Ce
calcul date de 1996. Il est publié ici parce que le raisonnement garde sa
pertinence. Les données relatives à la demande, ainsi qu'aux prix et performance
des unités d'oeuvre, nécessitent par contre une mise à jour.
L'ISOC (Internet Society)
propose trois définitions de l'Internet :
- définition générale : un méta-réseau d'information (i.e. un réseau de réseaux)
global et ouvert.
- définition étroite : un groupe d'inter-réseaux (i.e. d'interconnexion de
réseaux) capables d'acheminer entre eux des paquets selon l'Internet Protocol.
- définition large : l'interconnexion de réseaux au protocole IP, à laquelle on
ajoute les réseaux connectés capables d'acheminer du trafic (ce qui inclut les
réseaux utilisant le protocole IP, ceux utilisant un autre protocole, et les
systèmes de niveau applicatif).
L’Internet désigne littéralement
une structure d'inter-réseaux, un réseau de réseaux. C'est le sens de la
définition générale de l'ISOC. Mais cette définition introduit un flou dans la
délimitation du périmètre de l'Internet.
La définition large de l'ISOC
pourrait concerner l'ensemble des réseaux de télécommunication ou de
téléinformatique. Elle résume l'ambition de l'Internet qui est à terme de mettre
en relation tous les ordinateurs existant au monde. Ce n'est bien sûr pas
l'objet de notre étude.
L'Internet que nous
considérerons ici est l'ensemble des réseaux de réseaux interopérant via
l'Internet Protocol (IP). Nous retenons donc la définition étroite de l'ISOC.
Nous considérons, pour en
dégager les principales masses économiques, l'architecture qui permet la
connexion d'utilisateurs par un maillage de couverture mondiale. Le niveau
applicatif, ou ce que l'on appelle la toile (« the Web ») qui complète
l'infrastructure par l'ensemble des outils concourant à la satisfaction des
besoins des utilisateurs, en est donc exclu.
Nous ne prendrons donc en compte
pour la détermination du coût de l'Internet que les ressources utiles à la
fonction d'interconnexion de réseaux (et donc accessibles à tout moment). Le
coût du PC d'un utilisateur connectable en mode dial-up n’est pas pris en compte
(il n'est pas accessible à tout moment). De même, les serveurs relèvent du
niveau applicatif (plus précisément, du niveau des applications ou services
fournit sur le réseau d'interconnexion) et leur coût ne sera donc pas pris en
compte.
Ce que l’on cherche, c’est une
évaluation du coût direct (hors charges indirectes, commerciales, etc) du
réseau de l’Internet. Nnous ne considérons donc pas l’économie des services, ni
l’économie des réseaux d’accès (ou « boucles locales »).
Principes du
modèle
Schématisation de
l'architecture
Le déploiement de l'Internet a
abouti à un tissu complexe maillant le monde entier. Ses constituants sont des
réseaux de taille diverse : réseaux locaux, réseaux régionaux, réseaux
nationaux, réseaux internationaux, interconnectés sans hiérarchie.
Néanmoins, on identifie
plusieurs couches qui se composent d'unités d'oeuvre différentes :
- les réseaux locaux : LAN d'un
organisme (université, entreprise, etc), boucle locale du réseau téléphonique
public utilisée pour le raccordement des PC des utilisateurs individuels, LS
rattachant certains utilisateurs. Le coût de ce niveau, étant à la charge de
l'utilisateur, est hors du périmètre du modèle.
- les couches intermédiaires :
ce sont l’équivalent des réseaux régionaux qui étaient initialement, aux USA,
gérés par des organismes d'Etat ou par des consortiums universitaires. Ils sont
maintenant de plus en plus exploités par des sociétés commerciales. Il en existe
plusieurs hors des USA.
Les "Internet Access Provider" (IAP)
jouent un rôle d'intermédiaire entre les utilisateurs individuels (individus ou
entreprises utilisatrices) et les réseaux régionaux et/ou directement un
backbone (remarque : ils jouent le même rôle fonctionnel qu'un réseau régional).
Ces couches intermédiaires ont
pour fonction de rattacher les utilisateurs (niveau réseau local), mais aussi
pour certain d'eux d'interconnecter des réseaux régionaux (fonction de transit).
- les backbones. Leur prototype
est le backbone américain NSFNET. En avril 1995, il a été démantelé et la
fonction de réseau fédérateur a été confiée à divers opérateurs privés. Hors des
USA, des backbones existent, notamment Ebone pour l'Europe.
