Si l’on évalue la valeur
ajoutée d’un livre selon l’apport de connaissance diminué de l’effort de
lecture, celui-ci a une forte valeur ajoutée.
Confucius (551-479) (Kǒng Zǐ,
孔子),
est d’abord présenté selon les données historiques, qui sont des plus maigres,
puis selon la légende, beaucoup plus riche, qui s’est construite autour de sa
vie.
S’il vivait aujourd’hui, on
décrirait Confucius comme un sociologue doublé d’un spécialiste des sciences
politiques. Dans la période troublée des « royaumes combattants », il tente de
définir les conditions pratiques et morales de l’ordre social. Il fonde celui-ci
sur l’humanité (au sens de « compassion », rén
仁) et
sur la stabilité des rapports entre catégories de personnes. Pour être stables,
ces rapports doivent selon lui être concrétisés par des rites. Il définit le
caractère de l’homme de bien ainsi que celui du
sage, et recommande au prince de confier
aux lettrés les responsabilités administratives.
Le confucianisme visait à
surmonter les difficultés d’une époque troublée. Il donnera lieu par la suite à
de nombreuses interprétations ou déviations, ainsi qu’à des critiques dont la
diversité témoigne de la richesse de la pensée chinoise :
Mozi,
墨
子
(480-390), est un logicien ; il rejette le principe d’autorité et les rites et
place la notion d’équité au-dessus de celle d’humanité.
Zhuangzi,
莊子(370-300),
reproche au système d’enseignement préconisé par Confucius d’être l’école du
conformisme.
Mencius
(371-289) (Mengzi
孟子),
au contraire des précédents, approuve Confucius et systématise une conception
optimiste de la nature humaine : « l’homme est bon » et le rayonnement du sage
s’impose spontanément.
Xunzi,
荀子
(298-238), est par contre pessimiste : il estime que l’action du sage doit
s’appuyer sur un appareil judiciaire. Cette théorie donnera naissance, durant le
règne terrible du premier empereur Qin Shihuangdi,
秦始皇帝
(221-210), à la doctrine
répressive des légistes.
Mao Ze Dong,
毛泽东
(1893-1976), qui admirait
Qin Shihuangdi, a lancé une campagne
de dénigrement de Confucius lors de la période troublée des années 70. Après sa
mort l’intérêt pour la pensée de Confucius est revenu.
Le
confucianisme, en s’imposant aux lettrés qui formaient l’ossature de
l’administration chinoise, a parfois été identifié au formalisme et à la
moralité superficielle des bureaucrates. Attentif à l’être humain et à la
société, il était indifférent aux sciences de la nature : elles seront
développées par les taoïstes.
Malgré les critiques que l’on a pu lui opposer, le confucianisme reste un
monument de la pensée ; son étude sera utile aux Occidentaux désireux de prendre
avec leur propre tradition la distance qui seule permet de la comprendre.
Ce
petit livre, écrit dans un français limpide, décrit l’histoire du confucianisme
des origines à nos jours ; il présente en annexe des témoignages, des documents,
une chronologie et une bibliographie. Il mérite d’être lu deux fois, puis
conservé comme aide-mémoire et consulté épisodiquement. |