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Qu'est-ce qu'un sage ?

15 septembre 2003


Pour lire un peu plus :

- Reconstruire les valeurs
- Qu'est-ce qu'un philosophe ?
- Bibliographie de François Jullien
L’histoire nous a légué diverses figures du sage[1]. Le sage bouddhiste considère que la nature est une illusion et aspire au nirvâna ; le sage platonicien place la réalité dans le monde des Idées ; la figure du saint catholique peut recouvrir aussi bien le militant qui s’engage pour construire un monde meilleur que l’ermite qui se retire du monde pour cultiver sa foi.

La culture occidentale culmine dans la philosophie héritée des Grecs, φιλοσοφία, « amour de la sagesse ». Cependant au sommet de l’échelle des valeurs de l’Occident se trouve non pas le sage, mais le héros, Prométhée, César ou Napoléon, qui transforme le monde par son énergie avant de disparaître dans la catastrophe qu’il a provoquée. Par ailleurs la professionnalisation du philosophe n'a pas eu que des effets positifs.

Qu'est-ce qu'un philosophe ?

Des diverses figures du sage, celle qui assume le mieux l’harmonie entre l’humanisme et la démarche expérimentale nous semble être celle du sage chinois[2] (shēngrén [3], prononcer chengjen)[4]. Le développement ci-dessous vise à étayer cette hypothèse.

*  *

François Jullien a décrit[5] le contraste entre les valeurs grecques et chinoises : le Grec, dont la valeur suprême est l’héroïsme, agit pour imposer au monde le concept qu’il affirme. Le Chinois, dont la valeur suprême est la sagesse, agit en sélectionnant, dans le flux du processus en cours, ceux des germes du monde futur qu’il entend favoriser.

Le contraste saute aux yeux dans l’art militaire. Pour la culture grecque, l'art de la guerre culmine dans la bataille rangée. Pour la culture chinoise[6], la force d’une armée réside dans son organisation ; vaincre, ce n’est pas exterminer l’adversaire mais le désorganiser. La force d’une armée résulte donc de son aptitude à reconstruire sans délai l’organisation qui vient d’être détruite : les efforts de l’adversaire seront alors, disent les Vietnamiens dont la stratégie s’est construite à l’occasion d’un conflit millénaire avec la Chine, comme des coups de poing dans l’eau[7], dam vao chau nuoc.

Les penseurs occidentaux qui se sont intéressés à la sagesse[8] ont été influencés par la Chine : ce fut le cas de Montaigne et de Leibniz. Les Jésuites, qui ont été séduits par la Chine avant d’être contraints par Rome de s’en retirer, ont contribué par leur enseignement à répandre en Occident une sagesse dont ils ont préféré masquer l’inspiration chinoise[9].

Pour nous familiariser avec la pensée chinoise, François Jullien propose de considérer quelques mots clés. Nous retiendrons dàn (prononcer tan), qui signifie fadeur, et shì (prononcer che comme dans « cheval ») que l'on peut traduire par situation. On trouvera les commentaires sur les ouvrages de François Jullien en suivant ces deux liens :

Éloge de la fadeur

La propension des choses

Le Zhong Yong

La relation entre la pensée symbolique, la pensée conceptuelle et le processus de l'action est étudiée dans la fiche :

Concept, processus et symbole

Sagesse et morale

La morale occidentale consistait, avant la Renaissance, en l'obéissance à la Révélation ; à partir du XVIIe siècle s’est dégagée une morale fondée sur le devoir et la volonté. François Jullien[10] décrit la généalogie de cette morale qui, à travers Malebranche, Hobbes, Rousseau et Kant, aboutit à la critique décapante de Nietzsche.

Pour décrire la morale chinoise, Jullien a pris pour témoins Mèng Zǐ (孟子, prononcer Meng Dze), que la tradition occidentale a nommé Mencius, et ses commentateurs.

Le point de départ de la morale chinoise, c'est l'humanité au sens de compassion rén : cet idéogramme symbolise l’altérité en associant au mot homme (rén ) le chiffre deux (èr ). Nous éprouvons de la compassion devant la souffrance d'autrui. Cet élan instinctif, irraisonné, est l'indice de la solidarité qui nous unit aux autres êtres humains, plus largement à tous les êtres vivants, enfin au monde lui-même.

Partant du même constat, le philosophe occidental et le philosophe chinois bifurquent. Pour l'occidental, la compassion nous renvoie à Dieu, puis au devoir, selon un mouvement vertical d'abord ascendant, puis descendant. Pour le Chinois, la compassion nous « branche » horizontalement sur ce que nous partageons avec tous les autres êtres et nous incite à nous insérer dans le processus de l'existence : ainsi nous obéissons au « Ciel » tiān , mot qui pour eux désigne non la divinité mais le processus nécessaire de la nature.