Cette modélisation n'impose pas
une hiérarchie car des réseaux régionaux peuvent être directement interconnectés
sans passer par un backbone.
Principe de la
modélisation
Le principe est celui d'un
découpage du territoire en mailles en fonction de la densité des utilisateurs.
Chaque maille abritera un noeud
d’interconnexion (soit le routeur d'un backbone, soit le routeur d'un réseau
régional). La surface des mailles sera inversement proportionnelle à la densité
géographique des utilisateurs
(i. e. le nombre d'utilisateurs par noeud sera constant) ; on peut en effet
approcher une topologie optimum en considérant qu'il existe une densité optimale
par maille, ou zone de couverture d'un routeur.
Chaque maille sera schématisée
géométriquement par un triangle équilatéral avec un noeud (i. e. un routeur) en
son centre. Les noeuds de deux zones voisines sont reliés directement entre eux.
Le schéma ainsi obtenu reflète
les caractéristiques principales du « réseau de réseaux » tout en simplifiant sa
topologie :
- les routeurs d'un backbone, ou
les réseaux régionaux, sont interconnectés de proche en proche,
- le maillage minimal
(contrainte de sécurité) est assuré : pour chaque flux entrant dans un routeur,
il existe au moins deux sorties différentes,
- le nombre de mailles croît
avec le nombre des utilisateurs : plus la densité des utilisateurs augmente,
plus les routeurs recherchent la proximité des utilisateurs.
Remarque 1 : On suppose dans
cette première approche que chaque maille élémentaire constitue une zone de
monopole local de fait. En fait, une aire géographique peut être partagée entre
plusieurs acteurs (« exploitants de routeurs »). De même, dans le cas où les
utilisateurs accèdent via le RTC, il n'existe pas de monopole local lorsqu’une
zone composée de plusieurs mailles du modèle est incluse dans une même zone
tarifaire.
Remarque 2 : le maillage total
des superficies considérées n’est pas l’exact reflet de la réalité. Ce point est
traité plus loin.
Remarque 3 : ce principe de
modélisation suppose une équirépartition des utilisateurs sur les superficies
considérées, or en fait la densité des utilisateurs n’est pas homogène. On
retiendra néanmoins l’hypothèse d’une densité homogène sur chaque région
étudiée, car cette simplification n’altère pas sensiblement le calcul du coût
moyen par utilisateur.
Deux niveaux de découpage sont
définis :
- un découpage au niveau des
couches intermédiaires : mailles représentant la couverture des différents
réseaux régionaux (interconnectés entre eux et connectés au backbone),
- un découpage au niveau
backbone : mailles correspondant aux zones de desserte de chaque routeur d'un
(ou de plusieurs) backbones.
Remarque : les effets de bord de
ce modèle seront négligés.
Discrimination en
grandes régions
La densité des utilisateurs
varie selon la région du globe. On différenciera les grandes régions
géographiques du globe :
- USA
- Canada
- Europe de l'ouest
- Japon
- Océanie (dont notamment
l'Australie)
- Amérique (hors USA et Canada)
- Europe de l'est
- Asie (hors Japon)
- Afrique
Les cinq premières régions (USA,
Canada, Europe de l'ouest, Japon et Océanie) représentent aujourd'hui 97% des
utilisateurs et continueront de représenter l'essentiel de la population des
utilisateurs dans les dix ans à venir (voir plus loin l'évaluation de la
demande).
Chacune d'elle est constituée
d’une couche « backbone(s) » et de plusieurs couches « réseaux régionaux ».
Modélisation
des couches intermédiaires
Le
trafic émis par un routeur peut être soit un trafic de proximité (trafic entre
deux mailles adjacentes) et dans ce cas le trafic ne transite pas par des noeuds
intermédiaires, soit un trafic lointain (à destination d’une maille non
adjacente) : le trafic devra alors transiter par un ou plusieurs noeuds
intermédiaires, noeuds appartenant soit à une (des) couche(s) intermédiaire(s)
de rang élevé, soit à la couche backbone
On définit ainsi plusieurs
niveaux de couche intermédiaire :
- le niveau le plus bas : mailles élémentaires du modèle, elles contiennent les
utilisateurs de l’Internet et leur noeud de rattachement ;
- les niveaux plus élevés : mailles, superposées au niveau inférieur, qui
contiennent des noeuds de transit.
