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Bling-bling

19 février 2008

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Pour lire un peu plus :

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Le triangle médiatique
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Prédation et prédateurs
-
L'ultra-modernité

« Bling-bling » est une onomatopée du bruit que font, s’entrechoquant quand elle bouge, les bijoux d’une personne opulente. Les néologismes ne sont pas tous utiles. Celui-ci l’est éminemment.

*     *

La mode adulait le petit milieu où l'on dispose de bateaux de croisière et d’avions à réaction privés, où l'on porte des vêtements et objets d’un luxe coûteux et voyant, où l'on est fier d’avoir de gros revenus. Traders speedés à la cocaïne, dealers de quartier à la voiture rapide, dirigeants surpayés : les prédateurs avaient la cote.

Le père et la mère de famille, le travailleur consciencieux, étaient méprisés parce que banals : il convenait d'être « déjanté », « foutraque », « insolite », « perturbé » etc. Mais trop de contraste tue le contraste : cette accumulation d’originalités produisait de la monotonie. Pour s'en sortir, on ne savait pourtant que réclamer davantage encore d’originalité…

*     *

Avec « bling-bling » la mode se retourne : pour découvrir le ridicule, voire l’odieux, de comportements que l’on admirait tant hier, il a suffi de leur accoler un adjectif .

Va-t-on donc découvrir la valeur du travail consciencieux et discret, de la vie de famille équilibrée ? Va-t-on pouvoir savourer les choses que l’on a crues fades parce qu’elles sont simples et quotidiennes ? Saurons-nous cultiver nos plaisirs au lieu de chercher à briller aux yeux d’autrui, à l’épater par notre étrangeté ?

Les Français, disait Stendhal, n’obéissent qu’à la peur du ridicule. "Bling-bling" les oriente dans une direction raisonnable.