Le sage, dit Mencius, c'est celui qui se conforme souplement à ce qui est nécessaire. La volonté héroïque qui caractérise le saint ou le héros occidental lui est étrangère. L'action volontaire, qui s'impose en faisant violence au cours naturel des choses, peut avoir un aspect spectaculaire mais sera inefficace à la longue car elle ne peut déranger qu'un instant le processus. La seule action possible, c'est le conditionnement, l’incitation : on ne peut pas faire croître une plante en tirant dessus, mais on peut encourager sa croissance en sarclant la terre et en l'arrosant.

Le sage chinois rayonne dans sa simplicité et sa transparence. Sa présence calme les esprits, apaise les conflits, éclaire les problèmes. Sans rechercher le pouvoir, il détient l’influence : c'est un « roi ». Mencius est bien obligé de reconnaître que parfois l’influence du sage rencontre des résistances. Mais il ne faut pas, dit-il, que le sage s’en soucie : peu lui importe de ne pas avoir d'influence sur des gens qui sont « comme des bêtes ».

Nous avions dans "La science économique et la question du but" représenté la sagesse en dessinant un temple grec ; pour représenter le sage chinois, nous dessinerons une petite pagode. Elle a pour socle jìng , « respect » (prononcer djing) ; l’humanisme confucéen, rén, est son premier pilier ; le second pilier est le rapport avec la nature apporté par le taoïsme[11], dào (, prononcer tao) ; la sagesse, shēng, qui les conjugue tous deux, couronne le tout :

On peut se représenter la relation entre les philosophies chinoise et occidentale selon un modèle chronologique. La philosophie chinoise, respectueuse du processus de la nature, serait une philosophie de l’action à court terme : pour me déplacer dans une maison, je dois passer par les couloirs et les portes qu'elle comporte, et je ne peux ni passer ni voir à travers les cloisons et les murs. La philosophie occidentale, volontaire et héroïque, serait celle de l’action à long terme : si je dessine le plan d'une maison que l'on construira plus tard, je suis libre de configurer à ma fantaisie les murs, portes, fenêtres et cloisons. Chacune de ces philosophies aurait sa zone d'application légitime, l'erreur étant d'appliquer l'une dans la chronologie qui correspondrait à l'autre.

Quelle est la part de l'action libre, responsable, volontaire, lorsque l'on suit le processus ? Le sage chinois obéit au processus de la nature, mais c'est pour la conditionner, lui faire produire des fruits attendus. Ce conditionnement doit être indirect (ne pas tirer sur la plante), mais il n'en est pas moins volontaire : si je sarcle la plante, c'est bien pour l'aider à pousser. Tout en respectant le processus, le sage l'infléchit, l'oriente dans un sens délibéré. On peut donc estimer que la philosophie chinoise est elle aussi une philosophie de l’action à long terme, et que même à cette échelle de temps elle est plus féconde que le volontarisme héroïque que nous avons hérité des Grecs.

« Es-tu un sage ? »

« Es-tu un sage ? » Dès que l’on a défini la sagesse, une voix intérieure pose cette question. Mais personne ne peut répondre « je suis un sage », pas plus que l’on ne peut dire « je suis un saint » si ce n’est sous forme de plaisanterie.

La sagesse n’est pas en effet un état que l’on puisse atteindre et où l’on puisse se reposer ; c’est une orientation, une référence, un repère qui guide l’action. Elle constitue, pour tout être humain, l’idéal le plus élevé qui soit : agir, en toute circonstance, avec justesse (et donc avec justice) ; disposer pour cela des savoir-faire et du savoir-vivre qui permettent, selon les exigences de la situation, de se comporter judicieusement ; savoir parler la langue des autres, savoir se battre si besoin est en champion de gōng fū (工夫, prononcer kung fu), maîtriser les machines les plus diverses, goûter la poésie, apporter plaisir et bonheur aux personnes avec lesquelles on vit, posséder le « coup d’oeil » du stratège etc.

Le sage serait donc à la fois Bruce Lee, Casanova, Fangio, le général Leclerc, saint François et Galilée ! Une telle ambition serait ridicule ... aussi la sagesse ne peut pas être une ambition : elle sera plutôt une respiration, une orientation, et sous cette forme modeste elle sera offerte à tous.

Tu ne connais pas toutes les langues, toutes les techniques de combat, toutes les sciences, tu ne maîtrises pas toutes les machines, il t’arrive de manquer de vigilance, d’agacer ton entourage, de gaffer, de commettre des injustices dont tu gardes un souvenir cuisant : tu n’es donc pas un sage ! Mais tu peux te disposer à être ouvert au monde, curieux de tout et de tous. Tu ne parviens pas à comprendre à l’instant à qui tu as affaire, ni à prononcer à chaque instant les paroles qui conviennent : mais tu peux te disposer à être attentif, vigilant, et il est d'ailleurs vrai que la présence d’une personne (au sens où l’on dit d’un acteur qu’il a « de la présence »), son rayonnement, dépend de l’attention qu’elle accorde aux autres, du regard avec lequel elle les considère.