Il s’agit de niveaux logiquement
distincts, mais dont les mailles sont géographiquement superposées et dont les
noeuds de transit sont physiquement identiques aux noeuds des niveaux
inférieurs.
Les mailles élémentaires
(mailles de la couche la plus basse) ne possèdent pas toutes un noeud de
transit. Par contre, le trafic se répandant de proche en proche, chaque maille
élémentaire est voisine d'une maille possédant un noeud de transit. Il faut pour
cela qu’une maille élémentaire sur quatre possède un noeud de transit.
On modélise ainsi les routages
pouvant exister entre réseaux régionaux. Pour un niveau de transit donné, la
règle est que chaque triangle est relié directement et uniquement avec ses
triangles adjacents ; cette règle s'applique à chaque niveau de transit.
Un triangle sur quatre sera donc
noeud de transit de premier niveau ; un triangle sur seize sera noeud de transit
de second niveau, etc.
Maillage de la couche
la plus basse
S’il est vrai que les routeurs
sont souvent reliés entre eux de proche en proche, mailler totalement la couche
la plus basse ne serait pas le reflet exact de la réalité. Nous supposerons donc
dans le calcul des coûts que le maillage n’est pas total sur la couche la plus
basse, mais qu’un noeud n’est relié qu’à deux noeuds adjacents (au lieu des
trois noeuds adjacents figurés sur le schéma de principe ci-dessus).
Détermination de la
surface des mailles - couche basse
Le territoire de chaque grande
région est découpé en triangles équilatéraux représentant chacun la zone de
couverture d'un noeud d’accès à l’Internet.
La surface des mailles est
inversement proportionnelle à la densité géographique des utilisateurs (i. e. le
nombre d'utilisateurs par noeud sera constant). La règle de proportionnalité
(nombre d'utilisateurs par noeud) est calculée chaque année en divisant le
nombre total d’utilisateurs par le nombre des réseaux accédant à l’Internet.
Étant donnée l’incertitude
relative à cette observation, ce ratio sera considéré comme un paramètre du
modèle. En fait, ce ratio n’est pas stable, mais il évolue d’une année sur
l’autre (néanmoins, cette évolution reste faible sur la chronique considérée).
Le paramètre retenu est la moyenne sur l’ensemble de la chronique considérée.
La zone de couverture d’un noeud
de rattachement ne saurait être inférieure à celle d’une « zone tarifaire ». Par
« zone tarifaire », nous entendons toute aire géographique où les utilisateurs
peuvent accéder à un noeud de rattachement à un tarif identique quelle que soit
leur position dans cette aire. Il peut s’agir par exemple d’une ZLE, d’une zone
locale américaine dans laquelle le téléphone est gratuit, ou de la zone de
couverture d’un CD de réseau câblé. Ainsi, la surface d’une maille est bornée
inférieurement par la surface d’une « zone tarifaire », qui est un paramètre du
modèle.
Lorsque la surface des mailles
est bornée inférieurement, le nombre d’utilisateurs par maille augmente, ce qui
entraîne une augmentation du nombre de routeurs dans la maille.
Il existe donc deux paramètres
pour décrire les mailles de la couche basse :
- le nombre d’utilisateurs par
nœud, qui détermine la surface des mailles lorsque le nombre d’utilisateurs est
faible, donc lorsque la surface des mailles est grande.
- si la maille se réduit à une
« zone de tarification », la surface des mailles reste fixe et égale à cette
valeur qui est le deuxième paramètre de dimensionnement des mailles.
Détermination de la surface des mailles - autres couches
Il existe un noeud de transit de
niveau N pour quatre mailles de niveaux N-1. La surface des mailles de niveau N
est donc quatre fois supérieure à celles des mailles de niveau N-1. Ceci reste
vrai quel que soit le paramétrage de la couche la plus basse.
Nombre de couches
intermédiaires
Le nombre des niveaux de transit
est tel que le plus haut niveau de transit soit composé de triangles égaux à (ou
du même ordre de grandeur que) la zone de couverture d'un noeud du niveau
« backbone » (voir ci-dessous la modélisation de ce niveau). Ainsi, le dernier
niveau de transit identifié n'est pas considéré comme faisant partie des couches
intermédiaires mais il est pris en compte dans la modélisation du « niveau
backbone ».
Le nombre des niveaux de transit
sera déterminé dynamiquement par le modèle.
