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Commentaire sur :
Lesley Blanch, Voyage au cœur de l’esprit, Denoël, 2003

4 août 2008

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Pour lire un peu plus :

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Lettre de Russie
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Lettre de Russie n° 2
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Lettre de Russie n° 3

Lesley Blanch (1904-2007) avait été fascinée, petite fille, par un ami de ses parents qu’elle appelle « le Voyageur ». Ce Russe à demi tatare aux activités mystérieuses, sans doute agent secret, lui inspira un amour passionné pour la Russie et pour tout ce qui est russe.

Quel contraste en effet entre le rêve d’une Sibérie enneigée, de longs voyages dans le transsibérien, de chevauchées effrénées dans la steppe, et la vie d’une jeune fille anglaise cultivée ! Cet amour pour la littérature, la musique, l’architecture, les paysages, la langue et le caractère même des Russes – qu’elle perçoit comme des personnages romanesques, généreux, toujours prêts aux entreprises et aux rêves les plus extrêmes –, cet amour orientera toute sa vie.

Mais la Russie qu’elle aimait était celle du XIXe siècle. Quand elle pourra visiter l’URSS elle sera à la fois enchantée et déçue – enchantée par ce qu’il y restait de sa Russie, déçue par le système soviétique.

*     *

Les pays que nous aimons nous font rêver – qui n’a jamais rêvé d’Italie, d’Espagne, de Chine, de Russie ?

L’image que nous nous en faisons est-elle réaliste ? Peu importe : sa présence dans notre esprit, elle, est réelle, et d’une façon ou d’une autre elle a été émise par ces pays-là. La Russie qu’a rêvée Lesley Blanch n’est pas plus fausse que la Russie réelle : elle se situe sur un autre plan. Peut-on, d’ailleurs, comprendre vraiment un pays sans l’avoir rêvé ? Peut-on comprendre la France sans la rêver ?

Le plus beau passage du livre - toute l’énergie du texte s'y condense - est celui où Lesley Blanch va avec le Voyageur dans un restaurant russe de Paris pour entendre de la musique tzigane. On partage l'ennui d'une longue attente – que déchire soudain un cri sauvage, irruption d’une musique qui l’arrache à elle-même pour la transporter dans un monde de passions, de souffrances et de plaisirs extrêmes – de cette musique instinctive et si savante, vivante et si ancienne qui tend, à qui sait entendre, la clé du destin.