Nous sommes efficaces, mais
quel est notre but ? Nous avons voulu le bien-être.
Nous l'avons, au moins dans les classes moyennes des pays riches. Maintenant nous
ne savons plus que faire.
Nos ancêtres avaient vécu dans la
pauvreté, sinon dans la misère. Notre culture a gardé la trace de leur peur
de manquer. Pour compenser cette angoisse millénaire, nous nous sommes gavés.
La suralimentation et l'excès de repos ont déformé nos corps. Pour apaiser notre peur de
la mort nous nous gaspillons dans le divertissement médiatique, dans la course
dérisoire au pouvoir. La planète elle-même souffre d'obésité : les gaz dont nous
avons chargé l'atmosphère provoquent un bouleversement du climat tandis que les
ressources naturelles s'épuisent.
La question du but, si
profonde qu'elle soit, n'est pas des plus difficiles. Les valeurs qui
donnent son sens à la vie peuvent s'énoncer simplement. Mais il n'est pas facile de les mettre en oeuvre : comme au jeu de go
si les règles sont
simples, les parties ne le sont pas. Le but n'est pas en effet de
ceux que l'on puisse atteindre. Le viser nous oriente : le sens de la vie
réside dans cette orientation.
* *
Pourquoi un site
consacré pour l'essentiel au système d'information accorde-t-il une place
à des questions philosophiques ?
L'entreprise n'est
pas seulement un être économique ou financier. Chacun lui consacre son temps de
travail, son action, qu'il s'agisse de produire, d'organiser ou de concevoir. Dans
l'entreprise se noue le rapport entre l'humanité et la nature ainsi que le rapport entre
les êtres humains eux-mêmes. Ces rapports sont encadrés par une sociologie
spécifique et aussi par la sémantique que le système d'information concrétise.
Les illogismes,
inconséquences et incohérences que l'on rencontre dans le système d'information
ont leur raison, si l'on peut dire, dans des conceptions philosophiques ou
métaphysiques diffuses et d'autant plus prégnantes qu'elles
sont moins maîtrisées. La maîtrise du système d'information, et à travers lui de
notre action, passe donc par l'élucidation de la philosophie "à l'oeuvre", cette
philosophie non critique qui détermine nos valeurs et nos buts.
* *
J'ai sans doute
franchi ici quelques-unes des bornes de la "political correctness"
ainsi que celles, si respectées en France, de la "cultural correctness". J'ai obéi ainsi à un impératif moral : si
chacun doit être infiniment modeste devant un monde dont la connaissance restera
toujours hypothétique, il ne faut jamais se laisser intimider, fût-ce par ceux
qui prônent la "liberté de pensée" à condition que la pensée soit dépourvue de
toute structure.
* *
NB : Cette série reprend, en les
corrigeant et complétant, certains travaux déjà publiés.
La science économique et la
question du but
Brève histoire de l'individualisme
Culte de l'apparence
Culte de l'émotion
Culte de l’abstrait
Médiatisation des rapports
Fonder l'humanisme en
raison
A la
recherche de notre humanité
A la
découverte du Mal
Pratique
du respect
Penser le monde
Monde de
la nature
Monde de
la pensée
Monde de l'action
Complication de
la pensée
Piège
de l'idéologie
Qu'est-ce qu'un sage ?
Qu'est-ce qu'un philosophe ?
Éloge de la fadeur
La propension des choses
Le Zhong Yong
Concept, processus et symbole
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