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Eurostat : suite et (presque) fin

8 octobre 2004


Liens utiles

- La statistique européenne va-t-elle disparaître ?
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Eurostat : une "affaire" peut en cacher une autre
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Le Système Statistique Européen
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Lettre de l'OLAF

Comme je m’y attendais, la fameuse « affaire » Eurostat commence à se dégonfler. Photis Nanopoulos, directeur démis de ses fonctions, a reçu de l’Office de Lutte Anti-Fraude de la Commission (OLAF) une « notification de clôture d’enquête sans suite ».

Nanopoulos a dû se battre pendant un an pour prouver son innocence : une procédure illogique, mais trop courante, a fait porter par l’accusé la charge de la preuve. L’OLAF ne lui présente aucune excuse et ne lui propose aucun dédommagement. Le rapport sera, conformément au règlement, « adressé au Secrétaire Général de la Commission » mais l’intéressé n’en aura jamais eu connaissance.

A toute personne réfléchie ces méthodes inspirent l’horreur. Certains y voient le mauvais côté de la démocratie : c’est là une idée radicalement fausse. L’arbitraire n’est en rien conforme à la démocratie dont l'esprit exige, au contraire, que la justice fasse porter par l’accusation la charge de la preuve et communique à l’inculpé[1] les rapports sur lesquels elle s’appuie. Il exige aussi que l’accusateur dédommage la personne qui a souffert des conséquences d’une accusation infondée.

J’ajoute que dans une société vraiment démocratique on ne tolèrerait pas les accusations portées à la légère. On ne dirait jamais « qu’il n’y a pas de fumée sans feu ». On ne laisserait pas la presse dévorer ceux qui, hasard ou imprudence, se sont fait happer par la mécanique judiciaire. Les journaux accorderaient autant de place aux non-lieux qu’aux accusations.

*  *

Dans cette affaire la Commission ne s’est pas illustrée. Lorsque la presse a fait monter le soufflé il aurait suffi d’un peu de courage à Romano Prodi pour remettre les choses dans leur exacte proportion et calmer le Parlement. Il a préféré sacrifier des boucs émissaires.

Les statisticiens ne se sont pas illustrés non plus. Ils savent ce qu’il en est et respectent le travail qu’a réalisé Eurostat mais ils se sont tus par crainte d’être accusés de corporatisme, parce que certains d’entre eux croient « qu'il n’y a pas de fumée sans feu », et aussi parce qu'ils ont peur de la Commission.

*  *

Il reste des questions : qui a intérêt à démolir la statistique européenne ? Qui a été l'instigateur de la manoeuvre qui a si bien réussi ? On peut craindre que cette affaire-là, qui est la véritable affaire Eurostat, ne soit jamais instruite.


[1] L’expression « mis en examen » me paraît hypocrite, tout comme l’adjectif « présumé ». Le respect de la présomption d’innocence exige davantage que ces tics verbaux, officiels sans doute mais un peu ridicules.