Unités d'oeuvre
Chaque maille représente un
« réseau » qui se compose de :
- un routeur (situé au centre du
triangle) : nous prendrons comme référence un routeur CISCO (CISCO annonce
détenir 80% du marché des routeurs de l'Internet). Il s'agit généralement de
routeurs CISCO 2053 permettant la gestion d'accès jusqu'à 128 kbit/s, ou de
CISCO 4000 pour des accès de débit supérieur.
- une batterie de modems : pour
les utilisateurs raccordés en mode dial-up, des modems doivent être mis en
frontal du routeur. Un modem (généralement à 28 800 bit/s) pour vingt
utilisateurs est un bon taux de concentration (c'est la moyenne adoptée par des
IAP pour des accès de qualité).
- les LS permettent de raccorder
le routeur aux routeurs des mailles adjacentes d’un même niveau : les LS les
plus couramment utilisées sont des LS à 56 ou 64 kbit/s (d'après MIDS, environ
40% des modes de connexion, tout types de connexion confondus. Si l'on retire la
part des modems - les réseaux régionaux sont toujours interconnectés par LS - la
part des LS à 56 ou 64 kbit/s est au moins de 50%).
On retient deux LS par noeud de
la couche la plus basse. On retient pour les autres couches intermédiaires (les
différents niveaux de transit possible) trois LS par noeud pour le raccordement
aux noeuds adjacents d’une même couche : un triangle sur quatre possède un noeud
de transit de premier niveau ; un triangle sur seize possède un noeud de transit
de second niveau etc. Les LS de raccordement à un niveau de transit ne
concerneront donc qu'un réseau sur quatre pour le premier niveau de transit etc.
On observe le volume de trafic
concentré au niveau de chaque niveau de transit pour déterminer la capacité
nécessaire des LS. Le débit des LS sera calculé selon les règles de
dimensionnement ci-dessous.
Remarque : nous considérons que
les liaisons de raccordement des LAN (ou directement des stations utilisateurs)
au routeur d'un noeud d’une maille de niveau le plus bas sont du niveau « réseau
local » et donc à la charge de l’utilisateur.
Frais de personnels
Les frais de personnel
concernent la maintenance et l'exploitation technique des équipements.
S'agissant de calculer le coût de l'architecture, l'exploitation commerciale
n'est pas prise en compte à ce niveau.
En octobre 1994, 17000
organismes étaient recensés.
En moyenne ¼ de temps d'un technicien par organisme est employé à
l'exploitation technique spécifique à l'Internet.
Modélisation de la couche backbone
Remarque : dans notre modèle,
nous considérons un réseau backbone logique comme un ensemble de noeuds de
routage et de liaisons spécialisées. Peu importe que la fonction « backbone »
(i. e. fédération de réseaux régionaux) soit assurée par un ou plusieurs réseaux
physiques.
Détermination des
triangles équilatéraux.
Le nombre de routeurs des
backbone a augmenté avec la croissance du nombre des réseaux locaux et régionaux
en se dispersant sur le territoire. Ainsi, les points d'accès se sont rapprochés
des réseaux régionaux au fur et à mesure que la densité de ceux-ci s’est accrue.
Cette croissance peut être considérée comme valide jusqu’à ce que les mailles
des backbones atteignent une surface minimum en deçà de laquelle la notion de
backbone perd de son sens (la maillage du backbone devient trop fin, les mailles
trop nombreuses, et un nouveau backbone doit se superposer pour fédérer l’ancien
backbone).
Nous considérerons, dans notre
modèle, la couche backbone comme composée de mailles qui ont une surface fixe
dans le temps.
La taille de ces mailles (ou le
nombre de noeud de la couche backbone) est un paramètre du modèle qui prend des
valeurs différentes selon les grandes régions géographiques.
Unités d'oeuvre
- noeuds de rattachement et de
routage : nous prendrons comme référence l'équipement utilisé sur le backbone
NSFNET qui couvrait l'ensemble des USA. Il s'agit de calculateurs IBM RS 6000
(modifiés pour les besoins de l'Internet) commandant des interfaces avec des LS
hauts débits et des interfaces FDDI ou Ethernet pour la connexion de serveurs
locaux.
- LS assurant le maillage des
noeuds : ce sont des LS à haut débit (nous prendrons 45 Mbit/s comme pas
unitaire)
louées aux opérateurs télécom. Leur prix unitaire sera donc le tarif moyen sur
chaque région de location de ces LS (il existe de fortes différences entre les
tarifs des diverses régions).
