On peut aimer son pays, être fier de lui
appartenir - je suis heureux d'être français - sans être pour autant
nationaliste, sans cultiver le ressentiment et le mépris envers les autres pays.
Le nationalisme, étant le comble de la
lâcheté et de la trahison, se présente naturellement comme le comble du
courage et de la fidélité. Beaucoup de personnes en sont dupes.
* *
Tout être humain a besoin, pour se
développer, d'une relation équilibrée avec autrui : celui qui s'enferme dans son
Moi se mutile, car c'est par l'échange que l'on devient soi-même.
Il en est de même pour les nations : elles
se nourrissent mutuellement, celle qui s'isole s'étiolera.
Que serions-nous, nous autres Français, sans
l'apport italien (peinture et architecture), espagnol (théâtre et littérature),
allemand (philosophie et musique), britannique (littérature, industrie et
économie), russe (musique, chorégraphie et littérature), américain (littérature,
ingénierie et informatique) etc. ?
Ces apports, nous les avons assimilés. Ils
font partie de nous-mêmes. Les apports celte, latin, grec, juif et arabe, plus anciens, nous sont plus intimes encore.
En retour, nous avons beaucoup apporté aux
autres nations. Nous avons encore beaucoup à leur apporter, à condition que nous
soyons conscients de ce que nous sommes.
* *
Tout comme le fanatisme religieux blasphème
la foi qu'il prétend pratiquer, le nationalisme blasphème la nation qu'il
prétend servir. En cultivant le ressentiment et la haine il coupe le flux qui,
confrontant à autrui, incite à connaître ses propres racines, à comprendre qui
l'on est.
Le type le plus achevé de nationalisme a
été apporté par le parti national-socialiste allemand (voir
Histoire d'un Allemand). Ayant conduit
l'Allemagne à la catastrophe, et avant de se suicider, Hitler a donné des
ordres visant à supprimer la population allemande qui, selon lui, ne devait
pas survivre à la défaite (voir La
Chute).
Il a révélé ainsi ce qu'il était, une fois
passée l'heure de l'éloquence, des hymnes et des drapeaux : un lâche et un traître à
l'Allemagne. Il a dévoilé la vraie nature, suicidaire, du
nationalisme.
On retrouve cette même pulsion suicidaire chez
les fiers-à-bras qui ne parlent que force et puissance et, se disant défenseurs
du Bien, identifient au Mal quiconque ne se plie pas à
leur volonté.
|