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Commentaire sur :
Danielle Elisseeff, Confucius, des mots en action, Gallimard/Réunion des musées nationaux 2003

17 février 2004


Liens utiles

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Qu'est-ce qu'un sage ?
- Science and Civilisation in China
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La vie sexuelle dans la Chine ancienne
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Bibliographie de François Jullien

Si l’on évalue la valeur ajoutée d’un livre selon l’apport de connaissance diminué de l’effort de lecture, celui-ci a une forte valeur ajoutée.

Confucius (551-479) (Kǒng Zǐ, 孔子), est d’abord présenté selon les données historiques, qui sont des plus maigres, puis selon la légende, beaucoup plus riche, qui s’est construite autour de sa vie.

S’il vivait aujourd’hui, on décrirait Confucius comme un sociologue doublé d’un spécialiste des sciences politiques. Dans la période troublée des « royaumes combattants », il tente de définir les conditions pratiques et morales de l’ordre social. Il fonde celui-ci sur l’humanité (au sens de « compassion », rén ) et sur la stabilité des rapports entre catégories de personnes. Pour être stables, ces rapports doivent selon lui être concrétisés par des rites. Il définit le caractère de l’homme de bien ainsi que celui du sage, et recommande au prince de confier aux lettrés les responsabilités administratives.

Le confucianisme visait à surmonter les difficultés d’une époque troublée. Il donnera lieu par la suite à de nombreuses interprétations ou déviations, ainsi qu’à des critiques dont la diversité témoigne de la richesse de la pensée chinoise :

Mozi, (480-390), est un logicien ; il rejette le principe d’autorité et les rites et place la notion d’équité au-dessus de celle d’humanité.

Zhuangzi, 莊子(370-300), reproche au système d’enseignement préconisé par Confucius d’être l’école du conformisme.

Mencius (371-289) (Mengzi 孟子), au contraire des précédents, approuve Confucius et systématise une conception optimiste de la nature humaine : « l’homme est bon » et le rayonnement du sage s’impose spontanément.

Xunzi, 荀子 (298-238), est par contre pessimiste : il estime que l’action du sage doit s’appuyer sur un appareil judiciaire. Cette théorie donnera naissance, durant le règne terrible du premier empereur Qin Shihuangdi, 秦始皇帝 (221-210), à la doctrine répressive des légistes.

Mao Ze Dong, 毛泽东 (1893-1976), qui admirait Qin Shihuangdi, a lancé une campagne de dénigrement de Confucius lors de la période troublée des années 70. Après sa mort l’intérêt pour la pensée de Confucius est revenu.

Le confucianisme, en s’imposant aux lettrés qui formaient l’ossature de l’administration chinoise, a parfois été identifié au formalisme et à la moralité superficielle des bureaucrates. Attentif à l’être humain et à la société, il était indifférent aux sciences de la nature : elles seront développées par les taoïstes.

Malgré les critiques que l’on a pu lui opposer, le confucianisme reste un monument de la pensée ; son étude sera utile aux Occidentaux désireux de prendre avec leur propre tradition la distance qui seule permet de la comprendre.

Ce petit livre, écrit dans un français limpide, décrit l’histoire du confucianisme des origines à nos jours ; il présente en annexe des témoignages, des documents, une chronologie et une bibliographie. Il mérite d’être lu deux fois, puis conservé comme aide-mémoire et consulté épisodiquement.