Remarque : on prend en compte
les distances réelles (et non les distances à vol d’oiseau).
Frais de personnel
Nous considérerons deux
catégories de personnel :
- le personnel d'exploitation
des backbones : son coût annuel équivaut typiquement à 10% du coût
d'investissement des équipements (les LS étant louées, leurs frais de
fonctionnement sont inclus dans le prix de location).
- les organismes de
standardisation (ISOC, IETF, etc) : on évalue à 1000 personnes l'effectif total
de ces organismes, réparti dans les diverses régions au prorata du nombre
d'utilisateurs par région.
Évolution des prix unitaires
Chaque unité d'oeuvre est
décomposée en deux parties dont les caractéristiques d'évolution de prix sont
différentes : une partie dont le prix reste constant (typiquement, les
composants mécaniques ou d'alimentation d'un équipement) et une partie dont le
prix évolue exponentiellement à la baisse (typiquement les composants
électroniques ou logiciels).
La loi d'évolution des coûts
unitaires est donc de la forme :
P = P0 [α
+ (1 – α) e–β(t
– t0)]
Les coefficients
α
et β
diffèrent selon le type d'équipement. Nous supposons qu’ils sont les suivants :
Pour les routeurs,
α = 25 %
et β = 30 %
Pour les LS aux USA, α = 60 %
et β = 20 %
Pour les LS en Europe, α = 50 %
et β = 50 %
Dimensionnement
Principe général
Le dimensionnement du réseau
doit considérer le nombre des unités d’oeuvre (routeurs et liaisons
spécialisées) et leur taille.
Le nombre des unités d’oeuvre ne
dépend que du dimensionnement de la couche la plus basse et de celui de la
couche backbone. Leur nombre dans les couches intermédiaires est calculé
automatiquement selon le modèle triangulaire. Le dimensionnement dépend
essentiellement des trois paramètres suivants :
- nombre d’utilisateurs par noeuds de rattachement (tant que la surface des
mailles élémentaires est supérieure à celle des « zones tarifaires ») ;
- surface d’une « zone tarifaire » ;
- nombre de noeuds des backbones.
La taille des LS est déterminée
par les règles de dimensionnement définies ci-dessous.
Règles de
dimensionnement
Caractéristiques du
trafic IP
L'Internet Protocol découpe les
flux de données en paquets de taille variable. Un en-tête est ensuite ajouté par
TCP-IP, ce qui induit un overhead moyen de 17%. La taille moyenne des
paquets émis sur le réseau est d'environ 200 octets (moyenne des mesures
effectuées sur le trafic de NSFNET entre 1991 et 1995).
Remarque : en fait la taille des
paquets, donc la part de l’overhead, varie selon la nature des trafics
considérés (e-mail, transfert de fichiers, téléphonie, etc).
Le rythme d'émission d'un
utilisateur est de nature très sporadique : de brefs pics de trafic (lors du
téléchargement d'une page HTML ou d'un fichier) entrecoupés de silences. La
hauteur des pics est limitée par la capacité en débit de l'équipement de
l'utilisateur : la majorité des utilisateurs d'aujourd'hui utilisent des modems
à 14,4 kbit/s (les modems à 28,8 kbit/s sont de plus en plus utilisés et seront
certainement majoritaires d'ici environ un an).
Nous dimensionnerons
l'infrastructure sur le trafic moyen à l'heure chargée, la définition de l'heure
chargée pouvant varier suivant que l'on considère un réseau régional ou un
backbone international (ou intercontinental).
Notion d'heure chargée
L'heure chargée est difficile à
définir à un niveau global car :
- le réseau étant mondial, les
plages horaires habituellement chargées diffèrent d'une région à une autre (en
temps universel),
- on n'a pas identifié, comme
pour le téléphone, des habitudes sociales concentrant les communications sur
certaines heures de la journée (les applications de l'Internet n'étant
généralement pas des applications interactives de personne à personne, il est
indifférent de le consulter à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit),
- pour certaines applications
(téléchargement, transfert ...), les utilisateurs peuvent programmer les
communications dans des plages horaires localement non chargées (de façon à
bénéficier notamment des tarifs réduits de la boucle locale),
- les flux de trafic de
l’Internet sont chaotiques.
