L’humanisme est trop
souvent sentimental ; il se dégrade alors en un « humanitarisme » à la
générosité purement verbale. Le souci de l’égalité conduit trop souvent à
nier, malgré l’évidence, les différences entre les cultures comme entre les
personnes. Cependant on peut, si l’on se
libère du sentimentalisme et des émotions pour considérer ces deux notions avec
la rigueur qu’elles méritent, constater qu’elles se fécondent mutuellement.
Pour dire que les êtres humains
sont égaux, en effet, il faut dégager ce qu’ils ont en commun. Or c’est très facile à
trouver : c’est l’humanité elle-même, que chacun d’entre eux possède en
entier et qu’ils partagent tous, de même qu’ils ont tous un égal accès à la
nature.
Nous ne sommes égaux, convenons
en, ni par la maturité, ni par le talent, ni par la science, ni par la force
physique ou la beauté ; mais nous sommes tous des êtres humains.
A la
recherche de notre humanité
A la
découverte du Mal
Pratique
du respect
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Le respect s’impose comme forme
rationnelle du rapport entre les êtres humains. Alors que l’égalité tend à nier
ou à niveler les différences, le respect les surmonte sans les supprimer. Il les
assume de façon positive : toute différence individuelle ou culturelle manifeste
la richesse potentielle de notre humanité.
Si nous regardons autour de
nous, nous constatons cependant que les personnes les plus admirées et les
valeurs les plus recommandées vont au rebours du respect. Napoléon, qui se crut
appelé à dominer l’univers,
a suscité des admirations et des fidélités innombrables ; Talleyrand qui, au
congrès de Vienne, fit en sorte que l’Europe reste en paix pendant cinquante
ans, est par contre souvent méprisé. Dans la politique, dans les entreprises, on
confond violence et énergie ; les pervers qui prennent plaisir à faire souffrir
les autres désirent et obtiennent les fonctions de commandement où leur vice
peut s’épanouir ; des polichinelles « religieux » appellent au sacrifice humain
et au meurtre.
Nous sommes dans une de ces
périodes sombres où il faut préserver les semences de sagesse pour qu'elles
puissent porter leurs fruits lors de jours meilleurs.
Mutatis mutandis,
on retrouve aujourd'hui l'ambiance que la France a connue pendant l'occupation
allemande : un tunnel long, noir, à la durée indéfinie, à l'atmosphère
étouffante, où les rapports humains sont écrasés par la force mécanique que
manient des hommes endoctrinés au point d'être eux-mêmes devenus comme des
machines. On observera que la doctrine militaire américaine, inspirée de Jomini,
réduit le stratège au rôle d’un automate,
ou plus exactement de porte-voix de l’ordinateur. Mais un tel stratège sera démuni
s'il est confronté à des incertitudes…
Si la voie de la paix au
Moyen-Orient est claire - c'est celle du respect envers l'autre, condition
préliminaire à tout dialogue - il est peu vraisemblable qu'elle soit suivie dans
les années qui viennent tant on a été loin dans le mépris, tant sont lourds les
comptes à régler. Selon toute vraisemblance le déroulement mécanique des
événements et des rapports de force conduit à la catastrophe. La conjonction des
pulsions suicidaires et de la puissance des armes rapproche l'échéance de la
disparition de notre espèce. La barbarie, déguisée en énergie et en justice,
nous adresse ses sourires séducteurs. Nous ne pouvons que faire notre possible,
chacun avec ses pauvres moyens, pour nous y opposer en dénonçant les
blasphémateurs et en appelant, quelles que soient les fautes commises, au
respect mutuel.
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