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Commentaire sur :
Richard A. Clarke, Against All Enemies, Free Press 2004

24 juin 2004


Liens utiles

- Élections américaines
- Chirac et Bush
- La grande provocation

-
Hypocrisie

L’ancien conseiller d’un homme politique qui publie un livre de souvenirs viole la confiance que son patron lui avait accordée[1]. Clarke, qui fut à la Maison Blanche responsable de la lutte antiterroriste sous Clinton, puis sous Bush, estime que la loyauté envers son pays prime celle qu’il doit à son président. On lit, entre les lignes, qu’il a pris au sérieux le serment de « défendre le pays contre tous les ennemis », y compris si l’ennemi se trouve placé au sommet de l’exécutif.

Son livre est un témoignage et, comme tout témoignage, il est partiel ou partial. Les historiens devront le corriger mais ils le considéreront comme une source utile.

Bush, dit-il, n’a malgré plusieurs avertissements pas pris au sérieux la menace que représentait Ben Laden. Après l’attentat du 11 septembre 2001, il a orienté la recherche du coupable vers Saddam Hussein. La guerre contre l’Irak est une erreur stratégique car elle ne fait que renforcer les terroristes.

Clarke, qui semble avoir une bonne mémoire, utilise le style oral pour transcrire les propos des protagonistes : « fuck » et ses dérivés grammaticaux y sont d'une fréquence élevée, signe d’exaspération autant que de vulgarité.

Clarke parle peu ou pas de ce qui se passe en Europe, et des autres manifestations du terrorisme que celles qui frappent les Etats-Unis.

Anecdote : un des membres de la commission d'enquête sur le 11 septembre a demandé à Richard Armitage, adjoint de Colin Powell, s'il avait lu le livre de Clarke.
- "Je l'ai lu à la façon de Washington", répondit Armitage.
- "C'est-à-dire, dit le président de la commission, que vous avez vérifié si votre nom figurait à l'index"
- "Oui, et en plus, j'ai lu les pages où l'on parlait de moi".


[1] Même si François Mitterrand a donné son accord à cette publication, le Verbatim de Jacques Attali suscite chez moi un dégoût qui m’empêche de le lire.