On fera les hypothèses suivantes (elles
correspondent à des paramètres réglables dans le tableau de calcul) : l'heure
chargée est une plage horaire de 8 heures (en temps universel) ;
50% du trafic total est écoulé
dans cette plage horaire
Hypothèses de
répartition du trafic
Nous supposons que le trafic
sortant de chaque routeur connecté est isotrope tant en volume qu'en destination
:
- chaque routeur génère le même
flux. On raisonnera donc sur un trafic moyen par maille : si N est le nombre
total de mailles de niveau 1, chaque maille émet vers l'extérieur un trafic égal
à 1/N fois le trafic total.
- chaque maille de niveau 1 émet
la même quantité de trafic à destination de chacune des autres mailles de même
niveau. Chaque maille reçoit donc un trafic égal à 1/N fois le trafic total.
Chaque maille disposant de deux liaisons avec les mailles voisines, chaque
liaison écoulera la moitié de son trafic sortant, soit 1/2N du trafic total.
Calcul du trafic de
transit
Nous avons vu dans le chapitre
décrivant la modélisation mailles intermédiaires qu'une maille sur quatre jouait
une fonction de transit de premier niveau. Le trafic de transit obéit aux
hypothèses ci-dessus, en considérant que chaque noeud de niveau i dispose de
trois liaisons avec les noeuds voisin de même niveau. Le trafic de transit de
premier niveau est égal à 4*(N-3)/N fois le trafic total.
Celui de deuxième niveau est égal à 4*((N/4)-3)/(N/4) fois le trafic de transit
de premier niveau, etc. Par récurrence, on voit que le trafic de transit de
niveau i est égal à 4 * ((N/4i-1)-3) / (N/4i-1) fois le
trafic de transit de niveau i-1.
Transit par le backbone
Les flux de trafic sont (ou
deviendront) majoritairement régionaux ou nationaux.
Ceci répond à un usage souvent régional des services proposés et à des
orientations économiques (mise en place des serveurs miroirs pour économiser les
liaisons à longue distance lorsque les services réclament de forts débits). Pour
considérer ce phénomène, nous introduirons un paramètre limitant la part de
trafic remontant à la couche backbone par rapport au trafic qui aurait transité
par cette couche si la répartition du trafic avait été uniforme.
Remarque : ce paramètre devrait
en fait dépendre du service considéré. Pour le téléphone, il est proche de 100%.
Pour des services large bande, il est sans doute nettement inférieur.
Rendement des LS
Le rendement des LS (rapport
entre débit utile et capacité des LS) est un des paramètres du modèle. Il est
dans l’hypothèse de base égal à 30%.
Règle de
dimensionnement
Le dimensionnement d'un réseau
de paquets diffère de celui d'un réseau à commutation de circuit ; il repose sur
la théorie des files d'attente. De ce fait, ce n'est pas uniquement la capacité
(en bit/s) qui détermine la dimension du réseau mais également des paramètres de
qualité dont le temps de traversée du réseau, fonction de la capacité des
équipements et du chemin parcouru (nombre d'équipements traversés).
Il n'existe pas d'assurance de
qualité sur l'Internet. L'Internet garantit la mise à disposition de ressources
pour permettre une connexion entre deux points quelconques, mais ne garantit pas
le résultat : il n'est pas en mesure de garantir qu'un paquet émis arrivera à
destination. Ceci résulte notamment du fait qu'un paquet est susceptible de
traverser des réseaux exploités par des acteurs différents ; un opérateur n'est
pas en mesure de garantir la qualité des réseaux auxquels il est interconnecté.
Nous dimensionnerons le modèle
en nous assurant uniquement qu'il n'y a pas de blocage, c'est à dire que le
trafic moyen, équi-réparti géographiquement, peut s'écouler à l'heure de pointe
sans blocage, étant données les hypothèses faites sur l'heure de pointe et sur
la répartition du trafic. Le nombre de LS à 45 Mbit/s des backbones est
notamment calculé de cette façon.
Remarque : cette règle
n'implique aucune contrainte quant au principal critère de qualité du réseau qui
est le temps moyen de traversée du réseau.
Lorsque le débit moyen à l'heure
de pointe ne nécessite que des LS moyen débit (cas des couches intermédiaires
pour lesquelles le débit moyen à l'heure de pointe par réseau est de l'ordre de
quelques dizaines de kbit/s), la taille des liaisons sera dimensionnée de façon
suffisante pour laisser passer le trafic à l’heure chargée en prenant en compte
les divers paliers de la hiérarchie de débit de LS.
Suite : Le
scénario
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