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Jeunes et « jeunes »

15 janvier 2006

Pour lire un peu plus :

- Qu’est-ce qu’un « jeune » ?
- Notre langue maternelle
- Pratique du respect

Lorsque des voyous attaquent les passagers d’un train, on dit qu’il s’agit de « jeunes ». Je suppose que ce langage est politiquement correct : on veut éviter tout terme désobligeant, « voyou » en l’occurrence, fût-il exact. On veut ne pas faire comme Nicolas Sarkozy dont le « racaille » a tant choqué.

Mais on provoque ainsi un dommage plus grave que la blessure d’amour-propre qu’un voyou risquerait de ressentir quand on le qualifie de voyou : en échangeant « voyou » pour « jeune », on incite les adultes à voir dans tout jeune un voyou en puissance, sinon en acte. Or si depuis toujours la plupart des voyous sont des jeunes, il est certain que les jeunes ne sont pas tous des voyous.

*   *

Le racisme est une maladie mentale, et elle provoque un dysfonctionnement du raisonnement. Confronté à un individu, le raciste réduit celui-ci à une des catégories auxquelles cet individu appartient et dans laquelle il voit la source de tous les maux. La catégorie douteuse de « race » a fourni à ce mot son étymologie, mais sa portée est plus étendue : certains sont racistes envers les fonctionnaires, d’autres le sont envers les Américains, les énarques, les immigrés ; notre histoire a été marquée, à diverses époques, par le racisme envers les aristocrates, les juifs, les ouvriers etc. Ceux qui font aujourd’hui circuler le jeton catégoriel des « jeunes » se rendent complices de l’un de ces racismes.

Il est pourtant évident que réduire un individu à une catégorie, c’est plaquer sur la complexité de l’être humain une grille des plus grossières ; c’est, en fait, refuser de considérer cet individu-là en tant qu’individu, et donc commettre une faute à la fois contre la logique et contre la nature.

L’adulte qui déteste les « jeunes » ne pourra pas voir que certains adolescents portent l’étincelle du génie ; le jeune qui déteste les « vieux » ignorera que certains adultes sont loin devant sur le chemin de la sagesse, et du bonheur auquel chacun aspire...

*   *

Lorsque j’étais jeune nous étions mal vus : très peu d’adultes étaient prêts à converser avec nous d’égal à égal, à s’efforcer de comprendre ce que nous essayions de dire. Nous n’étions pas respectés.

Je ne voudrais pas, étant maintenant un adulte et peut-être même un « vieux », manifester envers les jeunes l’irrespect qui m’a tant fait souffrir quand j’avais leur âge.

Écoutons Georges Brassens :

Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan.