi.
2) On peut classer les messages concernant un même sujet dans
l'ordre de la conversation, faire apparaître questions et réponses dans leur ordre
naturel.
3) La messagerie fournit enfin leur plate-forme aux
"workflows" qui équipent les processus de l'entreprise : le paramétrage des
tables d'adressage, "timers", alarmes et compteurs, permet de contrôler la
qualité des processus.
Veiller à ce que toute lentreprise utilise la messagerie
Cette recommandation sadresse non à lutilisateur
individuel, mais à lensemble de lentreprise. Si seule une moitié des
personnes utilise la messagerie, il faudra deux circuits de documents : des messages
pour ceux qui ouvrent leurs BAL, le papier pour les autres. La gestion des listes en sera
compliquée. Cela se produit lorsque lentreprise nattribue de BAL quà
quelques personnes, ou que des utilisateurs ne sy " mettent
pas", ou encore que les BAL sont pleines de messages inutiles et donc non
consultées.
Certains dirigeants font gérer leur BAL par leur assistante qui
trie les messages, imprime les plus importants, et tape les réponses quils ont
portées en annotation. Je conseille à ces dirigeants de gérer eux-mêmes leur BAL car
ils pourront ainsi recevoir des messages non filtrés par la hiérarchie. Mais il faut que
lassistante puisse elle aussi les lire, ainsi que les réponses, car sinon
elle ne connaîtra plus les affaires que suit son patron et ne pourra pas le
conseiller. Il faut enfin que le patron apprenne la dactylographie : c'est une
autre histoire dont je reparlerai peut-être.
Il est préférable que les utilisateurs
disposent tous de la même version des logiciels de base (traitement de texte, tableur,
grapheur), cela facilitera l'utilisation de la messagerie pour le transfert de fichiers en
pièce jointe. Il est préférable que ces versions des logiciels soient récentes, car
cela facilitera la communication de l'entreprise avec le monde extérieur (si vous avez la
dernière version de Word, vous pouvez ouvrir tous les documents Word que l'on vous envoie
; si vous n'avez qu'une version ancienne, vous ne pourrez pas ouvrir les documents
composés avec les versions récentes).
Administrer la messagerie
Pour veiller à la qualité de ce média, lentreprise doit
nommer un " administrateur de la messagerie " outillé non pour lire
les messages, mais pour mesurer le nombre de messages reçus chaque jour par chacun, la
fréquence douverture des BAL, celle des réponses, la longueur des messages,
lutilisation des listes de diffusion, lencombrement du serveur, les délais de
transmission, etc. Il peut ainsi repérer les utilisateurs maladroits et leur indiquer, très
gentiment et très poliment, la bonne pratique.