Ainsi, à défaut d’être un sage accompli, tu peux dès aujourd’hui mettre en pratique les orientations qui sont celles de la sagesse. Tu peux prendre pour référence, pour modèle, le sage idéal, le sage dont les facultés ne se sont sans doute jamais incarnées en une même personne, et que nous appellerons « le sage » tout court.

Nous retrouvons ici ce respect (envers autrui, envers la nature) sur lequel nous avons fondé notre édifice : le sage entretient avec autrui, avec la nature, un rapport attentif, vigilant ; il s’efforce de connaître le monde qui se présente à lui et aussi chacun des êtres humains qu’il rencontre. Extraverti, ouvert, il est généreux mais non complaisant : la complaisance qui prétend « ne pas juger l’autre » , mais qui en fait l’ignore, n’est-elle pas la forme la plus achevée du mépris ?

*  *

Si nous avons refusé de fonder sur l’amour le rapport au monde et aux autres (voir "Pratique du respect"), si nous avons estimé que le respect procurait des fondations plus solides, nous pouvons cependant utiliser le terme « amour » pour qualifier le rapport du sage au monde : l’amour se trouve ainsi placé non aux fondations de l'édifice, mais au sommet ; ce n’est pas un point de départ mais un aboutissement.

Oui, le sage « fait l’amour » au monde, copule avec le monde : étant pleinement vivant, il ne fait qu’un avec lui. C’est à la volupté que comporte ce rapport au monde qu’il doit un équilibre et une paix intérieure rayonnante. L’érotisme qui sature notre civilisation, pornographie mécanique et frustrante, n’en offre qu’une caricature grimaçante.

Le sage est un modèle pour l’individu ; peut-il devenir une référence culturelle, partagée par l’ensemble des êtres humains ? Certains diront qu’un idéal aussi élevé ne peut être visé que par des êtres d’élite, des personnes exceptionnelles, mais cela n’a rien d’évident. Le type humain qu’une civilisation prend pour modèle n’est pas nécessairement facile à réaliser. Est-il si facile, pour prendre des modèles aujourd’hui courants, de devenir une « star » de cinéma ? Un écrivain célèbre ? Le champion du monde dans une discipline sportive ? Par rapport à ces ambitions-là, qui ont a priori bien peu de chances d’être satisfaites (même si certaines personnes, en effet, les atteignent), la sagesse apparaît une ambition modeste et réaliste, d'autant plus qu’il s’agit non d’un but à atteindre mais d’un chemin à suivre, d’une orientation à conserver !

Oui, il est réaliste et raisonnable de viser la sagesse. Les divers buts que nous lui avons comparés (succès, célébrité etc.) déçoivent dès qu’on les a atteints. La sagesse ne décevra jamais, parce qu’on ne l’atteindra jamais ; et si le chemin qui se dirige vers elle n’est pas sans difficulté, du moins y trouve-t-on les plaisirs que comporte une vie pleinement humaine, en harmonie avec le monde.

*  *

Avons-nous réglé le problème du but  ? Non. Mais nous avons indiqué les conditions nécessaires de sa solution. La sagesse, telle que nous l’avons définie, n’implique pas une définition précise des valeurs que l’être humain peut vouloir graver dans le monde : étant de nature culturelle, elles sont a priori d’une diversité qui reflète l’étendue des potentialités de notre espèce. Parmi ces valeurs se trouvent, par exemple, les valeurs esthétiques qui déterminent, dans chaque culture (et à l’intérieur d’une culture dans chaque époque) le rôle dévolu au regard, à l’audition, au rythme.

Quelle que soit la diversité des cultures et des époques, elles doivent cependant toutes prendre pour fondation la sagesse, l’humanisme, la démarche expérimentale et le respect. On nous objectera avec raison que dans le passé il a existé de grandes cultures qui avaient d’autres fondations : mais nous ne sommes pas aujourd’hui dans le passé, et nous ne pouvons pas faire comme si le rapport avec la nature n'était pas désormais réglé par la démarche expérimentale telle que Popper l’a définie, ni comme si l’humanisme n’était pas fondé en raison. Ce que les civilisations antérieures ont naturellement ignoré, nous ne pouvons pas faire comme si nous ne le connaissions pas.

Si la connaissance n’a pas progressé dans l’absolu, elle a progressé de façon relative. Elle n’a pas progressé dans l’absolu parce que quelle que soit la distance parcourue sur une route infinie il restera toujours autant de chemin à faire. Elle a progressé de façon relative parce que l’expérience nous a contraint à abandonner des hypothèses qui, autrefois, auraient été admissibles, et nous a donc apporté un enseignement qui, tout négatif qu’il soit, n’en est pas moins précieux. Ainsi l’humanité a progressé dans sa connaissance du monde, même s’il lui en reste toujours autant à apprendre ; les leçons que nous devons tirer du passé ne sont pas contenues dans les théories que l’expérience a réfutées, et qui n’ont plus qu’un intérêt archéologique, mais dans les méthodes qu’ont utilisées les chercheurs, la façon dont ils ont formulé leurs questions, l’exemple qu’ils ont donné par leur volonté et leur courage.

Sur certains domaines que l’on peut juger des plus importants, l’expérience n’a cependant rien pu nous apprendre : les questions que pose le destin de l’âme après la mort, auxquelles chaque religion répond à sa façon (par le jugement dernier, par la transmigration etc.) échappent à son emprise. Pourtant elles ne sont pas négligeables, et les réponses qu’on leur apporte déterminent certaines des valeurs que l’être humain entend promouvoir. Ici s’ouvre le vaste domaine de la réflexion religieuse. Il échappe au verdict de l’expérience, mais ce serait de la part des religions un abus d’autorité que de refuser les enseignements de celle-ci dans les domaines où elle peut effectivement trancher. Les religieux qui se croient autorisés, au nom de leur dogme, à refuser le respect dû à tout être humain, blasphèment la foi dont ils se réclament.

*  *

L’économie, science de l’efficacité, doit sortir de l’individualisme méthodologique qui a permis une première formulation du but que l’efficacité doit servir. Elle doit se mettre au service de la démarche expérimentale et de l’humanisme, au service de l’effort de connaissance et de la qualité des rapports humains. Il s’agit là, évidemment, d’une révision de ses priorités. Est-elle irréaliste ?

Pour répondre à cette question, considérons l’économie actuelle. Si la fonction de production de nos économies a été transformée, c’est dû moins à des aménagements de l’organisation et du financement des entreprises qu’au nouveau rapport à la nature permis par des découvertes en microélectronique – et demain peut-être en biologie. La cohabitation de spécialités diverses de plus en plus « pointues » dans nos entreprises suppose que les spécialistes sachent s’écouter mutuellement, se respecter, et non plus se regrouper en corporations défensives.

Ainsi les démarches qui s’appuient sur le respect de l’autre et sur le respect de la nature sont efficaces. Que des prédateurs parviennent à s’enrichir en détruisant des ressources naturelles ne contredit pas cette affirmation, pas plus que le prétendu « réalisme » de ceux pour qui il n’y a pas d’efficacité sans violence : la théorie économique, qui postule l’échange équilibré, exclut par hypothèse la prédation comme la violence.


[1] Pour éviter un des contresens que provoque la « political correctness » je précise que le mot « sage », étant du genre neutre, désigne des personnes des deux sexes.
[2] Lorsque je cite pour la première fois un mot chinois je l’écris d’abord en pinyin en marquant les accents, puis j’écris le ou les idéogrammes,  enfin j’indique si besoin est sa prononciation en français.
[3] Dans shēng , « sagesse », on voit en haut à gauche l’idéogramme ěr , «  oreille » : le sage est celui qui écoute.
[4] Nous nous appuyons ici sur les travaux du philosophe François Jullien (1951-) dont nous citerons plusieurs ouvrages, de l’historien des sciences Joseph Needham (1900-1995) (Science and Civilisation in China) et de l’anthropologue Robert van Gulik (1910-1967) (La vie sexuelle dans la Chine ancienne, 1987), qui ont ouvert à l’Occident le continent de la pensée et de la science chinoises.
[5] François Jullien (1951-), Traité de l'efficacité, Grasset, 1997
[6] Sūn Zǐ (IVème siècle avant JC) ( , prononcer Sun Dze), Bīng Fǎ ( , prononcer Ping Fa), L’art de la guerre
[7] Le Huu Khoa, "La visée de l'effet dans l'art militaire vietnamien", in Dépayser la pensée, Les empêcheurs de penser en rond 2003, p. 60.
[8] Pierre Charron (1541-1603), De la Sagesse, 1601
[9] Teilhard de Chardin était jésuite et une grande partie de sa carrière s’est déroulée en Chine. Son œuvre porte discrètement, mais visiblement, la trace de l'influence de la Chine.
[10] François Jullien (1951-), Fonder la morale, Grasset 1995.
[11] Joseph Needham a admiré l’apport du taoïsme à la science et plus généralement à la pensée : « The Taoists had much to teach the world, and even though Taoism as an organised religion is dying or dead, perhaps the future belongs to their philosophy » (Science and Civilisation in China, vol. 2, p. 152).